Maroc - LE TEMPS - Tous - 23/Mar 18:34

A Genève, un coup de froid sur Les Vert·e·s

ÉDITORIAL. Les écologistes perdent des sièges dans plusieurs communes, notamment en ville, alors que l’UDC progresse. Mais les élus qui travaillent sur des solutions concrètes s’en sortent mieuxLes élections municipales genevoises ont confirmé le recul des Vert·e·s observé un peu partout, ainsi que la solidité des partis de la droite dite «populiste», le MCG et l’UDC. En ville, ce double mouvement entraîne un basculement du Conseil municipal à droite. La défaite est massive pour Les Vert·e·s. Après avoir frisé 20% des voix en ville il y a 5 ans, les voilà à 13,5%, à peine deux points devant une UDC en pleine progression dans l’électorat urbain.La faute à Trump, comme l’ont avancé certains des perdants du jour? Bien sûr, une époque anxiogène provoque toujours dans la population un besoin accru de protection et profite à la droite dure. Les relativement bons scores des socialistes et de la gauche radicale illustrent l’autre versant de cette envie de sécurité, celle incarnée par la politique sociale. Mais Les Vert·e·s se sont probablement trop distancés des préoccupations quotidiennes, dans leur attachement par ailleurs bien légitime aux questions climatiques, et leur penchant plus discutable pour la morale. Les écologistes urbains peinent à comprendre un électorat inquiété par l’immigration, l’insécurité ou la concurrence sur le marché du travail. Une partie de la gauche rejette ces thèmes comme relevant de l’extrême droite, mais le fait est qu’une frange importante de l’électorat y est sensible et ne se sent plus écoutée. Travail au quotidien Cet éloignement de l’électorat n’est pas une fatalité pour les écologistes, comme le prouve leur bon score à l’exécutif de la ville. Le travail au quotidien sur le social et sur la qualité de vie dans les quartiers a permis au quatuor rose-vert de se placer en tête du premier tour. Il a même des chances de conserver quatre sièges à l’exécutif le 13 avril. La gauche qui retrousse ses manches pour trouver des solutions concrètes au manque de crèches, à la précarité, à la pollution, peut résister à la montée de l’UDC. Celle qui agite sans cesse le spectre du fascisme ou parle de la fin du monde, plutôt que de la fin du mois, continuera à voir fondre son électorat.Dans un contexte angoissant et chaotique, les élections locales agissent comme un révélateur des inquiétudes et des espoirs de la population. Le scrutin genevois montre à la gauche la voie à suivre, celle des mesures politiques et concrètes, plutôt que celle des leçons sur le bien et le mal. Même si «l’effet Trump» a pu jouer un rôle, c’est bien à l’échelon local que les écologistes se sont égarés. Et au même échelon qu’ils peuvent s’atteler à la tâche, pour mieux rebondir. Lire aussi: A l’échelle des 45 communes genevoises, la défaite des Vert·e·s et la percée de l’UDC et du Centre