Maroc - HEIDI.HIDORA.COM - A La Une - 04/Jul 16:51

Quand Alice Weidel, figure de l’extrême droite allemande, se mêlait incognito aux gauchistes de Bienne

Au printemps 2017, alors que l’AfD lance sa campagne pour les législatives qui vont le faire entrer au Bundestag, un scandale éclate. Alice Weidel, tête de liste, aurait élu domicile à Bienne, en Suisse. Alors que son parti xénophobe milite contre l’homosexualité, elle y vit avec une femme d’origine sri-lankaise, la réalisatrice Sarah Bossard. Le couple a fréquenté les milieux alternatifs de cette ville multiculturelle avant de ne plus s’y sentir bienvenu. Reportage sur place.Le 25 avril 2017, un Biennois de 68 ans, Niklaus Liggenstorfer, ouvre son exemplaire du Tages Anzeiger et tombe de sa chaise. Cet ancien travailleur social et humanitaire, devenu organisateur de pèlerinages à Saint-Jacques de Compostelle, vient de reconnaître sa voisine dans le journal. Elle trône en dernière page du quotidien zurichois, aux côtés d’Alexander Gauland, poids lourd d’Alternative für Deutschland (AfD) et tête de liste de son parti aux élections fédérales allemandes. Cette étoile montante de l’extrême-droite allemande, dont la photo ne laisse aucun doute, s’appelle Alice Weidel.Il y a une énigme Weidel. Economiste brillante et cosmopolite, parlant mandarin et ayant vécu six ans en Chine pour sa thèse, elle vit en couple avec une femme. Ce profil sociologique devrait la placer dans une sphère libérale, mais la jeune femme blonde défend l’idée d’une «Europe forteresse», semble adepte de la théorie fumeuse du «grand remplacement», et s’apprête à prendre la tête de l’AfD, dont l’aile droite n’est pas avare en références plus ou moins voilées au Troisième Reich.Niklaus n’en revient pas non plus. «Quand j’avais appris, quelques mois plus tôt, que c’était un couple de lesbiennes avec deux enfants qui avait racheté l’appartement du 2e étage, je m’étais réjoui, se souvient-il, dans le café du quartier de la gare de Bienne où il a donné rendez-vous à Heidi.news. Je m’étais dit que ce seraient forcément des personnes ouvertes d’esprit». Lui-même se dit «gauchiste» et il ne détonne en rien à Bienne: la ville la plus bilingue de Suisse, réputée alternative et multiculturelle, est un bastion rouge. Le festival Arteplage à Bienne en 2002. | Keystone / Gaetan Bally Voir plus