Maroc - LE TEMPS - Tous - 02/Jul 17:46

Le Rhône vaut mieux qu’une querelle

ÉDITORIAL. Les intempéries du week-end ont exacerbé la dispute entre tenants de l’ancien projet de correction du Rhône, axé sur la valorisation de la biodiversité, et tenants d’une vision ultra-sécurisée du tracé. Les dégâts devraient au contraire apaiser le débat, et le Conseil d'Etat reprendre la mainLes siècles passent, le respect demeure. Hier comme aujourd’hui, entre les Valaisans et le Rhône, c’est une histoire intense, dont les récents événements ont écrit un nouveau chapitre. En filigrane des personnes déplacées et des terrains inondés, toujours la même question: comment mieux organiser la cohabitation entre le fleuve chéri et l’activité humaine?Le Valais a longtemps pensé qu’il avait trouvé la bonne formule, avec son projet de troisième correction du Rhône. Puis, tout récemment, le canton a donné l’impression d’un gros coup de sac, estimant que l’affaire était trop ambitieuse et surtout mal ciblée. Comme si ceux d’avant n’avaient rien compris.Lire aussi: A Sierre et Chippis, Constellium et Novelis sont des géants les pieds dans l’eau Après quatre semaines d’invectives entre deux camps d’irréductibles – par les défenseurs de la biodiversité d’un côté et les tenants de la sécurité de l’autre –, la nature s’est invitée dans le débat. ### Les prédécesseurs, de doux rêveurs? Pour le citoyen qui n’appartient à aucune chapelle – et oui, cela existe, même en Valais –, très difficile désormais de se faire une opinion, tant les narratifs des deux camps ont été peaufinés jusqu’à la caricature. La polarisation ambiante a passé par là; les boues de Chippis ne sont pas évacuées que voici une guerre de tranchées. Pour retrouver la raison, il faut détricoter le récit. Car impossible de croire que l’entrepreneur Jacques Melly et l’ingénieur Jean-Jacques Rey-Bellet, prédécesseurs démocrates-chrétiens du ministre UDC Franz Ruppen, étaient de doux rêveurs. Et qu’ils auraient favorisé la beauté des méandres rhodaniens et le chant des oiseaux au détriment de la sécurité de la population. Tout aussi impossible de jeter la nouvelle mouture aux orties, et d’estimer qu’une gestion globale des rivières n’est pas souhaitable. Prenant en compte l’eau depuis les glaciers et les barrages, et jusqu’au Léman, le projet semble frappé au coin du bon sens. On l’a vu, les plus gros dégâts et les pertes humaines sont toujours le fait de laves torrentielles ou de montées brusques des cours d’eau latéraux. De sérieux arguments pour les deux projets, donc. ### Couac de communication Au Conseil d’Etat valaisan dans son ensemble d’apaiser les esprits et de faire la synthèse, et vite. A lui d’expliquer avec pragmatisme et professionnalisme sa réforme Rhône 3. A lui de prendre en compte les inquiétudes que celle-ci a suscitées, dans la population, dans certaines formations politiques, dans le canton de Vaud aussi. Pour que la grande histoire du Valais, cette «vallée où le Rhône a son cours, noble pays de mes amours», puisse se chanter encore longtemps.