Maroc - LE TEMPS - Tous - 29/Jun 15:49

Finir en beauté, comme Roger Federer, en lisant Geoff Dyer

L'écrivain britannique n’a jamais rencontré le tennisman suisse, mais il a attentivement scruté son jeu. De cette observation, il tisse une méditation poétique sur l’art et les manières de tirer sa révérenceEn 1972, Geoff Dyer, adolescent, randonne avec ses camarades de classe dans le Gloucestershire. Au milieu de ce décor sauvage du sud de l’Angleterre, la nouvelle tombe comme une météorite: à 26 ans, le footballeur nord-irlandais George Best annonce mettre un terme à sa carrière. Son alcoolisme en est la cause. A l’époque, Geoff Dyer ignore tout des ravages de la boisson – il ne voit qu’un attaquant star renoncer prématurément à sa passion, et ce petit cataclysme le laisse coi.De nombreux cas de figure similaires n’ont cessé de se reproduire au cours de la vie de l’auteur. Effondrements, déclins, défaites, désintérêts, conclusions: il les a consignés, ou plutôt collectionnés, à en croire la diversité des exemples qui viennent nourrir les pages des Derniers Jours de Roger Federer. Et autres manières de finir. Certains «renoncements» sont prélevés à même la vie de Geoff Dyer: sa fréquentation des concerts de jazz, sa condition physique. D’autres sont empruntés aux grands moments de l’histoire de l’art et du sport: l’interminable longévité de Bob Dylan, le concept de «l'éternel retour» chez Nietzsche, la disparition brutale de Coltrane ou la retraite différée de Roger Federer, qui, bien qu’elle donne son titre au livre et sa marotte à l’auteur, n’est qu’une métaphore parmi d’autres sur l’art de quitter le terrain – au risque d’y revenir.Voir plus