Pourquoi maintenant? Parce que c’était le dernier moment, affirme Israël. L'Iran a-t-il joué avec le feu? Il a en tout cas sous-estimé la...
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Pourquoi maintenant? Parce que c’était le dernier moment, affirme Israël. L'Iran a-t-il joué avec le feu? Il a en tout cas sous-estimé la menace. Le programme nucléaire iranien est-il détruit? Pas encore. Que peut faire l’Iran? Pas grand-chose. La rue iranienne va-t-elle se soulever? C’est peu probable. Les Etats-Unis vont-ils se laisser embarquer dans cette guerre? Tout dépend de la riposte iranienne. Réponses plus complètes dans l'article.C’est une attaque d’une ampleur considérable qu’a lancée Israël contre l’Iran dans la nuit de jeudi à vendredi 13 juin 2025, et qui s’est poursuivie toute la journée de vendredi. Plus de deux cents avions de chasse de l’Etat hébreu ont visé des sites nucléaires, des bases militaires ainsi que les résidences de plusieurs hauts gradés iraniens et de scientifiques impliqués dans le programme nucléaire. Et cela dans plus d’une quinzaine de villes d’Iran. A l'aube de samedi 14 juin, les batteries de défense aérienne iraniennes tiraient sans discontinuer dans le quartier Pasteur à Téhéran, où réside le Guide suprême Ali Khamenei et où se trouve la résidence du président Massoud Pezechkian, ont déclaré des habitants cités par le New York Times.Israël affirme avoir agi maintenant parce que l'Iran avait «accéléré» ses efforts pour se doter de la bombe atomique. Je reste sceptique. Je pense plutôt qu'Israël a vu là une occasion en or pour frapper.Car l’offensive prend l’Iran en situation de grande faiblesse et constitue une humiliation majeure pour la République islamique. Ce qui ne signifie pas la fin du régime, malgré les incantations de Benyamin Nétanyahou à la «libération» des Iraniens. «C'est l'occasion pour vous de vous lever et de faire entendre votre voix», leur a-t-il dit en anglais et en persan. Au pouvoir depuis 46 ans, les ayatollahs, en particulier le premier d’entre eux, le Guide suprême Ali Khamenei, 86 ans, n’ont qu’une obsession: se maintenir au sommet de l’Etat coûte que coûte. Peu importe qu’il faille réprimer dans le sang les mouvements de contestations internes ou faire des concessions majeures sur le plan international, comme de lâcher le régime allié qu’était la Syrie de Bachar al-Assad. La survie du régime, Ali Khamenei y pense tous les matins, même sans se raser. Assurance-vie L’arme nucléaire était pour lui et ses pairs l’assurance-vie ultime. Les frappes israéliennes en retardent la fabrication – ou la rendent inaccessible, leur impact précis n’ayant pas encore pu être évalué. Mais ce régime impopulaire n’a pas eu besoin de la bombe pour s’imposer après la Révolution islamique de 1979; sa résilience en a surpris plus d’un. Un immeuble des quartiers chics du nord de Téhéran, frappé par l'aviation israélienne. EPA/ABEDIN TAHERKENAREH L’objectif immédiat de l’Iran semble être une réponse qui ne vise qu’Israël, afin d’éviter que les Etats-Unis ne prêtent main forte à l’Etat hébreu.Pour faire le tour des enjeux considérables et sans précédent qu’impliquent les derniers développements, voici six questions auxquelles je tente de répondre. Je m’appuie pour cela sur ma connaissance de l’Iran, où j’ai vécu et travaillé pendant quatre ans, même si je n’ai pas été autorisé à y retourner récemment. 1. Pourquoi maintenant? Parce que c’était le dernier moment, affirme Israël. Le chef d'état-major de l'armée israélienne, Eyal Zamir, a déclaré que le développement de l’arme nucléaire par l’Iran avait «atteint le point de non-retour». De fait, l’Iran dispose de 400 kilos d’uranium enrichi à 60%, ce qui le plaçait jusqu’à la nuit de jeudi à vendredi à trois jours d’enrichissement pour atteindre 90%, le taux requis pour une arme nucléaire. Cependant, il fallait encore deux ans de travail pour miniaturiser ce matériel et l’installer sur une dizaine de missiles balistiques Qassem Basir, ayant une portée de 1200 km et une technologie qui permettrait, selon Téhéran, de déjouer le Dôme de fer israélien et le système américain de défense antimissile à haute altitude (THAAD). Pour Benyamin Nétanyahou, cela constituait une «menace existentielle» pour l’Etat hébreu.En vérité, la République islamique considère plutôt l’arme atomique comme une garantie d’inviolabilité de son territoire. Pour Israël, l’attaque représentait sans doute le dernier moment pour frapper avant que l’Iran ne soit trop protégé. Par ailleurs, de nombreux systèmes iraniens de défense anti-aériennes avaient été détruits par Israël lors du raid précédent, en octobre 2024.On ne peut pas non plus exclure des arrière-pensées politiques de la part du Premier ministre israélien, qui n’a eu de cesse de mener des opérations militaires extérieures contre les ennemis déclarés d’Israël – à Gaza, au Liban, en Syrie, au Yémen –, ce qui a pour effet de diluer les critiques au plan domestique tout en s’assurant le soutien de ses alliés d’extrême droite, indispensables pour conserver sa majorité à la Knesset. En allumant la mèche avec l’Iran, l’opération «Rising Lion» a aussi l’avantage de détourner l’attention de la communauté internationale des opérations en cours à Gaza, qui ont valu à Israël un regain de réactions outrées et de menaces de ruptures d’alliance ces dernières semaines.Quant au choix de la fenêtre de tir, il s’avère que la date était favorable: le week-end, commencé jeudi, était férié pour trois jours à l'occasion de la fête chiite d'al-Ghadir. Le 6e tour de négociation avec les Américains devait avoir lieu dimanche. 2. L’Iran a-t-il joué avec le feu? Il a en tout cas sous-estimé la menace. Téhéran se réjouissait que Donald Trump ait désavoué Benyamin Nétanyahou en engageant dès le mois de mars avec l’Iran les négociations directes et de la dernière chance. Cinq réunions ont eu lieu, la plupart à Oman. Une sixième devait avoir lieu dimanche. Or les Iraniens sont des négociateurs hors pair, qui adorent l’exercice et rendent fous la plupart de leurs interlocuteurs, comme ce fut le cas à Genève puis à Vienne entre 2013 et 2015.Il est possible que, tout au plaisir de discuter avec les Américains, les Iraniens se soient laissés endormir par un processus prometteur. Cela expliquerait que les plus importants généraux iraniens dormaient tranquillement dans leur lit la nuit de jeudi à vendredi, alors que les rumeurs de frappe commençaient à circuler. Dans ces discussions à Oman et Rome, les Iraniens avaient posé comme ligne rouge la poursuite de l’enrichissement d’uranium chez eux, y compris dans le cadre d’un consortium régional qui aurait alimenté en matériel fissible les pays du Golfe. Côté américain, le flou était maintenu sur l’exigence – ou non – de l’arrêt de l’enrichissement. 3. Le programme nucléaire iranien est-il détruit? Pas encore. Plusieurs sites nucléaires ont été ciblés – en surface, dit Téhéran. Le principal semble être le centre d’enrichissement d’uranium de Natanz, à 300 km au sud de Téhéran, qui abrite 14’000 centrifugeuses. Les images satellites et les analyses d'experts montrent que l'usine pilote d'enrichissement de combustible, où l'Iran produisait de l'uranium enrichi à près de 60 %, a été entièrement détruite. On y voit une cicatrice sombre ressemblant à un cratère. Et des vidéos prises à distance montrent des nuages de fumée noire. Un autre site près d’Ispahan semble avoir été touché, mais pas le plus gros dépôt de combustible nucléaire iranien enrichi qui se trouve là, sans doute pour éviter une large contamination, plutôt les laboratoires voisins qui travaillaient à la reconversion du gaz d'uranium en métal, l'une des dernières étapes de la fabrication d'une arme. De même, a été visé le site de Parchin, un complexe militaire au sud-est de la capitale où l'Iran a testé des explosifs pouvant servir de détonateurs pour des ogives nucléaires.Cependant, le dispositif iranien le plus stratégique, dont l’existence n’a été révélée qu’en 2009, est celui de Fordo, à 33 km au nord-est de la ville sainte de Qom, où 3000 centrifugeuses de dernière génération sont enterrées à 80 mètres sous le sommet d’une petite montagne. Le site a aussi été ciblé hier, mais superficiellement. Pour l’atteindre vraiment, au-delà du bâtiment d’entrée, en surface, l’armée israélienne aurait besoin de la «super bombe» américaine, la Massive Ordnance Penetrator (MOP), mise au point il y a une dizaine d’années et qui ne lui a pas été livrée.Après des assassinats ciblés de quatre physiciens nucléaires iraniens entre 2010 et 2020, Israël a éliminé lors des dernières frappes six autres scientifiques, dont Fereydoun Abbasi, ancien directeur de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique et Mohammad Mehdi Tehranji, physicien et président de l'Université islamique Azad à Téhéran. Cependant, la communauté scientifique iranienne compte des centaines d’ingénieurs et de physiciens capables de poursuivre le programme nucléaire. 4. Que peut faire l’Iran? Pas grand-chose, à part envoyer des missiles sur Israël, dont la plupart seront interceptés par le dispositif américain ou, en dernière minute, par le fameux «dôme de fer» israélien. Vendredi soir, malgré des dizaines de missiles envoyés par la République islamique sur l’Etat hébreu, seules sept explosions ont été constatées sur le sol israélien, à Tel Aviv en particulier, tuant une femme et blessant une soixantaine de personnes (de leur côté, les Iraniens reconnaissaient vendredi soir 78 morts et 329 blessés). Les autres options de ripostes de Téhéran ont singulièrement diminué depuis quelques mois. Le Hezbollah au Liban est quasiment neutralisé, le régime ami de Bachar al-Assad est renversé, les Houthis du Yémen ont subi d’importants bombardements américains ces derniers mois. Outre Tel Aviv et Jérusalem, une cible possible pourrait être la ville israélienne de Dimona, dans le désert du Néguev, considérée comme la pièce maîtresse de la recherche militaire israélienne dans le domaine de l'atome. Une explosion vendredi 13 juin à Tel Aviv causée par un missile iranien. (AP Photo/Tomer Neuberg) L’Iran conserve toutefois une capacité de nuisance importante. Il lui serait facile de viser les bases américaines dans le Golfe, notamment au Bahreïn, au Qatar et à Abou Dhabi. Il peut également bloquer le détroit d’Ormuz, qui le sépare de Dubaï et où transite 20% du pétrole mondial. Mais ces deux actions seraient susceptibles de conduire les Etats-Unis à entrer dans la guerre, ce que Téhéran cherche à éviter à tout prix. De fait, il manque deux éléments américains à Israël pour des attaques encore plus puissantes: le ravitaillement en vol de ses avions de chasse, ce qui leur permettrait de mener des campagnes de bombardement encore plus intensives, et la fameuse «super bombe», pour percer la montagne et détruire le site de Fordo. 5. La rue iranienne va-t-elle se soulever? C’est peu probable. D’une part, l’appareil répressif du régime est intact et – pour être cynique – a parfaitement fonctionné pour écraser dans le sang les manifestations «Femme, vie, liberté» de 2022 et 2023, ainsi que de nombreux autres mouvements de protestations dans le pays qui n’ont pas retenu l’attention de la presse internationale. D’autre part, le régime a beau être très impopulaire, des frappes aussi massives sont susceptibles de souder la population autour de ses dirigeants, ou en tout cas de rallier aux ayatollahs les catégories moyennes, peu mobilisées dans la contestation. 6. Les Etats-Unis vont-ils se laisser embarquer dans cette guerre? Tout dépend de la riposte iranienne, qui a tout intérêt à ne cibler qu’Israël. L’Etat hébreu, de son côté, semble avoir carte blanche pour continuer ses frappes. Ses prochaines cibles pourraient inclure les terminaux pétroliers dans le Golfe persique, ce qui ferait perdre à l’Iran sa principale source de devises. La République islamique vend en effet à la Chine pour plus de 60 millions de dollars de pétrole par jour. Cependant, il fait peu de doute que l’opération «Rising Lion» bénéficie de la sympathie de la Maison-Blanche. Donald Trump a ainsi déclaré vendredi, à la chaîne ABC News: «Je pense que c’était excellent. Nous leur avons donné une chance et ils ne l’ont pas saisie. Ils ont été frappés aussi durement qu’on peut l’être. Et il y en aura d’autres. Beaucoup d’autres.» Avant de changer encore de narratif pour faire mine d’être en contrôle de la situation, sur son réseau Truth Social: «Il y a deux mois, j’ai donné à l’Iran un ultimatum de 60 jours pour conclure un accord. Ils auraient dû le faire! Aujourd’hui, on est au 61ᵉ jour. Maintenant il se pourrait qu’ils aient une seconde chance!»
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