- LE TEMPS - Tous - 23/Jun 07:27

Sous les reflets du monde

Du 15 juin au 16 novembre 2025, la Fondation Opale (Lens/Crans-Montana) présente «Sous les reflets du monde», exposition consacrée à deux personnalités marquantes de la peinture contemporaine: l’artiste aborigène australienne Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori (1924-2015) et le peintre américain Forrest Clemenger Bess (1911-1977). Séparés par les océans, ces deux artistes partagent pourtant une même capacité à faire émerger les reflets de mondes intérieurs, cachés sous la surface du visibleSally Gabori et Forrest Bess, deux autodidactes aux parcours et contextes radicalement différents, ont exploré à travers la peinture des visions du monde personnelles. Leurs œuvres, vibrantes et imprégnées de symbolisme, témoignent d’une connexion indissociable entre la mémoire, l’identité et le paysage. Orchestrée par le curateur Samuel Gross à partir d’une cinquantaine d’œuvres, cette exposition propose un dialogue inédit, révélant les parallèles surprenants entre leurs pratiques respectives. Cette exposition permet à chacun·e de percevoir que la peinture est un des espaces possibles de l’expression poétique de notre identité. Samuel Gross Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori (1924-2015) Dibirdibi Country, 2010 Peinture synthétique polymère sur toile de lin | Synthetic polymer paint on linen. — © Sally Gabori/Copyright Agency/2025, ProLitteris, Zurich, Photo : Vincent Girier Dufournier Née vers 1924 sur l’île Bentinck, dans le golfe de Carpentarie, Sally Gabori est membre du peuple kaiadilt, dont les terres et les savoirs sont intimement liés à cette région marine du nord-est de l’Australie. Arrachée à son île natale dans les années 1940 à la suite d’un cyclone dévastateur, elle est déplacée sur l’île Mornington, où elle vivra jusqu’à sa mort en 2015. Ce n’est qu’à l’âge de 81 ans que Sally Gabori commence à peindre: elle réalise de puissants aplats de couleur sur d’immenses toiles, d’un geste énergique et spontané, transposant ainsi son attachement à son territoire d’origine. Son style tout à fait singulier, très éloigné des autres formes de peinture aborigène, constitue une véritable révolution visuelle. En quelques années, elle produit plus de 2000 œuvres. Chaque toile évoque des parcelles de territoire de l’île Bentinck qui lui sont chères ou qu’elle associe à un membre de sa famille.Aux antipodes géographiques, mais partageant une approche tout aussi introspective, Forrest Bess a développé une iconographie énigmatique inspirée de ses propres visions et recherches spirituelles. Né en 1911 à Bay City, sur la côte du golfe du Mexique, il gagne sa vie comme pêcheur et peint. Ses tableaux, de petits formats, peuvent être perçus comme abstraits, mais sont pourtant chargés de symboles issus d’un vocabulaire qui lui est propre. Il y représente ses visions et motifs rêvés, qu’il interprète en s’appuyant sur des concepts théoriques, formant un langage pictural unique. Il développe ainsi une œuvre singulière à la lisière de l’art, de la philosophie et de la spiritualité. Forrest Bess (1911-1977) Sign of Man, 1949 Huile sur toile | Oil on canvas — © The Museum of Fine Arts, Houston, Museum purchase funded by the Caroline Wiess Law Accessions Endowment. 2019.26 Sous les reflets du monde explore ainsi les multiples façons dont Sally Gabori et Forrest Bess abordent le visible et l’invisible, le micro et le macro, l’intime et le cosmique. Les formes codées de Forrest Bess rencontrent les cartographies mémorielles de Sally Gabori, et les deux œuvres questionnent ce qui échappe au regard: les souvenirs, les sensations et les présences invisibles. L’EXPOSITIONExposition «Sous les reflets du monde» du 15 juin au 16 novembre 2025.Le curateur invité: Samuel Gross, né en 1976, est curateur responsable du secteur des expositions du MAH (Musée d’art et d’histoire) de Genève, où il participe à la réflexion lancée sur le futur du musée et les formats de sa programmation. Il a été le curateur de l’Institut suisse de Rome (2016-2020). Auparavant, il a travaillé à la Fondation Speerstra, à Apples, en tant que directeur (2012-2014), à la Galerie Evergreene, Genève, en tant que directeur artistique (2007-2012) et au Mamco, Genève, en tant qu’assistant (2004-2007). Il a obtenu son master en histoire de l’art de l’Université de Genève en 2001.Centre d’art ouvert du mercredi au dimanche, de 10:00 à 18:00.Restaurant L'Opale ouvert du mardi au samedi, de 9:30 à 21:00, le dimanche de 9:30 à 19:00 Inaugurée en décembre 2018, la Fondation Opale est l’unique centre d’art contemporain dédié au rayonnement de l’art autochtone australien en Europe. — © nicolas sedlatchek