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Maroc Maroc - LE CALAME - Actualités - 26/Jun 18:33

Programmes électoraux des candidats : Petit tour d’horizon

Ils sont sept candidats à briguer le suffrage des Mauritaniens pour la présidentielle du 29 juin 2024. En cette pêche, chacun a concocté son programme électoral. Mais ces programmes si bien rédigés en quatre murs intéressent-ils les électeurs ? Rien n’est moins sûr, les promesses électorales n’engagent que ceux y croient. Tous ces cortèges et ce vacarme qui dure deux semaines obéissent à d’autres contingences, d’autres réalités : la tribu, les castes, la région, les forces de défense et de sécurité, les notabilités, l’administration, etc. Chez nous, les élections restent hélas comme une « cour de récréation », ainsi que s’en amuse ma mère…   Mohamed ould Ghazouani : « Pour mieux faire » Comme tout le monde le sait, les chances sont loin d’être égales dans cette compétition. Le président Mohamed Cheikh Ghazouani, qui brigue un second mandat, en est le plus grand favori, dans la mesure où il est l’actuel chef de l’État et contrôle à ce titre tous les leviers du pouvoir : l’appareil de défense et de sécurité, l’administration centrale et territoriale et il bénéficie de l’appui des hommes d’affaires, des tribus, des marabouts et de plusieurs légions de laudateurs. Tout ce beau monde défend mordicus son bilan du premier mandat. Tous le jugent « flamboyant » même si, en aparté et en off, certains n’hésitent pas à se transformer en opposants radicaux. De ce fait, ce candidat va avec toutes les chances de remporter et donc de diriger le pays pour cinq ans encore, afin, n’a-t-il cessé et ne cessera de dire, de « poursuivre les chantiers de ses engagements électoraux de 2019 ». Une situation d’autant plus privilégiée qu’en Afrique, on n’organise pas des élections pour perdre. Comme en 2019, il promet monts et merveilles au peuple. À commencer par « rétablir tous les Mauritaniens victimes d’injustice dans leurs droits spoliés ». Ce faisant, il avait suscité un espoir chez ses compatriotes ayant souffert de dix ans d’un président « omnipotent et craint » mais également de ceux attendant depuis plus de trente ans le règlement du passif humanitaire, c'est-à-dire, l’accomplissement, enfin, du devoir de vérité et de justice peut-être ; en tout cas, de réparations. À travers son discours de candidature, en Février 2019, au Stade de la Capitale, certains mauritaniens avaient perçu une volonté de changement véritable, oubliant que le rentrant et le sortant étaient des amis de quarante ans et le fruit d’un même système régentant ce pays depuis 1978, voire en-deçà. Il s’est déclaré élu au soir du scrutin du 22 Juin 2019 et l’on pouvait croire la page de son prédécesseur tournée. Mais ceux qui avaient tenté de pousser Ould Abdel Aziz à briguer un troisième mandat, parce qu’ils le trouvaient meilleur de tous, ont vite retourné leur boubou et commencèrent alors leur recyclage et leur reconversion, suscitant désenchantements et désespoirs. Il devint très difficile, voire périlleux, d’opérer les changements espérés quatre mois plus tôt. Les cinq ans du président Ghazouani sont là pour le prouver. On en dira ce qu’on veut mais la réalité est là : tout est loin d’être aussi rose que le chantent ses partisans.  Quelle que puisse être sa volonté de secouer le mammouth, elle se heurtera toujours aux puissants lobbies du makhzen, farouchement hostiles à tout changement.   Un nouveau mandat pourquoi faire ? Mais bref : le « Président qui a réussi à apaiser la scène politique » – ce qui a surtout eu pour effet de diviser encore plus l’opposition… – brigue aujourd’hui un second quinquennat. Pour convaincre les Mauritaniens à voter pour lui, il a concocté, en plus de tous les leviers dont il dispose, un programme électoral articulé autour de cinq axes.  Au cours du prochain mandat, il fera tout ce qui est en son pouvoir, a-t-il d’abord annoncé, pour « renforcer l’unité nationale et surmonter les comportements et les mentalités négatives dans notre société », soulignant la « nécessité pour tous d’œuvrer à faire de la Mauritanie un État de droit et de citoyenneté, fort et prospère, dans lequel il n’y a pas de place pour le racisme, l’esclavage ou le communautarisme », avec une dédicace prioritaire « au profit des jeunes et des femmes ». Il s’est également engagé à mettre en place un État fort moderne au service du citoyen, ce qui passe nécessairement par une administration efficace et une lutte renforcée contre la corruption. Vaste programme ! Un autre axe porte sur la volonté de doter le pays d’une économie résiliente et engagée sur le chemin de l’émergence, productive et diversifiée, génératrice d’emplois et de valeur ajoutée. Dans ce cadre, il promet une réforme foncière « juste et équitable » pour favoriser le développement économique du pays, un financement conséquent du secteur agricole et l’introduction de la concurrence dans le processus d’attribution des licences de pêche, autant de mesures propres à faire du secteur privé un moteur essentiel de la croissance… Il s’agira enfin de promouvoir « une société fière de sa diversité et réconciliée avec elle-même ». Durant son premier mandat, l’unité nationale fut dans toutes les discussions et discours mais il n’en demeure pas moins que tout reste encore à accomplir. Le thème alimente tous les débats politiques et la majorité des acteurs réclament le règlement de cette question qui pollue la cohabitation entre les diverses composantes du pays. Il y a comme un malaise au sein de la société mauritanienne, le vivre ensemble est loin d’être harmonieux. Les discours de Ouadane et l’Appel de Djéol avaient soulevé un grand enthousiasme mais restent des slogans. C’est peut-être l’une des raisons qui pousse Ghazouani à  vouloir mettre en place « une politique volontariste pour résorber les disparités issues des discriminations sociales » grâce à la construction de dix mille logements économiques au profit des habitants des quartiers précaires de grandes villes, l’autonomisation des femmes pour une participation active au développement, l’intégration socioprofessionnelle pour une pleine participation des handicapés, un service éducatif performant, une santé de qualité, à la portée de tous et un emploi décent pour tous et l’épanouissement par la culture, le sport et les loisirs. On verra à l’heure du bilan…   Soumaré Outouma : « garantir une vie digne à tous » Soumaré Outouma brigue pour la première fois le fauteuil présidentiel. Il fait partie de la jeunesse montante du pays et sa candidature avait été déjà annoncée en 2019. Ce neurochirurgien et directeur du Centre hospitalier des spécialités, ex-« hôpital Dia », se dit convaincu que chaque mauritanien a droit à une vie digne. Attaché aux « valeurs morales », il croit que l’épanouissement se mérite, que rien n’est figé, tout est possible. Tout son programme pourrait se traduire par « justice pour tous, travail pour tous, santé pour tous ». Il s’agit de fondamentaux pour toute vie humaine, une vie axée sur la justice et l’équité entre tous les citoyens. Il faudra donc organiser des états généraux pour refondre le pays sur de nouveaux appuis. Il en sortira un pacte social national basé sur l’égalité, l’équité et la justice. Le programme de Soumaré se décline en huit points : permettre aux Mauritaniennes et Mauritaniens de produire par le travail la richesse dont ils ont besoin ; organiser des états généraux de la Refondation ; faire émerger le citoyen mauritanien, libre, indépendant et doté d’esprit critique ; développer un système de santé publique basé sur l’équité, la solidarité et l’efficacité ; réformer le système judiciaire pour le mettre au service du citoyen ; réduire les écarts en droits effectifs entre les femmes et les hommes ; mettre l’écologie au centre de toute décision politique ou de gestion de l’espace commun ; développer les sports et l’éducation sportive et démocratiser la culture et les arts.   Hamady Sidi El Moctar : priorité à la femme Tawassoul, le principal parti de l’opposition, a porté son choix sur son président, Hamady Sid’El Moctar, pour briguer le suffrage des Mauritaniens. Réputé très proche des populations grâce à ses œuvres de bienfaisance, ce parti est doté d’une grande expérience en matière d’élections. Pour convaincre les Mauritaniens de voter pour son candidat, il a concocté un programme à forte teneur sociale, à travers de grandes réformes politiques et structurelles, avec l’ambition de passer de la démocratie de forme à l’alternance effective. Renforcer l’identité islamique, préserver l’unité nationale, consolider l’État de justice et de droit, réformer l’administration et lutter contre la corruption, rendre efficace et adapté le secteur financier et bancaire, promouvoir une société solidaire et une famille soudée, doter le pays le pays d’une armée nationale républicaine et d’une diplomatie au service du développement et des causes justes… Pour Hamady Sid’El Moctar, il s’agit d’opérer un véritable redressement du pays à travers des réformes draconiennes dans les secteurs vitaux du pays, alors que celui-ci s’apprête à devenir un pays gazier et pétrolier de premier plan.   Biram Dah Abeïd : « effacer le tableau et recommencer » Challenger déjà notoire du candidat du pouvoir, Biram Dah Abeïd se définit comme « le » candidat antisystème. Il ambitionne d’abattre le régime qui régente le pays depuis des années et qui marginalise une grande partie des citoyens. Il veut refonder la Mauritanie sur des bases de « justice et d’égalité de ses citoyens ». Dans son programme, il dénonce la « suprématie ethno-tribale et l’inégalité des droits qui marquent la gouvernance actuelle ». Pour y arriver, il a conçu un programme axé sur la justice et l’égalité, en dénonçant toute suprématie ethno-tribale, le combat contre la marginalisation et l’exclusion des ressortissants d’extraction subsaharienne, la promotion d’une société plus équitable ; réformes électorales et institutionnelles pour limiter les pouvoirs du président de la République, redécoupage et nouveau code électoral, application à des élections libres et transparentes ; lutte contre la corruption (éradiquer celle-ci, renégocier les contrats miniers et de pêche signés avec les entreprises étrangères…) ; redistribution des terres et soutien aux paysans par la redistribution individuelle des terres arables avec priorité aux natifs, fin de la possession féodale des terres agricoles, soutien aux paysans autochtones ; décentralisation et restructuration de l’économie ; priorités à l’emploi, l’éducation et la formation par la réforme du système éducatif et améliorer la qualité d’enseignements bien adaptés au monde moderne ; réconciliation nationale et droits de l’Homme grâce à des réparations des crimes racistes et des violations des droits humains, déclenchement d’une enquête indépendante et impartiale sur les pratiques de l’esclavage et ses pratiques apparentées, abolition de la peine de mort et des châtiments corporels ; écologie et développement durable ; diplomatie et prestige international avec une garantie de retour à la CEDEAO ; politique diversifiée de défense et sécurité ; unité nationale et pluralisme par la promotion du pluralisme linguistique et culturel, la tolérance, l’égalité des sexes et le respect de la diversité ; diaspora et immigration : la diaspora joue un rôle important pour le développement. Aussi est-il urgent de régler les problèmes auxquels les Mauritaniens sont confrontés partout dans le monde : état-civil, nationalité, fondation d’une banque en leur faveur…   Bâ Mamadou Bocar, « Pour le respect de la diversité » L’Alliance pour la justice et démocratie, Mouvement pour la rénovation (AJD/MR) a décidé de lancer son président Bâ Mamadou Bocar, élu il y a quelques mois, dans la course à la présidentielle. Ce professeur qui brigue le fauteuil suprême pour la première fois se dit lui aussi « candidat antisystème ». Il prône une refondation radicale de l’organisation politique qui régente le pays quasiment depuis son indépendance. Il ambitionne de rebâtir notre nation sur des bases nouvelles, à savoir l’égalité, la justice, le respect de la diversité, au sein d’une démocratie véritable centrée sur la redistribution équitable des ressources du pays. « Une seule composante ne doit pas s‘arroger toutes les richesses nationales, c’est injuste », clame-t-il. L’essentiel de son programme se conjugue autour de quatre axes. Le premier porte sur l’unité nationale et le vivre ensemble minés par « le passif humanitaire », un « euphémisme », dit cet ancien des Forces de Libération Africaine de Mauritanie (FLAM), pour cacher un « génocide » auquel il faut trouver une solution consensuelle et définitive afin de permettre à tous les Mauritaniens de « vivre ensemble, dans le respect de leur différence », et d’œuvrer pour que « pareilles exactions ne se reproduisent plus jamais dans le pays ». Le second axe est lié au premier dans la mesure où il traite de la question culturelle. Pour le candidat de l’AJD, la Mauritanie est un pays multiculturel mais, hélas déplore monsieur Bâ, « une seule langue – l’arabe – y est officielle : langue d’enseignement et langue de travail, sa suprématie est totale sur les langues pulaar, soninké et wolof », ce qui constitue, pour lui, « une grave injustice qui doit cesser ; ces langues doivent être officialisées et enseignées au même titre que la langue arabe. » Le troisième axe embrasse l’épineuse question de la gouvernance. BMB déplore que ceux qui dirigent le pays « profitent de leur position pour s’enrichir et enrichir leur progéniture et leurs proches », ce qui, à ses yeux, « pose de graves préjudices au reste du pays. […] Notre pays dispose d’énormes ressources mais leur exploitation et les profits engendrés ne profitent qu’à une mince poignée de privilégiés » dénonce-t-il. Le quatrième axe concerne la souveraineté économique. Il martèle : « la Mauritanie ne peut pas continuer à dépendre de l’étranger pour ses besoins vitaux comme le riz, le blé et les légumes ». Elle doit, embraye-t-il, faire en sorte qu’on en finisse avec cette dépendance préjudiciable à son économie et à ses citoyens. Le pays dispose de terres et de bras et l’État doit fournir, « avec équité et justice », les moyens aux paysans de mener le pays vers l’autosuffisance alimentaire, donc vers « la souveraineté économique ».  Le candidat de l’AJD promet, une fois élu, de mettre l’accent sur « la transformation des produits locaux et la bonne gouvernance des profits tirés des ressources minières qui peuvent amener des emplois pour des milliers de jeunes, tout en améliorant la croissance »…   Maître El Id Mohameden M’Bareck, « L’ambition de servir » Me El Id Mohameden est un jeune avocat dont l’ambition ne fait l’ombre d’aucun doute. Très connu et apprécié des jeunes et des couches démunies dont il plaide les causes auprès des tribunaux, il décide de briguer, au nom du Front Républicain pour l’Unité et la Démocratie (FRUD), le fauteuil présidentiel, comme pour dire que le bonheur n’attend point le nombre d’années. Ce jeune homme dont la candidature a été soutenue par nombre de ses collègues du Barreau s’engage à faire de la Mauritanie, « un pays en développement en un temps record » et propose à cet effet un programme axé sur les points suivants : consolider l’unité nationale, la cohésion sociale et la citoyenneté ; assurer le bien-être des populations en baissant les prix des produits de première nécessité, relever le défi du transport (tramway à Nouakchott), assurer une bonne politique du logement en faveur des plus démunis ; promouvoir et garantir une bonne éducation et une bonne santé pour tous ; mettre les jeunes et les femmes à l’avant-garde ; normaliser les élections et rééquilibrer les institutions, impliquant la consolidation de l’État de Droit et la réforme de l’administration ; sécurité et défense : renforcer la capacité des forces de défenses et assurer la sécurité pour tous ; développer une diplomatie adaptée à nos réalités et à nos besoins…   Mohamed Lemine Mourtaji Mohamed Lemine Mourtaji se lance pour la seconde fois dans la course à la présidence. En 2019, il avait fait moins de 1%. C’est d’ailleurs pourquoi nombre d’observateurs se demandent ce qui le fait encore courir. Fera-t-il mieux cette fois, sans appareil de parti ? Il bat cependant campagne pour exposer son programme qui s’articule autour de la réforme du système éducatif, en introduisant l’enseignement des langues locales (l’arabe, le poular, le wolof et le soninké) ; la lutte contre la corruption sous toutes ses formes ; la réforme du système de santé et l’instauration de l’assurance-maladie universelle ; l’exploitation de toutes les ressources naturelles du pays en assurant la redistribution équitable de ses dividendes ; la participation de la femme au développement du pays ; le développement d’une armée républicaine pour renforcer la sécurité du pays…   Une vraie fausse compétition ? Comme on le voit, chaque candidat est allé de son latin. Ils nous ont tous fait des promesses parfois mirobolantes, parfois irréalistes. C’est ce qui fait le piment des campagnes électorales : les candidats profitent de quinze jours de débats pour se faire connaître et convaincre les électeurs, mais à l’arrivée, un seul postulant gagnera. Sans surprise probablement, le résultat étant connu bien à l’avance. Mais aussi avancé soit-il, il n’en sera pas moins proclamé qu’au soir du 29 Juin… sinon du 13 Juillet ? C’est tout le bien qu’on puisse souhaiter à notre démocratie.   Dalay Lam

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