Maroc - LE TEMPS - Tous - 04/Mar 10:44

La «Renaissance» de Nicolas Masson, saxophoniste du clair-obscur

Le saxophoniste genevois, également photographe, sort son dixième disque, «Renaissance», sur l’iconique label ECM. Itinéraire d’un contemplatif jamais à bout de souffleOn connaissait le thème Night Dreamer («rêveur de nuit») du saxophoniste Wayne Shorter. Une mélodie entre chien et loup, dans laquelle le pianiste McCoy Tyner déployait des arpèges telles les ailes ouvertes d’un bombyx. Il y aura désormais Subversive Dreamers («les rêveurs subversifs»). Cinquième titre de son nouveau disque, Renaissance, Nicolas Masson l’a composé en pleine pandémie, lorsque la culture était jugée «non essentielle», alors que les McDo rouvraient. Une subversion feutrée, subtile et intense pour l’un des plus beaux thèmes de cet album. Dans un bar alternatif du quartier des Grottes, le saxophoniste au regard tendre, avec ses yeux bleus comme une orange, se livre avec douceur. C’est un musicien du clair-obscur.C’est à Chêne-Bourg que Nicolas Masson grandit. Une guitare entre les mains, le heavy metal dans la tête. Un jour au hasard d’un concert de Fishbone, le son du saxophone le happe. Il se procure un instrument: «J’ai aimé la sensation physique.» Le souffle sera dorénavant sa matière première. Cette même année, un billet offert pour un concert du World Saxophone Quartet au Montreux Jazz Festival attise un peu plus la passion. A partir de là, Nicolas Masson dévore le jazz sous toutes ses facettes, écume les discothèques municipales: «Coltrane, Archie Shepp, Albert Ayler, le free-jazz m’exaltait. En même temps, j’aimais le swing de Sidney Bechet. Cela me paraissait être un grand écart car je n’avais pas conscience de la continuité entre ces générations de musiciens. Je l’ai compris bien plus tard, lorsque j’ai débarqué à New York.»Voir plus