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Un docu-choc, présenté jeudi et dimanche au Festival cinémas d’Afrique à Lausanne, dénonce les atrocités coloniales commises au Kenya tout en s’inscrivant dans une lutte bien actuelle pour une autonomie économique des populations autochtones. PuissantOur Land, Our Freedom, c’est d’abord l’histoire de deux personnalités incroyables auxquelles le spectateur adhère immédiatement. Mukami Kimathi, la mère, et Wanjugu, sa fille, impressionnent par le lien qui les unit. Mukami a été, dans une autre vie, la femme de Dedan Kimathi, leader du mouvement de libération Mau Mau, une sorte de Che Guevara africain, assassiné le 18 février 1957 et dont le corps ne fut jamais retrouvé. La révolte de Mau Mau (1952-1959) fut un épisode particulièrement atroce de l’histoire. Pour lutter contre les rebelles, les Britanniques se sont attelés à la diviser, favorisant certaines ethnies en en discriminant d’autres. La guerre se soldera par 100 000 morts et 320 000 détenus dans des camps de concentration, où tortures et exécutions furent la règle. Lors de l’indépendance du pays en 1963, l’Angleterre referma cette parenthèse sanglante en tentant le déni…La première lutte racontée dans ce long métrage est celle de Mukami Kimathi, combattante et épouse de Dedan qui, pendant les soixante-six ans qui suivirent la disparition de son mari, chercha à lui donner une sépulture dans ce coin du monde où les esprits sont si importants. Ironie du sort ou consécration tardive, lorsqu’elle décède en 2023 à l’âge de 96 ans, elle sera elle-même l’objet d’obsèques nationales auxquelles assiste le président William Ruto en personne. A ce jour pourtant, les restes de Dedan Kimathi n’ont toujours pas été retrouvés. Handicapée à la fin de sa vie, Mukami a mené son combat à travers sa fille Wanjugu. C’est elle qui se déplace pour interroger les anciens, des fermiers, dont les familles furent parquées au temps de la colonisation dans des villages-campements.**Lire aussi notre critique du film «Nome» présenté au Festival cinémas d’Afrique**: [Nome, pour ne pas oublier la Guinée-Bissau](https://www.letemps.ch/culture/ecrans/nome-pour-ne-pas-oublier-la-guinee-bissau) ### **Goulags britanniques** L’histoire de _Our Land Our Freedom_ démarre ainsi un beau jour de 2016 sur une image de Wanjugu en train de creuser la terre. «Je suis originaire du Kenya, et pendant des années, je n’étais pas au courant de la réalité de ces camps de concentration. Encore aujourd’hui, très peu de gens savent qu’ils ont existé et sont prêts à en parler», explique Meena Nanji, l’une des coréalisatrices du film qui réside aux Etats-Unis. C’est en lisant le livre de Caroline Elkins, _Imperial Reckoning. The Untold Story of Britain’s Gulag in Kenya_ [Prix Pulitzer en 2006], qu’elle découvre l’horreur de ces goulags et qu’elle ressent l’envie de les raconter d’un point de vue africain. Meena Nanji et Zippy Kimundu ont fait bien plus qu’un simple film. Le tournage qui dura sept ans a lui-même contribué à la prise de conscience de Wanjugu et à la mise en place d’une lutte plus vaste. En rendant visite à son peuple, Wanjugu réalise qu’au-delà de la question des sépultures, se pose celle de la récupération des terres. Petit à petit, elle qui n’était qu’une simple employée dans un aéroport local se transforme en nouvelle cheffe politique… Pour rappeler les atrocités passées, les deux réalisatrices ont exhumé images et documents d’archives peu, voire jamais, montrés. Pour prouver comment la domination économique est restée aux mains d’une élite blanche et noire cooptée par les Britanniques, elles ont travaillé par intermittence, le plus discrètement possible afin de ne pas se voir frappées d’une interdiction de tourner vu la haute sensibilité du sujet. ### **La liberté, c’est pouvoir cultiver sa propre terre** «Ont-ils obtenu la terre? Non. Ont-ils obtenu la liberté? Pas vraiment, parce que la liberté, c’est pouvoir cultiver sa propre terre et en tirer sa nourriture, c’est avoir un héritage, avoir un endroit où être enterré. Il m’importe que mes films puissent s’adresser à un large public et susciter des conversations», résume Zippy Kimundu. «Les Britanniques ont déplacé tous ces gens sur de mauvais terrains, où il était impossible de cultiver de la nourriture, où le sol était rocailleux ou sablonneux, où il n’y avait pas assez d’eau. Et ils vivent encore aujourd’hui dans ces mêmes villages», complète Meena Nanji. A l’instar de plusieurs autres films présentés dans l’édition 2024 du Festival cinémas d’Afrique à Lausanne_, Our Land, Our Freedom_ apporte un regard nouveau, africain, sur une réalité occultée et sur un sujet hautement sensible. Pour éviter toute forme de censure, les deux réalisatrices ont choisi aujourd’hui de faire d’abord tourner leur film hors de leur pays, en Afrique ou en Europe, avant de le présenter au Kenya. «Lorsque nous reviendrons à la maison, nous voulons être sûres que personne n’empêchera la diffusion du film. Les projections à l’étranger nous donnent cette légitimité» reprend Zippy Kumundu. **Découvrez l’édition 2024 du Festival cinémas d’Afrique**: [Lausanne va se mettre à l’heure africaine](https://www.letemps.ch/culture/ecrans/lausanne-va-se-mettre-a-l-heure-africaine) Une raison supplémentaire – si besoin est – d’aller voir ce film projeté au Festival cinémas d’Afrique dans le cadre d’une sélection kényane réjouissante. Depuis une dizaine d’années, une scène indépendante fleurit dans ce pays est-africain. A travers des genres différents – comédie, films fantastiques ou expérimentaux – elle propose souvent en toile de fond un regard incisif, décolonisé et décomplexé, bien loin de des décors de safari que les blockbusters américains affectionnaient dans les années 1980 et suivantes. Et c’est tant mieux. * * * _«Our Land, Our Freedom» de Zippy Kimundu et Meena Nanji. Lausanne, Festival cinémas d’Afrique jeudi 15 août, 18h30 et dimanche 18 août à 15h. Programme complet du festival (du 15 au 18 août 2024) à consulter en ligne sur [https://www.cine-afrique.ch/](https://www.cine-afrique.ch/)._
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