Maroc - LE TEMPS - Tous - 05/Aug 18:09

Locarno, un festival de premier plan qui doit le rester

ÉDITORIAL. La 78e édition de la manifestation tessinoise s’ouvre ce mercredi. Afin de conserver son aura internationale, elle planche sur un déplacement de ses dates, et a surtout besoin d’un soutien sans faille des pouvoirs publics, à l’heure où la culture est parfois vue comme un luxeEn été 1946, peu avant la première édition du Festival de Cannes, celui de Locarno montrait dans ce qui fut aussi son baptême du feu O sole mio, un film considéré comme l’une des œuvres fondatrices du néoréalisme italien. Dès lors, la manifestation tessinoise ne cessera d’être à l’écoute des nouvelles tendances. De Spike Lee à Jim Jarmusch, de Claude Chabrol à Eric Rohmer, de Michelangelo Antonioni à Glauber Rocha, de Mike Leigh à Todd Haynes, on ne compte pas les cinéastes qui y ont vécu leur première grande reconnaissance internationale.Cette année, l’Iranien Jafar Panahi, une voix parmi les plus fortes du cinéma contemporain, que le régime des mollahs n’a pas réussi à étouffer, présentera hors compétition Un Simple Accident, qui lui a valu en mai la Palme d’or cannoise. En 1997, il remportait le Léopard d’or avec Le Miroir, son deuxième long métrage. Le Locarno Film Festival, créé dans une région qui fut durant la Seconde Guerre mondiale une terre d’accueil pour les intellectuels antifascistes italiens, a toujours été au front de l’activisme politique et artistique. Cette année encore, à l’occasion de sa 78e édition, il s’inscrit à travers des choix forts dans cette tradition. A lire: Locarno, «un festival de liberté et d’autonomie intellectuelle» En marge d’une compétition pointue, le public pourra suivre des rencontres avec Jackie Chan et Emma Thompson, et découvrir les deux épisodes d’une série télé, une grande première pour la Piazza Grande; un geste éditorial qui souligne une volonté de rester connecté à l’époque. Comme lorsqu’il y a quelques années était présentée en ouverture une production Netflix. Rencontre avec le directeur artistique Giona A. Nazzaro: A Locarno, où s'ouvre le festival, le cinéma de demain est ancré dans le présent La présidente Maja Hoffmann, arrivée l’an dernier, a mis sur la table un possible déplacement du festival en juillet, afin d’être moins proche de la Mostra de Venise, et de ne pas prétériter les professionnels, qui en août soit sont en vacances, soit préparent la rentrée. Un choix qui semble logique, mais qui doit s’accompagner d’un soutien sans faille des pouvoirs publics qui, en marge des partenariats privés, ne doivent pas oublier que le cinéma est un outil de soft power. Or plane sur Locarno, comme sur d’autres manifestations suisses soutenant les œuvres du Sud global, la menace d’un retrait total de la Direction du développement et de la coopération, parallèlement à une baisse globale des subventions culturelles étatiques. Ce qui pourrait affaiblir le volet industry d’un festival de catégorie A, et qui doit le rester pour le rayonnement international de la Suisse. Un autre éditorial: Pour la DDC, l’aide aux cultures du monde n’est plus essentielle