Maroc - LE TEMPS - Tous - 15/Aug 18:00

Une étude suisse double le nombre de personnes n’ayant pas accès à l’eau potable dans le monde

Des scientifiques de l’Institut fédéral de recherche sur l’eau estiment que 4,4 milliards de personnes ayant un mauvais accès à l’eau surtout pour des raisons de pollutionPlus de la moitié de la population mondiale n’a pas accès à l’eau potable. Des scientifiques de l’Institut fédéral de recherche sur l’eau (Eawag) estiment à 4,4 milliards le nombre d’humains ne disposant pas d’un approvisionnement en eau potable adéquat. «L’accès à l’eau potable est un droit humain», a indiqué Esther Greenwood, première auteure de l’étude. Il est important d’estimer le nombre de personnes dont ce droit est bafoué.Jusqu’à présent, le problème semble avoir été sous-estimé: l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) ont estimé à deux milliards le nombre de personnes privées d’eau potable en 2020. Selon Esther Greenwood, cette sous-estimation s’explique par un manque de données.### La pollution, première cause de souci Les pollutions constituent le plus grand problème pour l’eau potable, comme le montre l’étude publiée jeudi dans la revue Science. Dans 135 pays étudiés, l’eau potable de près de la moitié de la population était contaminée par des matières fécales. «Notre chiffre pourrait lui aussi être encore une sous-estimation», ajoute la chercheuse. Afin de pouvoir faire une estimation pertinente malgré le manque de données, les scientifiques ont eu recours à l’intelligence artificielle (IA). Ils ont entraîné un modèle informatique avec apprentissage automatique à l’aide de jeux de données existants issus d’enquêtes auprès des ménages de 27 pays et de données d’observations de la terre. Ce modèle a ensuite été appliqué aux endroits pour lesquels il n’existe pas de données correspondantes. Selon Esther Greenwood, doctorante à l’Eawag (qui fait partie du domaine des écoley polythechniques fédérales), cette approche est nouvelle dans ce domaine. Les pays à haut revenu n’ont pas été pris en compte dans l’étude, car ils n’étaient pas représentés dans l’ensemble de données ayant servi à entraîner l’IA. Il est toutefois probable que certains groupes de population dans les pays à haut revenu n’aient pas non plus un accès suffisant à l’eau potable, écrivent les auteurs dans l’étude. **Mais à propos de la Suisse:** [En Suisse, les PFAS sont partout, des sols alpins à l’eau potable](https://www.letemps.ch/sciences/en-suisse-les-pfas-sont-partout-des-sols-alpins-a-l-eau-potable?srsltid=AfmBOoqoo2e0ppL1KWmZAe9AFAqDqCHNcJt4fLO0-LFlax4H0p3b5Fec) ### La propreté, un problème majeur Dans les 135 pays étudiés, seule une personne sur trois a accès à de l’eau potable sûre, et dans la plupart des cas, c’est la propreté qui fait défaut. L’eau potable de près de la moitié des habitants des pays étudiés était contaminée par des matières fécales. D’autres points d’approvisionnement en eau potable sont considérés comme peu sûrs, soit parce qu’ils ne se trouvent pas dans la maison ou sur le terrain des consommateurs, soit parce qu’ils ne fournissent pas suffisamment d’eau. «Notre étude montre que nous sommes loin de l’objectif d’un approvisionnement en eau potable sûr pour tous», conclut Esther Greenwood. Elle espère que l’étude contribuera à améliorer la situation. Les zones rurales des pays à faibles revenus, caractérisées par des températures élevées et de fortes variations saisonnières des précipitations, sont particulièrement concernées. Dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, moins de 10% de la population a accès à l’eau potable. Outre l’Eawag, l’EPF de Zurich, l’Unicef, l’OMS, l’Institut tropical et de santé publique suisse et l’Université de Bâle ont participé à cette étude. **Une tribune en période de campagne électorale:** [Ma Suisse de demain: l’approvisionnement en eau potable, défi crucial](https://www.letemps.ch/opinions/debats/ma-suisse-de-demain-l-approvisionnement-en-eau-potable-defi-crucial?srsltid=AfmBOooX-sPSk_AQA0KXiyfSM4ZOEVXWeZm4L5J2WKdoOZ5PXPmIu4e5)