- LE TEMPS - Tous - 24/Jun 16:13

SOS, ma commune vaudoise a besoin d’aide

ÉDITORIAL. La démocratie locale vaudoise vacille. Suspensions, démissions, tensions: les communes sont secouées par une vague de crises. A Prilly, Perroy ou Yverdon, la collégialité s’effrite et le compromis helvétique semble céder sous la pression des ego, des clivages et d’une époque plus brutaleUn vent de révolte souffle sur les communes vaudoises. Il y a un mois, les quelque 1600 habitants de Perroy décidaient, à près de 95% des voix, de révoquer leur syndic. Une première en Suisse. Cette semaine, c’est au tour du municipal de Prilly Ihsan Kurt d’être suspendu de ses fonctions, avec effet immédiat, par le Conseil d’Etat. La ville de l’Ouest lausannois justifie cette mesure par des «attitudes qui ne sont pas admissibles, ainsi que des propos inappropriés».Le principal intéressé regrette ses paroles et ses actes, mais trouve la mesure disproportionnée. Il fait pourtant l’objet d’une plainte pénale, vraisemblablement déposée par le syndic. Les élections communales de 2026 approchant à grands pas, cette affaire devrait se régler lors d’un scrutin ordinaire. C’est du moins ce qu’espèrent les municipaux de Prilly.Lire aussi: Villages romands cherchent pilotes désespérément Difficile de créer un parallèle entre toutes ces situations. Dans bon nombre de cas, les scénarios diffèrent. Toutefois, une tendance de fond semble se dessiner: la culture du compromis et de la collégialité s’effrite. Autre exemple, Yverdon. La capitale du Nord vaudois enchaîne les polémiques et son syndic, Pierre Dessemontet, a annoncé récemment son souhait de vouloir tirer la prise après seulement une législature au plus haut poste de la commune.L’élu socialiste dénonce, lui aussi, un climat «plus dur et polarisé» dans lequel il ne se «retrouve plus». Et il n’est pas le seul. Une année et demie après le début de la législature 2021-2026, Le Temps révélait que 161 membres d’exécutifs avaient déjà quitté leur fonction prématurément. Pour aller plus loin Tous nos articles sur Perroy et son syndic Publié le 18 mars 2025 à 17:30. / Modifié le 19 mai 2025 à 17:06. Lire aussi: Les habitants de Perroy auront le dernier mot sur la révocation de leur syndicLe détail sur les désaccords: A Perroy, le maelstrom continue autour du château et de sa fermeNouvelle pièce au dossier: Le syndic de Perroy accusé d’avoir vendangé illégalementContre la votation: Imbroglio à Perroy: le syndic fait recours au Tribunal fédéralPour approfondir: Sur La Côte vaudoise, le village de Perroy déclasse ClochemerleLire encore: A Perroy, la population pourrait être amenée à se prononcer sur la révocation du syndic Les chiffres sont inquiétants et révèlent un malaise plus profond. Les fronts ont tendance à se durcir partout, y compris dans les bourgades jadis paisibles, où la politique n’est pas partisane. Les intérêts privés ou les plans de carrière passent trop souvent avant les préoccupations des citoyens jadis reconnaissants, aujourd’hui exigeants consommateurs de prestations publiques. Les collèges se retrouvent aussi régulièrement avec des élus qui n’ont pas mesuré l’épaisseur du costume et qui peinent à nouer des majorités.L’art du compromis helvétique, du dialogue et de la collégialité est mis à rude épreuve. A Prilly, beaucoup de critiques ont été orientées, à la base, vers le syndic Alain Gilliéron, aux méthodes à l’ancienne et au ton autoritaire. Il se trouve que, cette fois, c’est un socialiste qui est épinglé par le gouvernement vaudois. Impossible de faire porter la faute aux extrêmes. La remise en question doit être générale. Chacun devra balayer devant sa porte s’il entend pouvoir gouverner sur la durée. Lire aussi: Pluie de démissions dans les municipalités vaudoises