Maroc - LE TEMPS - Tous - 19/Jun 01:09

«Make Europe Great Again»: pour la Hongrie, le début d’une présidence de l’UE à la sauce Trump?

Budapest, qui assure dès juillet la présidence tournante des 27, a présenté les grandes lignes de son programme mardi et s’est choisi un slogan copié sur celui de l’ex-président des Etats-Unis. L’occasion de rappeler la proximité politique entre Viktor Orbán et le chef de file des républicains«Attachez vos ceintures pour la première présidence de l’UE inspirée par Donald Trump», résume le média Politico. Difficile en effet de penser à autre chose qu’à l’ex-président américain en lisant le slogan que s’est choisi Budapest, qui a défini mardi les grandes lignes de son programme pour assurer la présidence tournante de l’UE. Un Make America Great Again simplement transformé en MEGA, Make Europe Great Again. Simple clin d’œil de Viktor Orbán à un président pour lequel il n’a jamais caché son admiration et sa sympathie ou véritable début de trumpisation du continent?Pour le ministre hongrois des Affaires étrangères, inutile de chercher plus loin qu’un simple «hommage»: «Notre devise renvoie à l’idée d’une présidence active et de terrain, au fait que nous sommes plus forts ensemble, dans le respect de notre identité», a déclaré Janos Boka, lors d’une conférence de presse à Budapest. Drôle de référence alors que l’ancien locataire à la Maison-Blanche n’est pas réputé pour avoir été particulièrement conciliant avec les Vingt-Sept. «A ma connaissance, Donald Trump n’a jamais voulu rendre l’Europe forte», a ainsi justifié Janos Boka, pour affirmer que toute comparaison avec Trump s’arrêtait à ce simple slogan.Lire aussi: En terres hongroises, où un vent de renouveau défie le leader souverainiste Viktor Orban Sauf que la proximité entre la Hongrie et les positions de l’ex-président ne s’arrête pas à cette simple devise. Viktor Orbán n’a en effet jamais caché son admiration pour Donald Trump, qui le lui rend bien. Pas même la condamnation récente du milliardaire devant un tribunal new-yorkais n’a entamé cette amitié. «J’ai connu […] Trump comme étant un homme d’honneur. En tant que président, il a toujours fait passer l’Amérique en premier, il a suscité le respect dans le monde entier et a utilisé ce respect pour construire la paix. Laissons le peuple rendre son verdict en novembre prochain! Continuez à vous battre, M. le Président!», avait-il posté sur X après sa condamnation. Des compliments qui vont dans les deux sens. Le milliardaire avait déclaré en mars à l’égard du premier ministre qu'«il n’y a personne qui soit meilleur, plus intelligent ou qui dirige mieux que Viktor Orbán. Il est fantastique». I’ve known President @realDonaldTrump to be a man of honour. As President, he always put America first, he commanded respect around the world and used this respect to build peace. Let the people make their verdict this November! Keep on fighting, Mr. President!— Orbán Viktor (@PM_ViktorOrban) May 31, 2024 ### La Hongrie, présidente crédible? Le programme de ce pays d’Europe centrale de 9,6 millions d’habitants comporte certaines priorités chères au candidat républicain, notamment concernant l’immigration. Janos Boka a expliqué que la Hongrie chercherait à «protéger plus efficacement les frontières extérieures, à gérer les causes profondes de l’immigration et à améliorer une politique de retour plus efficace». Le pays compte aussi mettre sur pied un nouvel accord agricole compétitif, «centré sur les agriculteurs». Lire aussi: L’ombre de Viktor Orbán plane sur le rachat d’Euronews La présidence de l’UE, que Budapest a déjà assuré en 2011, est censée être un rôle d’intermédiaire neutre, mettant de côté ses intérêts nationaux. Ce n’est toutefois pas ce vers quoi semble se diriger Viktor Orbán, craignent de nombreux observateurs, alors que les relations entre Bruxelles et la Hongrie sont tendues. La perspective de voir cette dernière aux manettes suscite le malaise de plusieurs Etats membres, en raison des dérives antidémocratiques de Budapest et de ses liens avec le Kremlin. Lire aussi: Viktor Orban et Donald Trump, entrevue entre amis en Floride L’an dernier, le Parlement européen avait voté une résolution sur le sujet, se demandant comment le gouvernement de Viktor Orbán «pourrait remplir sa tâche de manière crédible au vu de son non-respect du droit et des valeurs de l’UE». La Hongrie est en conflit avec Bruxelles pour des manquements en matière de lutte contre la corruption et d’indépendance des médias. Et l’UE a suspendu en réponse des milliards d’euros de fonds européens qui devaient être versés à ce pays. En outre, depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, Viktor Orbán refuse d’aider Kiev militairement, blâme la politique de sanctions contre Moscou et ne cesse de fustiger Bruxelles, accusé de vouloir entraîner l’Europe dans une «conflagration mondiale».