«La Buveuse de larmes», l’art du feuilleton ou l’apprentissage du bonheur selon Robert Walser

Chez Robert Walser, le bavardage oral a la profondeur de l’écrit, et l’écrit a la légèreté de l’oral. Le recueil de proses inédites «La Buveuse de larmes» déploie cette attention exceptionnelle à la vie, pleine et entièreToute nouvelle parution de Robert Walser est un événement: La Buveuse de larmes, recueil de proses inédites, n’échappe pas à cette règle. Ici ça bavarde: le titre du premier texte donne le ton. «Ce qu’on a toujours reproché au genre du feuilleton, son bavardage superficiel», comme le rappelle Peter Utz dans sa préface, devient chez Walser du grand art, comme chez Tchekhov, comme chez Joseph Roth ou Alfred Polgar, ces maîtres du «feuilleton journalistique». Seuls les grands écrivains peuvent raconter des histoires distraitement, «en causant à bâtons rompus.»Comme l’écrit Marion Graf dans son brillant Robert Walser, lecteur de petits romans sentimentaux français (Mini Zoé), «le genre du feuilleton, hétéroclite et sautillant, exige sans trêve de nouveaux sujets; la littérature populaire va lui fournir un combustible inépuisable». Et, citant Walser, elle met au jour l’essence de l’inspiration du poète: «Dans l’art, un matériau trivial peut devenir un bijou.»Voir plus

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