Maroc - LE TEMPS - Tous - 13/Jun 20:52

A Genève, la comédienne Davide-Christelle Sanvee pourfend le démon du racisme en Suisse

Au Grütli, la jeune artiste met à nu la peur du «Noir» sur les traces de l’écrivain James Baldwin séjournant à Loèche-les-Bains. Un spectacle aussi cinglant que brillantDésamorcer la fiction raciale, écrit Léonora Miano. Dans son essai, L’Opposé de la blancheur (Seuil), l’écrivaine franco-camerounaise éclaire la généalogie d’un racisme au service d’un projet colonial de conquête de la planète. A Genève, au Théâtre du Grütli jusqu’au 21 juin, la jeune Davide-Christelle Sanvee dit comment cette négation de l’autre, du Noir en particulier, est une maladie mortifère qu’on peine à éradiquer. Dans son formidable Qui a peur, la performeuse suisse d’origine togolaise cerne cette peur de l’étranger qui vire en haine. Tout est cinglant et brillant dans cette radioscopie de l’aveuglement.Le théâtre comme lieu par excellence du regard, c’est-à-dire aussi d’une grille de représentation qu’il s’agit de démonter. Davide-Christelle Sanvee joue superbement de cette fonction originelle de la scène pour pousser le spectateur à réfléchir à ses angles de vision. Comment regarde-t-on l’inconnu qui nous fait face? Avec quelle condescendance aberrante, quelles superstitions grotesques? Dans la cour de l’Hôtel de Ville, à Genève l’automne passé, elle était le cri et l’alarme de ces Africains refoulés des berges de l’Europe. Ce requiem déchirant, elle l’avait appelé Face de pierre et c’était nos indifférences qui nous éclataient à la figure.Voir plus