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Ouagadougou a annoncé mardi soir la suspension, pour six mois, de la chaîne d’information francophone, accusée d’avoir diffusé des «propos tendancieux frisant la désinformation». L’armée a par ailleurs démenti toute «mutinerie» dans des casernes militairesLes autorités du Burkina Faso ont annoncé mardi suspendre pour six mois la chaîne francophone TV5 Monde, l’accusant de diffuser des «propos tendancieux», après une émission abordant la situation sécuritaire dans le pays, dont l’armée a démenti des «rumeurs» de «mutinerie» dans des casernes, une semaine après une attaque jihadiste meurtrière.La suspension de TV5 Monde, également condamnée à une amende de 50 millions de francs CFA (environ 72 000 francs), suit celle d’une longue liste de médias étrangers, principalement français, suspendus de manière temporaire ou définitive depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, lors d’un coup d’Etat en octobre 2022.Dans un communiqué publié mardi soir, le Conseil supérieur de la Communication (CSC) met en cause une édition du journal télévisé de lundi qui avait «pour invité Newton Ahmed Barry», un journaliste et ancien président de la commission électorale du Burkina Faso entre 2014 et 2021, critique du régime militaire actuellement au pouvoir. Lire aussi: La «Confédération» imaginée par le Burkina Faso, le Mali et le Niger est presque finalisée Dans cette émission, Newton Ahmed Barry était notamment interrogé sur la situation sécuritaire au Burkina Faso, une semaine après une attaque jihadiste meurtrière contre soldats et civils à Mansila (nord-est, près du Niger), revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaïda). Le CSC affirme avoir «relevé des insinuations malveillantes, des propos tendancieux frisant la désinformation et des affirmations de nature à minimiser les efforts consentis par les autorités de la transition, des forces de défense et de sécurité et des populations dans l’élan de reconquête du territoire national». Quelques dizaines d’instructeurs russes sont arrivés ces derniers jours depuis le Mali dans la capitale burkinabè, après l’attaque de Mansila, selon une source diplomatique africaine. Une source indépendante a confirmé l’arrivée de ces instructeurs, qualificatif généralement utilisé pour les anciens mercenaires de Wagner, aujourd’hui réorganisés au sein du nouvel avatar de l’influence russe en Afrique, Africa Corps. Depuis le coup d’Etat d’octobre 2022, les autorités de Ouagadougou se sont rapprochées de Moscou. ### Pas de bilan officiel Mardi soir, l’armée burkinabè a par ailleurs qualifié dans un communiqué «d’infondées et mensongères» les «rumeurs sur les réseaux sociaux» faisant état depuis plusieurs jours «de mouvements d’humeur et de mutineries dans certaines casernes militaires». «Le chef d’état-major général des armées rassure les vaillantes populations qu’il n’en est rien», peut-on également y lire. Aucun bilan officiel n’a été donné pour l’attaque de Mansila, mais selon une source sécuritaire «beaucoup d’éléments sont portés disparus». Les détachements militaires déployés dans les diverses localités du Burkina Faso comportent généralement quelque 150 soldats. Le régime militaire au pouvoir au Burkina Faso n’a pas communiqué sur cette attaque. Le lendemain de celle-ci, un obus était tombé dans la cour de la télévision publique située près de la présidence, à Ouagadougou. Un «incident de tir» selon la télévision d’Etat. Depuis l’attaque de Mansila, le capitaine Ibrahim Traoré est apparu à deux reprises: vendredi, dans un reportage de la TV publique pour un don de sang, et dimanche, pour la prière de l’Aïd, sans prendre la parole. TV5 avait déjà été suspendue de diffusion pour deux semaines le 28 avril, pour avoir diffusé un rapport de Human Rights Watch accusant l’armée «d’exactions» contre des civils. Son site internet ainsi que six sites d’informations avaient été suspendus pour les mêmes raisons «jusqu’à nouvel ordre». Lire aussi: 170 personnes exécutées lors de l'attaque de trois villages dans le Burkina Faso Le Burkina Faso - comme ses voisins le Mali et le Niger - est frappé depuis près de dix ans par des attaques de groupes jihadistes qui ont fait plus de 20 000 morts et deux millions de déplacés. Les autorités affirment régulièrement obtenir des victoires sur les jihadistes, mais les attaques se poursuivent et une partie du territoire reste hors de contrôle de l’armée.
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