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Zut, Berne a encore oublié la stratégie

CHRONIQUE. Au moment de se choisir un nouveau patron pour la Défense, il est peut-être temps de penser à des lignes directrices en la matière, estime notre chroniqueur«La stratégie consiste à continuer à tirer pour faire croire que l’on a encore de la munition.» Voilà un aphorisme pratiqué depuis assez longtemps au Département de la défense, mais qui a fait long feu. A la veille de son départ, la ministre démissionnaire Viola Amherd a eu beau exhiber ses dossiers, tenter d’éviter les champs de mines, ça explosait de partout: corruption dans l’entreprise d’armement Ruag, drones israéliens inexploitables, menaces sur les coûts et les dates de livraisons des F-35, crises au Service de renseignement, etc.A l’instar du président de la Délégation des finances, l’UDC Lars Guggisberg, on peut reprocher à la ministre et à son état-major des faiblesses dans la surveillance et le pilotage du département. Mais sans orientation stratégique, sans boussole ni GPS, l’armée fait un peu penser à ces retraités partis faire leurs courses sans leur billet de commissions. Alors on achète un peu de tout en passant devant les rayons, histoire de ne rien louper. Effarés, les deux prétendants à la succession de la ministre haut-valaisanne découvrent qu’il n’y a rien, aucune vision des objectifs, aucun concept de défense discuté et adopté par le gouvernement. Ainsi, interrogé par un quotidien alémanique sur sa vision de l’armée de demain, le Zougois Martin Pfister, par ailleurs colonel de milice, a répondu que «l’armée a également besoin d’une perspective et d’une direction claire… Une vision d’objectif qui présente la structure, les objectifs et les concepts pour le développement de l’armée afin d’établir une stratégie globale». Le Saint-Gallois Markus Ritter a une réaction identique: «D’ici à l’été, la stratégie en matière de politique d’armement doit être mise sur la table du Conseil fédéral. D’ici à l’automne, la stratégie en matière de politique de sécurité. Parallèlement, il faut faire avancer la stratégie globale, c’est-à-dire l’image cible d’une armée capable de se défendre.»Voir plus