Maroc - LE TEMPS - Tous - 26/Mar 11:58

Jeremy Currat, l’étoffe du paradoxe

Le jeune designer genevois compte parmi les talents les plus prometteurs de la mode suisse. Passionné de culture hip-hop et de sneakers, il revisite à sa manière, iconoclaste, le vestiaire masculin avec sa marque JeremiahGenève, quartier de la Jonction. Là où les odeurs des cuisines exotiques se mêlent aux effluves d’huile de bus. Là où la rue appartient autant aux skateurs qu’aux fonctionnaires. Là où Jeremy Currat a grandi, entre trottoirs rugueux et architectures sans fioritures. Zone populaire, métissée, pas encore digérée par la gentrification. C’est là qu’il a vu passer ses premières icônes, baskets aux pieds, hoodie sur le dos, signes d’une nonchalance discrètement travaillée. Un certain rapport au style s’est imprimé dans son cerveau, sans qu’il le formule encore. A l’époque, il ne sait pas encore qu’un vêtement peut tout dire de celui qui le porte.Aujourd’hui, Jeremy Currat coupe le tissu, pense silhouette, structure des volumes. Il récupère une cravate, la détourne en nœud, en motif, en clin d’œil. Il rêve d’un costume qu’un skateur pourrait enfiler sans y penser. Il veut du confort, mais pas trop. De l’élégance, mais sans raideur. Un chic qui traîne ses baskets dans les parkings crasseux. «J’adore la veste de costume, mais je ne peux pas la porter telle que je la vois partout ici.» Il la revisite donc. Il pense vêtements comme il pense gestuelle. «Un jogging large me fera m’avachir, une veste en cuir me fera tenir droit.»Voir plus