Maroc - LE TEMPS - Tous - 16/Jun 19:42

Jean-François Haas sur les insécurités du corps masculin: «Salut, mon vieux!»

Ce semestre, le magazine T a invité des auteurs romands à écrire sur «les insécurités du corps masculin». Ils explorent les fragilités et les inquiétudes de ces enveloppes charnelles assignées à la performance par le regard social, mais qui vieillissent, trahissent et varient aussiOn a beau l’entretenir, comme on dit, marcher, faire un peu de fitness, il vient un moment où, dans le miroir du matin, votre corps vous dit: «Salut, mon vieux!» On est obligé de le reconnaître aussi à une certaine lenteur qui s’empare de vos mouvements, de votre pas que l’on aurait pu qualifier il n’y a pas si longtemps encore d’allègre, excusez le cliché. Viennent aussi les petites douleurs dans le dos, dans les articulations, et ce manque de souplesse qui fait votre pas moins bien assuré dans l’escalier ou par les chemins de campagne.Ces chemins sur lesquels, hier encore, j’avais 7 ans, et les années brusquement se sont multipliées par dix. J’avais 7 ans et je savais que je devais être fort, fort au foot, fort dans les marches et les jeux des louveteaux, fort en gymnastique, au «grimper» de la perche ou de la corde, aux barres parallèles. Et, dans les marches, ne jamais me plaindre de la soif, même quand la troupe montait dans la montagne sous le soleil. J’ai mal à la tête. Chante avec nous: «Trois kilomètres à pied… Sept kilomètres à pied.» Mal à la tête? Ce n’est rien, marche, il ne faut pas s’écouter. Tu ne vas pas pleurer, tout de même! Un garçon, ça ne pleure pas. Ouah, la femmeuletteu, il va chialer. Tu es un homme, voyons!Voir plus