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Maroc Maroc - LE TEMPS - Tous - 02/Jul 16:00

Pollution aux PFAS: quatre entreprises visées par l'Etat de Genève

Grâce à la loi sur la transparence, «Le Temps» et la RTS ont obtenu les décisions prises en lien avec des sites contaminés à ces polluants éternels. Sont notamment visés: l’usine des Cheneviers, le site de Givaudan et des citernes pétrolières«Concerne: site pollué». C’est ainsi que débute chacune des décisions adressées par l’Etat de Genève aux entreprises, à qui il est ordonné de réaliser une «investigation préalable». Le but: mandater un bureau d’ingénieurs chargé de mener une étude approfondie afin de déterminer l’origine exacte de la contamination de sites industriels aux PFAS, polluants dits «éternels». Etablir ces faits permet, dans un second temps et si nécessaire, de répartir l’ardoise de la décontamination.Le Temps et la RTS se sont associés pour comprendre comment l’Etat de Genève s’attaque à cette problématique relativement neuve dans l'opinion publique, même si les PFAS sont utilisés depuis des décennies par l’industrie, dans les mousses anti-incendie, les cartons à pizza ou les cosmétiques. En avril, nous révélions que les eaux souterraines du canton dépassaient la valeur limite de 50 nanogrammes par litre (ng/l), avec des prélèvements jusqu’à 400 fois supérieurs à cette norme, en 12 points du territoire, notamment le long du Rhône. Le géologue cantonal, Jacques Martelain, déclarait que quatre décisions avaient été prises, entre 2022 et 2024, concernant des entreprises susceptibles d’avoir concouru à cette pollution. Invoquant la protection des données, il n’acceptait pas de les divulguer. _Le Temps_ et la RTS ont ainsi actionné une seconde fois la loi sur l’information du public et l’accès aux documents (Lipad) pour obtenir ces informations revêtant un intérêt public. Sur les quatre décisions, trois nous sont parvenues de manière caviardée. La quatrième entreprise, précise l’Etat de Genève, s’est «catégoriquement opposée à toute transmission», dès lors que la décision fait «l'objet d'une procédure judiciaire pendante». ![Cette décision concerne l’usine des Cheneviers, exploitée par les Services industriels de Genève. — © Oyeyi Sandra (DT)](https://letemps-17455.kxcdn.com/photos/3a4de44c-9534-41e3-b569-42a19b837817 "Cette décision concerne l’usine des Cheneviers, exploitée par les Services industriels de Genève. — © Oyeyi Sandra (DT)") ### Recours de Givaudan Cependant, nous avons pu établir qu'il s'agit de Givaudan. Le géant mondial des fragrances, établi à Vernier à quelques mètres du Rhône, confirme que les modalités de cette «demande de projet d'assainissement», notifiée en septembre 2023, «font l’objet de discussions». Disant ne pas pouvoir indiquer la teneur de la contamination aux PFAS en amont et en aval de son site (soit dans le Rhône). La firme soutient qu’il s’agit de «très faibles valeurs», tout en admettant qu’elles sont supérieures à la norme de référence de l’ordonnance fédérale sur l’assainissement des sites pollués (OSites). Cette requête de l'Etat est susceptible d'être modifiée en raison du recours porté devant le Tribunal administratif de première instance. En 2018, la _Tribune de Genève_ relevait que la firme avait enregistré douze déversements accidentels de substances chimiques, dont quatre avaient eu un «impact sévère» sur l’environnement. En avril dernier, contacté par _Le Temps,_ Givaudan admettait par ailleurs la survenue d’accidents ces dernières années. Mais leur ampleur ne paraît pas en mesure d’expliquer une telle pollution, d’où l’intérêt de l’investigation demandée. ![A Vernier, Givaudan, qui se déploie sur un site pollué aux PFAS, conteste la décision de l’autorité cantonale. — © MARTIAL TREZZINI / KEYSTONE](https://letemps-17455.kxcdn.com/photos/248e2684-1ff9-4320-bf59-50c5c0a7c989 "A Vernier, Givaudan, qui se déploie sur un site pollué aux PFAS, conteste la décision de l’autorité cantonale. — © MARTIAL TREZZINI / KEYSTONE") ### Destinataire inconnu Parmi les trois décisions qui nous sont parvenues, une demeure totalement mystérieuse, le caviardage des autorités ne permettant pas d'identifier le destinataire. Datant de décembre 2022, le document indique que la parcelle figure au cadastre des sites pollués depuis 2004, une époque où les PFAS n’étaient pas encore testés. Cela signifie que d’autres polluants ont contaminé ce site qui appartient manifestement à un groupe industriel également situé le long du Rhône, au vu des éléments figurant dans la décision. En revanche, il est avéré que l’Etat de Genève a demandé ce printemps aux Services industriels de Genève (SIG) de réaliser une telle investigation à l’usine des Cheneviers, à Aire-la-Ville, toujours au bord du fleuve. Ce site était déjà sous surveillance du fait de la détection d’ammonium. Des analyses effectuées en 2021 ont révélé une contamination aux PFAS variant nettement entre l’amont (5-17 ng/l) et l’aval (578-588 ng/l) du site, ce qui suggère que les SIG en sont à l’origine. Ils ont fourni des indications sur l’usage de mousses anti-incendie, une source connue et répandue de pollution aux PFAS en raison de leurs propriétés hydrophiles et hydrophobes. ![L’usine des Cheneviers, incinérateur de déchets dans la commune d’Aire-la-Ville, le 26 juin 2024 à Genève. — © Nora Teylouni / Le Temps](https://letemps-17455.kxcdn.com/photos/8a241855-54bc-4a3b-b729-3cb8cc7f9e63 "L’usine des Cheneviers, incinérateur de déchets dans la commune d’Aire-la-Ville, le 26 juin 2024 à Genève. — © Nora Teylouni / Le Temps") Contactés, les SIG «prendront les mesures qui s’imposent en respectant le délai imparti», qui est de deux ans à compter du 9 avril dernier. La firme ajoute que «l’eau de cette nappe n’est pas consommée» et que l’eau potable distribuée par les SIG, qui provient du lac, ne contient aucun PFAS. A noter que les SIG ne sont propriétaires de l’usine des Cheneviers que depuis 2008. Auparavant, l’Etat exploitait lui-même cette usine d’incinération et pourrait donc devoir s’acquitter d’une partie au moins de la facture d’assainissement, suivant les conclusions de l’investigation. ### De l'essence dans le sous-sol Pour la troisième décision, datant de décembre 2023, l’Etat avait même noirci des articles de loi. Nous sommes néanmoins parvenus à établir qu’il s’agit de la société Petrostock. Cette société exploite 31 citernes pétrolières à Vernier, près de l’autoroute et de l’aéroport, mais c’est Sasma qui est au bénéfice depuis 1962 d’un droit de superficie octroyé par l’Etat de Genève, propriétaire de ce terrain dont les eaux s’écoulent dans le Nant d’Avanchet, puis dans le Rhône. Lire aussi: Les gravières sont probablement la cause de la pollution aux PFAS de la Champagne genevoise La décision sur ce site déjà pollué fait suite à un incident survenu le 18 avril 2023. Ce jour-là, 1550 litres d’essence sans plomb 95 «se sont intégralement infiltrés» dans le sol de la parcelle, menaçant la nappe phréatique qui se situe entre 2 et 8 mètres de profondeur. Cette nappe est considérée comme un bien environnemental menacé. ![Voici la décision caviardée, telle qu’elle nous est parvenue. C’est celle concernant la société Petrostock, qui exploite 31 citernes pétrolières à Vernier.](https://letemps-17455.kxcdn.com/photos/70954fd6-5e15-417d-82af-e317ab0aa5bd "Voici la décision caviardée, telle qu’elle nous est parvenue. C’est celle concernant la société Petrostock, qui exploite 31 citernes pétrolières à Vernier.") Comme c’est la règle, l’entreprise a informé l’Office cantonal de l’environnement et le service de l’environnement et des risques majeurs. Ce dernier veille au respect de l’ordonnance fédérale sur la protection contre les accidents majeurs (OPAM), qui s’applique aux sites présentant un risque important. Les autorités ont demandé, en urgence, une investigation technique ainsi que des prélèvements d’eau relatifs à plusieurs substances nocives que l’on trouve dans les carburants, comme le benzène et des adjuvants. Une analyse des PFAS a également été exigée, puisque «les critères d’assainissement en aval du site pour les eaux souterraines sont dépassés». Dans une prise de position transmise au _Temps_, Petrostock assure pourtant qu’aucun produit pétrolier stocké dans ses cuves ne contient de PFAS. L'entreprise ajoute que l’épandage de l’essence ne présente pas de danger particulier et que la parcelle est classée comme un site «pollué ne nécessitant pas d’assainissement». Son directeur, Fredy Kaufmann, précise que ni les eaux souterraines ni le Nant d’Avanchet n’ont été atteints par cet «incident inattendu». Une fois que les rapports d'investigation seront remis aux autorités, celles-ci décideront s’il faut ou non assainir les sites, et qui devra prendre en charge les coûts. Les critères pris en compte sont l’urgence ou la dangerosité, même potentielle. La loi sur la protection de l’environnement prévoit une responsabilité en l'absence de faute, précise Anne-Christine Favre, professeure de droit public à l'Université de Lausanne. Cela s’applique aussi rétroactivement dans le cas de pollutions survenues lorsque les normes étaient plus laxistes... pour autant qu'elles perdurent, ce qui est le cas avec les PFAS. A lire: Genève découvre l’étendue de la pollution aux PFAS… et surtout ses conséquences

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