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À Nouakchott, dans la Moughataa de Riyad, non loin du carrefour Bamako, se cache un atelier pas comme les autres. De l’extérieur, rien ne laisse deviner que derrière cette porte vit une artiste dont les toiles bousculent, émeuvent, et murmurent des vérités longtemps tues. Dès qu’on y entre, le décor donne le ton : l’espace n’est ni parfait ni ordonné. Il est vivant. Il y a des toiles posées au mur, certaines encore inachevées, des pots de peinture ouverts, des pots de sable, des objets récupérés, l’odeur de la colle ou du tissu est partout. Sophia Diallo est née à Sebkha, l’un des quartiers les plus populaires de Nouakchott. Elle est d’origine guinéenne, mais sa nationalité, comme son ancrage, est mauritanienne. Elle s’appelle Sophia simplement Sophia, dit-elle, « Sophia à l’atelier ». Artiste peintre autodidacte, elle incarne l’éclosion d’une parole féminine forte, poétique, viscérale. « Même si je suis d’origine guinéenne, je me sens autant mauritanienne. Je suis née ici, j’ai grandi ici, et la culture mauritanienne fait partie de moi — dans ma façon de parler, de m’habiller, de créer. » Sophia est un trait d’union vivant entre deux terres, deux héritages, deux mémoires. Elle parle plusieurs langues : le pulaar (de Guinée et de Mauritanie), le Bambara, le français, et bien sûr le Hassaniya, cette langue de la rue et du cœur qui, dit-elle, « est une vraie influence sur mon art ». Mais son enfance, loin d’être un terreau propice à la création, fut marquée par le silence, la douleur, et le manque de confiance. « Ce n’était pas un endroit propice à la création. J’ai dû apprendre à m’accrocher, à rêver et à créer en silence. » Ce silence, elle le transfigure aujourd’hui sur toile, avec une puissance émotionnelle rare. Le déclic vers la peinture n’a pas été un luxe ou un jeu. C’était, comme elle le confie, « un besoin urgent de respirer, de me prendre en main, de savoir quoi faire de ma vie. L’art n’était pas un rêve joyeux, c’était une nécessité. » Autodidacte, elle explore une démarche libre, profondément spirituelle. Elle utilise la peinture, des objets réels, du sable, et parfois, le silence lui-même. Son style est difficile à enfermer dans des cases : abstrait parfois, brut toujours, il est le reflet d’un corps en résistance. Elle peint des femmes, souvent nues, pour parler de liberté, d’intimité, de douleurs anciennes. « Je parle de mémoire. Mon style est libre, toujours chargé d’émotions. » Parmi ses œuvres les plus puissantes, celle consacrée à Sarah Baartman cette femme africaine exhibée en Europe au XIXe siècle tient une place centrale. Elle la relie à son propre vécu. « Mon tableau Fardo est né d’une histoire personnelle, d’une douleur ancienne que peut connaître une femme dès son enfance, quand la douceur manque. » Elle utilise la matière comme on sculpte une vérité : le rouge pour la colère ou le sang, le blanc pour le silence, le noir pour l’invisible et la douleur. « Les formes naissent de ces émotions-là », précise-t-elle. Dans sa palette, rien n’est gratuit. Chaque élément est mémoire. Être femme artiste en Mauritanie n’est pas sans obstacles. Les regards sont lourds, les jugements parfois violents. « Les gens critiquent, jugent, et attendent toujours que tu fasses encore plus. Il faut une grande force intérieure, surtout parce qu’on attend des femmes qu’elles soient discrètes, alors qu’être artiste, c’est justement oser. » Sophia ose. Elle peint des corps nus, elle parle d’intimité, de sexualité, de violences, d’enfance blessée. Certains y voient de la provocation. Elle y voit une délivrance. « Mon art n’est pas là pour choquer, mais pour dire. Pour faire exister ce qui n’a pas eu le droit de l’être. » Elle se nourrit d’inspirations multiples : les artistes comme Ami Sow ou Oumar Bal, mais aussi « des femmes autour de moi, même si elles ne sont pas artistes ». Car ce sont elles, les mères silencieuses, les sœurs discrètes, les enfants qui pleurent en silence, qui nourrissent son pinceau. Quand elle ne peint pas, elle coud, bricole, recycle. Son atelier est aussi un lieu de création textile, un écosystème d’invention continue. Elle aime travailler la nuit, « quand il fait calme », et s’entoure de musique douce, ou de rien. Juste du silence. Elle dit que parfois, tout vient d’un coup. D’autres fois, il faut attendre. Ses œuvres ont été vues à l’Ambassade de France, à Nouakchott Contemporain, à la Journée du 8 mars, ou encore dans l’exposition collective Silence Assourdissant. Elle prépare sa première exposition personnelle, centrée sur les femmes, et rêve d’exposer à l’international. « Je me vois libre et reconnue pour mon travail », confie-t-elle à propos de son futur. Si elle pouvait parler à la petite Sophia de dix ans, elle lui dirait simplement : « Tu n’es pas vilaine, tu n’es pas faible. Tu es une fille courageuse. » Elle n’a pas de citation fétiche, pas de slogan. « Je me laisse guider par ce que je ressens », dit-elle. Et cela se sent dans chaque toile. Et puis il y a ce moment suspendu, qu’elle partage presque en chuchotant : « Plusieurs fois, des gens se sont reconnus dans mon art. Ils voient leur histoire dans mes tableaux, et ça me touche beaucoup. » Peindre n’est pas un métier pour Sophia. C’est une mémoire en actes. Un engagement du corps et du cœur. Une manière d’exister, de résister, de libérer. Et si un jour, vous passez par là Moughataa de Riyad, poussez la porte de son atelier. Ce que vous y trouverez n’est pas un lieu parfait, mais un lieu vivant. Comme elle. Libre, silencieuse, et infiniment créative, se souvient-elle. Peut être de l’art Peut être une représentation artistique de 2 personnes et saxophone Peut être une illustration Peut être un dessin Peut être une représentation artistique de texte Souleymane Hountou Djigo Journaliste, blogueur Source: Source : Kassataya Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence à www.Boolumbal.org
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