«Manga D’Terra», une errance musicale

Le Portugo-Suisse Basil Da Cunha retrouve pour la troisième fois le quartier créole Reboleira, à Lisbonne, où il filme le parcours d’une jeune Cap-Verdienne rêvant de devenir chanteuseAlors que sort le troisième long métrage de Basil Da Cunha, Manga D’Terra («mangue du pays»), en compétition l’été dernier au Locarno Film Festival, impossible de ne pas parler de trilogie. Formé à la HEAD-Genève (Haute Ecole d’art et de design de Genève), où il enseigne, le natif de Morges aux origines portugaises retrouve une nouvelle fois Reboleira, un quartier créole de Lisbonne où il s’est en partie installé et où il avait déjà tourné Après la nuit (2013) et O Fim do Mundo (2019), sélectionnés respectivement par la Quinzaine des cinéastes du Festival de Cannes et Locarno. Tournant avec des acteurs et actrices amateurs qui jouent souvent des rôles proches de leur réalité, le réalisateur propose un cinéma organique et chorégraphique – «c’est une danse, et on improvise comme dans le jazz», disait-il au moment de la sortie d’O Fim do Mundo.Dans Après la nuit, il racontait l’histoire de Sombra, un dealer tout juste sorti de prison cherchant à retrouver sa place dans un bidonville constamment en mouvement, où pour beaucoup la survie est un combat quotidien. Entre polar, tragédie shakespearienne et drame social, le film s’aventurait aussi vers le réalisme magique lors d’une extraordinaire séquence de sorcellerie. Puis, dans O Fim do Mundo, le Portugo-Suisse montrait les difficultés du jeune Spira à se réacclimater – après un séjour en maison de correction – avec la vie de Reboleira, dont les habitants voient les uns après les autres leur maison détruite par le gouvernement pour insalubrité, dans une optique capitaliste de gentrification et de profit. A travers la figure d’un caïd à la petite semaine, le film empruntait plus ouvertement les codes du polar.Voir plus