C’est l’histoire d’un ingénieur que son confort ennuyait. Alors il s’est mis à souffrir, avec méthode, pour se sentir vivant. En quelques...
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Longtemps perçu comme une activité libre et naturelle, le trail s’est métamorphosé en un phénomène culturel de masse. Sport de nerds hyper équipés ou d’aventuriers déconnectés? Réservé aux ingénieurs, aux Parisiens, aux riches? Pratiqué majoritairement par des hommes, mais porté par des femmes d’exception? A la croisée de la passion pure et de la performance calibrée, le trail pose question: à qui appartient-il vraiment?Le trail est-il un sport de nerds? C’est possible. Bien sûr, il y a les esprits libres et aventuriers dans l’âme, qui courent libérés de montres connectées et d’objectifs finement calculés et monitorés. En face, il y a les nerds: ceux qui s’adonnent à leur sport équipés du meilleur matériel, contrôlant tous les paramètres de leurs efforts avec une précision confinant à la pathologie. Plans d'entraînements, de nutrition et de récupération optimisés, suivi de la masse musculaire, de la consommation de protéines, de la consommation de glucides, de la VO2max (la quantité maximale d'oxygène que l'organisme peut utiliser par unité de temps), des cycles du sommeil, de l’usure du matos, de que sais-je encore. Même Kilian Jornet, qui avait couru son premier UTMB en donnant l’impression d’être libre comme l’air, serait en réalité victime de la maladie du contrôle, suivi par des tableurs Excel détaillés et actualisés en permanence. Pas étonnant donc qu’il y ait beaucoup d’ingénieurs et de scientifiques parmi les top performers. Voyez plutôt: Courtney Dauwalter: biologiste. Kilian Jornet: STAPS, la filière universitaire pour les métiers du sport. Jim Walmsley: militaire. Blandine l’Hirondel: gynécologue-obstétricienne. Katie Schide: géomorphologue. Jasmin Paris: vétérinaire, fille de mathématicien. François d’Haene: kiné. Mathieu Blanchard: ingénieur. Vincent Bouillard, vainqueur de l’UTMB 2024: ingénieur. Scott Jurek: kiné. Ludovic Pommeret: ingénieur…Certaines courses sont même connues pour n’être susceptibles d’être terminées que par des scientifiques, comme la fameuse et curieuse Barkley (160 km en autonomie totale dans un circuit réputé pour perdre les coureurs – ou les rendre fous). Depuis sa création il y a trente ans, un seul coureur au profil non-scientifique en est venu à bout. Le trail est-il un sport de filles? Pas vraiment. Enfin le trail, oui, mais l’ultra-trail, non. On vous explique: sur les «courtes» distances, les femmes sont nombreuses à courir. Aux courses de la galaxie UTMB dont la distance est d’environ 20 km, les femmes représentent 45% des effectifs de départ. Plus les distances s’allongent, moins elles sont nombreuses. A 50 km, elles ne sont plus que 26%, pour tomber à 10% sur les courses de plus de 100 km. Notons aussi que c’est en Europe que les femmes courent le moins, et en Afrique qu’elles courent le plus. Sur le continent africain, les femmes représentent 42% des effectifs sur les courses de 50 km, 27% sur les courses de 100 km. Comment expliquer cela, quand on sait que les femmes sont pourtant des modèles d’endurance? Notons au passage que la légendaire Courtney Dauwalter court en moyenne trois heures de plus que le vainqueur de l’UTMB et cinq heures de plus que le vainqueur de la Hard Rock pour gagner la même course, mais que sur d’autres épreuves elle peut se rapprocher dangereusement des chronos des meilleurs hommes. Elles sont aussi des modèles d’adaptabilité: la traileuse Stéphanie Case n’a-t-elle pas gagné l’ultra-trail de Snowdonia cette année, seulement six mois après avoir accouché, tout en allaitant son bébé aux étapes de ravitaillement? Alors, pourquoi cette sous-représentation? Parce qu’elles auraient plus de mal à s’autoriser les longues sorties et les sacrifices familiaux consécutifs à la pratique de ce sport? Parce qu’elles n’auraient pas de partenaires suffisamment arrangeants pour prendre le relai à la maison? Parce que les exigences et difficultés de ce sport sont plus lourdes pour une femme (le passage au petit coin, les tracas des menstruations, les grossesses, le poids des seins, etc)? Un mélange de tout cela, probablement.Le trail est-il un sport de riches?Ça peut vite le devenir. Théoriquement, le trail devrait être le sport démocratique par excellence, ne requérant en principe pour sa pratique qu’un accès à la nature et une bonne paire de chaussures. Voire juste l’accès à la nature, vous diraient les Éthiopiens des haut-plateaux et les Tahumaras, ce peuple connu pour cavaler des heures durant pieds nus dans les montagnes centraméricaines. Rien à voir donc avec le ski ou le golf. Sauf que dans notre monde de performances, si on veut entrer dans le jeu de plus en plus sérieux du trail-running, il faut avoir de solides arrières financiers, ou un bon sponsor. Selon le traileur et blogueur Clément Huriez, le budget d’un amateur pourrait avoisiner les 6000 euros par an, dépensés en textile, chaussures (83% des traileurs utilisent au minimum deux paires par an), technologie (montres connectées, lampes frontales), nutrition, coaching, dossards (deux tiers participent à un minimum de quatre courses par an, où le prix du dossard varie entre 100 et 400 euros) et déplacements (plus de la moitié des traileurs voyagent à l’étranger pour leurs courses). Autrement dit, une petite fortune, que viendra gonfler encore le coût d’une course prestigieuse comme l’UTMB (comptez 439 euros pour le dossard), ou la Diagonale des Fous à la Réunion (compter 190 euros de dossard, entre 1500 et 2000 euros de voyage). Cela a-t-il toujours été aussi cher? Non bien sûr. Avant, tout était plus artisanal. Les courses, même prestigieuses, étaient principalement gérées par des associations de bénévoles, l’encadrement était approximatif, la quantité de coureurs et leurs attentes étaient bien moins élevées. Le trail est-il un sport de connards? C’est possible. D’abord, il y a cette manie qu’ont nombre de traileurs de poster leurs performances quotidiennes sur le réseau social Strava, histoire d’informer la «communauté» de leur discipline de leur détermination et de leur talent. Il y a aussi la manie du tee-shirt de «finisher», dont ils se revêtent pour parader en public et qui semble avoir remplacé, dans l’échelle des marqueurs sociaux, celui des hautes écoles de commerce.Ensuite il y a cette façon, lors d’une course, de mettre à nu leurs instincts les plus primitifs. Jugez plutôt: «Je me déteste quand je me vois en train de chasser un concurrent, mais parfois ça devient bestial», explique Alexandre Boucheix, petite star du trail et des réseaux sociaux où il est connu sous le nom de «Casquette verte». Il raconte ainsi comment, lors d’une course sans grand enjeu, il a « tué psychologiquement» le participant qui se trouvait juste devant lui «en lui soufflant dans la nuque» pendant de longues minutes, avant simuler un arrêt au ravitaillement et repartir de plus belle. Enfin, il y a cette inévitable tendance qu’a le traileur à faire passer ses priorités (souvent présentées comme des besoins) avant tout le reste. «J’ai raté le mariage de mon cousin pour l’UTMB, les septante ans de mon père pour une course de seconde catégorie, et j’ai négligé ma femme et mes enfants plus de fois que ma mémoire ne me l’autorise. Je ne crois pas avoir conservé d’amis qui ne soient eux aussi des coureurs. Mais ça valait le coup», a courageusement confessé le traileur Damian Hall. Le trail est-il un sport de Parisiens? Ça le devient. Il suffit de se balader dans les rues de la capitale pour voir que moult joggeurs sont désormais équipés montagne: lunettes spéciales de running, petit gilet de course qui stocke de l’eau et des barres énergétiques, et pourquoi pas une paire de bâtons, des fois qu’on croise un peu de dénivelé. Et que dire de ces courses qui se sont multipliées dans la région parisienne, éclipsant presque le marathon? A l’Ecotrail de Paris (cinq courses entre 10 et 83 km, pour un dénivelé positif maximum de 1200 m), ils sont passés de 1000 coureurs en 2008 à 14’500 cette année, les inscriptions affichant complet. Certains des traileurs les plus populaires sur les réseaux se revendiquent d’ailleurs parisiens, comme Casquette verte: aucune grosse victoire à son palmarès mais près de 200k abonnés sur Instagram. Le trail est-il un sport de fumistes? Grâce aux Strava jockeys, ça le devient pour certains. Ce phénomène, venu d’Indonésie, consiste, pour un coureur plus ou moins compétent, à courir à la place d’un autre afin que ce dernier puisse s’en attribuer les lauriers. La démarche est facile: le jockey part courir avec sa montre connectée puis vous transfère le fichier de sa course afin que vous puissiez l’importer sur votre propre compte Strava. Et hop, pour quelques milliers de roupies, ou désormais dizaines d’euros, vous avez une belle stat de course à partager avec vos followers, vos collègues de bureau, votre boss, voire votre femme qui vous rêve en mari sportif et fidèle alors qu’en réalité, vous courez plutôt les jupons. Difficile de savoir aujourd’hui combien de paresseux recourent à ce service, mais des offres circulent sur la toile, dans lesquelles les jockeys détaillent leur prix en fonction du nombre de kilomètres et de l’allure: une performance coûte évidemment plus cher qu’un poussif tour du quartier.
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