Maroc - SPORT-IVOIRE.CI - A La Une - 12/Aug 12:52

ASEC Mimosas : Jaune comme performance financière, Noir comme colère populaire

Football - Ligue 1L'ASEC Mimosas était en Assemblée Générale Ordinaire le dimanche 11 août à la Bourse du Travail à Treichville. Une tradition pour le club dirigé depuis novembre 1989 par Me Roger Ouégnin. Mais la deuxième "réunion de famille" des actionnaires du 7è mandat de "Columbo" ne fut pas de tout repos. Le jaune est très souvent associé à la joie, à la gaieté et à la fête. Il est associé au bien-être et à la bonne humeur. A l'ASEC Mimosas, le jaune traduit depuis quelques années une gestion administrative et financière impeccable. Selon les documents présentés et commentés. En effet, pour ce qui est de l'exercice 2023, il « s’est conclu pour le groupe ASEC Mimosas avec des résultats très satisfaisants » sur le plan financier. A la clôture des comptes, le groupe ASEC Mimosas notait un résultat net positif de 1,173 milliard de Frs Cfa. Une progression par rapport à l'exercice 2022 qui marquait 1,006 milliard au compteur. « Cette augmentation du résultat d’ensemble (+ 167 millions FCFA), provient d’une hausse des revenus du groupe (d’environ 466 millions FCFA par rapport à 2022), du fait de l’augmentation des subventions perçues lors du parcours de l’équipe fanion en 1/2 finale de la coupe de la confédération et de sa qualification en phase de poule de la ligue des champions. A ces revenus, il faut ajouter l’accroissement de la rubrique partenariat, l’évolution des activités loisirs et l’impact de l’organisation de la CAN avec l’occupation de Sol Béni », a expliqué M. Jean-Jacques Seri-Bi, Responsable Administratif et Financier de l'ASEC. Une santé financière qui connait un bémol lorsqu'on aborde les revenus liés aux transferts de joueurs passés de « 2,006 milliards FCFA (deux milliards six millions FCFA) en 2022 à 1,645 milliard FCFA (un milliard six cent quarante-trois millions FCFA) en 2023, soit une baisse de 361 millions FCFA ».  Une zone encore plus grise lorsqu'on aborde les recettes des matches. Car, même si l'on est passé de « 4,8 millions FCFA en 2022 à 30,5 millions FCFA en 2023 », ce chapitre ne représente que 1% des produits d'exploitation. Un embonpoint financier qui ne rime donc pas avec adhésion populaire. Et si ces performances financières se mêle la fierté de l'acquisition de patrimoines dont le dernier en date reste Gboro-Gbata, la tristesse du noir qui rappelle le vide et la tristesse fut plus présent dans les échanges avec les actionnaires présents. Car de l'avis général, et au-delà du quitus accordé par acclamation par l’Assemblée, le sentiment fut loin d’être édulcoré au sujet des prestations et performance’ sportives. Selon le peuple jaune et noir de colère, « l'ASEC ne fait plus rêver à travers son équipe de football qui a perdu son ADN », a pesté M. Harisson Bénié. Propos repris en chœur par plusieurs jeunes actionnaires qui ont réclamé plus d’innovations dans la gestion de l’équipe fanion. Surtout que, le trophée des anciennes gloires remporté au Tournoi des 4 Grands, fut le seul laurier de la saison présenté et remis au Président du Conseil d'Administration. Car plan local, les Mimosas ont connu un échec tant en championnat qu'en Coupe Nationale. Un fait implacable même pour Me Roger Ouégnin qui a pourtant tenté des explications. « J'ai aussi le sentiment que nous avons perdu notre ADN. Et il est vrai qu'il faut qu'on revienne à notre ADN. Mais quand on joue sur du synthétique, ce n'est plus le même football. Les anciens qui ont marqué le style de jeu de l'ASEC, ils ont tous joué sur du naturel. Le championnat a 90% de ses matchs joués au Champroux sur une pelouse pourrie. Une pelouse qui provoque des blessures. Vous n'avez pas le sentiment qu'en coupe d'Afrique on joue mieux ?", a indiqué le PCA de l'ASEC Mimosas comme pour pointer du doigt la cause de l'effritement de l'identité sportive du club. En outre, c'est tout l'environnement du football ivoirien et continental qui a été souligné par Me Roger Ouégnin comme le frein irréversible d'un retour à l'ADN du club. « Les bons joueurs ne sont plus forcément ici. Les meilleurs joueurs partent, tous. Avant la Côte d’Ivoire était une plaque tournante. On partait chercher des Nigérians... Aujourd'hui ça ne les intéresse pas de venir ici. Pour garder un bon joueur 2 ans, c'est la croix et la bannière. Certains rêvent de l'Académie mais ça ne peut plus arriver. Les meilleurs jeunes on nous les amenait gratuitement. Aujourd'hui les gens les cachent parce qu'il y a des agents qui sont prêts à les faire partir. Le football champagne, tout le monde en rêve mais ça sera difficile d'y revenir », a-t-il reconnu. Par contre, revenir au sommet du football ivoirien en renouant avec des titres. C'est l'objectif de l'ASEC pour la saison qui s'annonce. « Notre objectif, il faut regagner tout de suite le championnat et la Coupe Nationale. Et en Afrique, on est 13e. On a redonné à la Côte d'Ivoire les 4 places qu'on avait perdu. On continue le combat, on va tout faire pour être encore meilleur », a-t-il déclaré. Et ce, avec Julien Chevalier qui, pour l'heure, garde la confiance de l'ouvrier spécialisé pour ce qui est de mener l’équipe A de l’ASEC. Car, « le jour où Julien Chevalier ne fera pas mon affaire, il partira ». Patrick GUITEY