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La solidarité est-elle une vertu en perte de vitesse?

CHRONIQUE. Qu’est-ce qui motive le don, et comment expliquer qu’en Suisse, comme ailleurs, la tendance est à la retenue en matière de soutien caritatif? Relisons le philosophe australien Peter Singer, qui relevait en 1972 le hiatus entre les nobles intentions et la réalitéDonner, d’accord, mais jusqu’où? Les appels aux dons et plus généralement à la charité des particuliers ont pris leur envol avec l’enrichissement de nos sociétés, l’avènement des nouvelles technologies leur fournissant de plus une efficacité inespérée. Les plateformes caritatives comme la canadienne Benevity en sont l’illustration éclatante. On notera que le phénomène est souvent concomitant de l’explosion des fortunes privées et du recul de l’Etat social, en particulier aux Etats-Unis, où la philanthropie est depuis longtemps bien ancrée dans les mœurs.Quel sens donner alors aux signes de fléchissement que le phénomène montre en ce moment? C’est d’abord un rapport récent qui indique que la courbe du volume des dons en Suisse, alors qu’elle était en expansion continue depuis le début du millénaire, s’est brusquement inversée en 2023, et la tendance devrait se confirmer (voir LT du 27.12.2024). L’inflation est passée par là, mais est-ce une explication suffisante? Pas si sûr, si l’on examine cette évolution à la lumière des coups de boutoir que l’administration Trump II, à peine installée, vient d’infliger aux programmes d’aide sociale et de solidarité internationale. S’il ne s’agit plus de charité privée, la différence de fond n’est in fine pas très grande. C’est en effet au nom d’électeurs bien décidés à moins dépenser pour autrui que le gouvernement américain resserre les cordons de la bourse.Voir plus