Maroc - LE TEMPS - Tous - 07/Mar 19:12

Entre calamars et Boléro, rencontre fantasmée avec Maurice Ravel

Après Rossini, «Le Temps» récidive et fait une interview fantasmée devant un plat de chipirons pour célébrer les 150 ans de la naissance du compositeur Maurice Ravel (1875-1937). Si son «Boléro» est devenu l’une des œuvres musicales les plus jouées au monde, à sa création le compositeur redoutait qu’il contribue à sa postéritéTa tatata ta ta, la mécanique des rails qui nous conduisent jusqu’à Ciboure est de manière amusante presque dans le même tempo que la caisse claire du Boléro. Soit très précisément 66 à la noire. Et Ravel ne supportait pas qu’on accélère! «Pas de musique, pas de composition, seulement un effet d’orchestre.» C’est ce que le musicien avait en tête lorsqu’il entreprit de le composer. D’ailleurs il en parlait comme d’une machine, avec ce même motif répété 170 fois en seize minutes. Paraît-il qu’il en démarre un toutes les quinze minutes ainsi «nous baignons, sur la planète, dans un Boléro perpétuel», avait dit le journaliste et musicologue Marcel Marnat.Le temps de se perdre dans les méandres de cette partition et nous voici arrivées à la gare. Rencontrer Ravel n’a pas été une mince affaire. Ce farouche solitaire ne portait pas forcément la presse dans son cœur. Il aurait pu accepter de nous recevoir à Ciboure dans sa ville natale au Pays basque. Nous nous y sommes rendues, pour un déjeuner. Au sortir de la gare, la vision de la baie ronde comme une timbale, le ressac de la mer au loin semblable à un métronome nous plongent directement dans l’ambiance de cette interview musicale. Notre guide sera olfactif avec ce fumet de poiscaille qui plane devant L’Auberge aux poissons au bord de la Nivelle où nous avons rendez-vous. Ravel est là dans son costume gris un peu strict. Il a déjà commandé pour nous la spécialité locale: des chipirons (calamars) à la basquaise.Voir plus