Maroc - LE TEMPS - Tous - 12/Aug 16:06

A Genève, Washington mènera dès mercredi des discussions pour un cessez-le-feu au Soudan

Après des mois de consultations, les Etats-Unis, l’Arabie saoudite et la Suisse s’apprêtent à chapeauter une première série de discussions. Dans une déclaration dimanche, l’armée soudanaise a affirmé ne pas vouloir participerLes Etats-Unis veulent lancer mercredi à Genève un processus pour un cessez-le-feu au Soudan même si les représentants de l’armée ne viennent pas. Une première série de discussions pourrait durer jusqu’à dix jours, a annoncé lundi leur émissaire Tom Perriello. Dans une déclaration dimanche, l’armée soudanaise avait affirmé ne pas vouloir venir à Genève pour ce format porté par Washington avec l’Arabie saoudite et la Suisse. «Nous n’avons pas abandonné l’espoir qu’elle assiste aux pourparlers», a affirmé Tom Perriello à la presse à Genève.L’armée conteste la présence des Emirats arabes unis comme observateurs et une autre plateforme que celle qui a été menée jusqu’à présent en Arabie saoudite. «Nous lancerons ce processus» qui est «une extension» des discussions saoudiennes, a toutefois dit l’émissaire du président américain Joe Biden.Lire aussi: Les Conventions de Genève, un rempart face à la barbarie? «Nous n’avons rien d’autre» ### Washington, pas prêt à renoncer aux Emirats Après des mois de consultations, Tom Perriello reconnaît que le format serait technique et pas une médiation formelle si cette partie ne vient pas. Il considère le rôle de l’Egypte et des Emirats, tous deux observateurs, comme un outil important et estime qu’ils pourraient être garants d’un accord. «L’armée n’a cessé de retarder le processus saoudien», a insisté Tom Perriello, estimant qu’il n’était pas dans son «intérêt» de faire preuve de son attitude. Il a répété aussi que Washington a condamné à plusieurs reprises le siège d’El-Fasher, au Darfour, par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). L’armée conditionne aussi sa participation à un dialogue à un retrait de ses rivaux. ### Le long chemin vers un cessez-le-feu De leur côté, les FSR se sont engagés à participer aux discussions à Genève. Mais leurs représentants ne sont pas encore arrivés, a précisé l’émissaire américain. Et en l’absence de l’armée, il serait difficile d’évaluer le sérieux avec lequel elles sont prêtes à des avancées concrètes, selon lui. L’objectif à Genève est d’aboutir à plan pour un cessez-le-feu entre ces deux parties en conflit depuis près d’un an et demi. De même qu’à une augmentation de l’accès humanitaire et aux moyens d’appliquer celle-ci. «Il est peu probable que nous résolvions tous les problèmes cette semaine», admet Tom Perriello. Lire également: Face à l’ampleur des violences sexuelles au Soudan: «Ce que l’on fait, c’est une goutte d’eau dans l’océan» En revanche, il n’est pas question de régler le volet politique du conflit. Une approche laissée à l’Union africaine (UA) et que Washington soutient, ajoutant que cette question doit être résolue par la population et non les deux généraux rivaux Abdel Fattah al-Burhane et Mohamed Hamdane Daglo, le chef des FSR. «Il y a des acteurs très négatifs au Soudan qui tentent de mettre les questions politiques avant l’arrêt des affrontements», a insisté Tom Perriello. Les Etats-Unis souhaitent si possible des pourparlers directs avec les deux délégations dans la salle. Ils auraient préféré que ces discussions puissent être menées dès avril ou dans les mois qui ont suivi. Après une première série de dix jours, une pause pourrait être suivie de nouveaux pourparlers. Tom Perriello a tenu à remercier la Suisse pour la «générosité» dont elle fait preuve en accueillant ce nouveau format. Son rôle notamment sur les questions humanitaires pourrait être important, selon lui. ### Plus de la moitié de la population a besoin d’une assistance Les FSR s’étaient déplacées il y a un mois à Genève pour répondre à l’appel de l’émissaire de l’ONU Ramtane Lamamra à discuter d’une amélioration de l’accès humanitaire. Mais le général al-Burhane avait déjà éconduit celui-ci. Lire encore: Guerre: Human Rights Watch dénonce des violences sexuelles généralisées à Khartoum En près d’un an et demi, les violences ont fait des dizaines de milliers de victimes. Le pays est à «un point de rupture catastrophique», a estimé lundi à Genève l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Mirjana Spoljaric a de son côté à nouveau appelé les deux parties à garantir davantage d’accès humanitaire. Plus de la moitié de la population a besoin d’une assistance et plus de 10 millions de personnes ont fui à l’intérieur du pays ou dans les Etats voisins. Une famine est observée notamment dans une partie du Darfour. Les deux parties ont été accusées de possibles crimes de guerre. Des exactions, dont des violences sexuelles, sont encore perpétrées chaque jour, selon l’émissaire américain.