Maroc - LE TEMPS - Tous - 15/Aug 17:35

Mpox: l’appel de l’OMS doit inciter à agir, non à paniquer

EDITORIAL. L’Organisation mondiale de la santé vient de déclencher son plus haut niveau d’alerte en raison de la propagation rapide de cette pathologie virale en Afrique – elle a été signalée en Suède. Rien ne sert de paniquer, il faut se préparer, et surtout venir en aide aux pays concernésDeux ans après une première alerte, l’Organisation mondiale de la santé a de nouveau sonné l’alarme au sujet du mpox, en déclarant que la résurgence en Afrique de cette maladie virale anciennement connue sous le nom de «variole du singe» constituait une «urgence de santé publique de portée internationale».L’émergence d’un nouveau clade de ce virus, semble-t-il plus virulent que celui qui avait causé l’épidémie précédente, sa rapide propagation transfrontalière à partir d’un foyer situé en République démocratique du Congo, ses voies de transmission encore relativement méconnues et la probable sous-évaluation de l’ampleur du problème, dans une région du monde où les services de santé sont défaillants: toutes ces raisons ont convaincu l’OMS de lancer une alerte sanitaire internationale.Lire aussi: Symptômes, nombre de cas, contagiosité: comprendre la résurgence de l’épidémie de mpox ### Un cas en Suède Vue de Suisse, la menace peut paraître lointaine, alors que la vaste majorité des cas actuels sont enregistrés en Afrique centrale. Jeudi soir toutefois, un premier cas hors Afrique a été signalé en Suède. Ainsi, l’histoire récente nous a appris à nous méfier des microbes venus d’ailleurs. Ceux qui, comme le mpox, ou avant lui le SARS-CoV-2, ont la capacité à se transmettre entre êtres humains et peuvent se déplacer au gré des voyages internationaux. L’épidémie de mpox de 2022 avait gagné les Etats-Unis et différents pays européens dont la Suisse, où elle avait entraîné des centaines de cas – heureusement sans décès –, avant de refluer. ### Circonscrire le pathogène à sa source pour éviter sa propagation Le risque ne peut donc être nié, et l’alerte récente doit inciter les Etats à se préparer à une éventuelle arrivée du nouveau microbe sur leur territoire. Elle devrait aussi les encourager à venir en aide aux pays les plus durement touchés. La RDC et les pays voisins ne disposent pas des moyens nécessaires pour juguler efficacement l’épidémie, que ce soit en termes de surveillance du virus ou de moyens de le contrer. Un des enjeux cruciaux de l’alerte actuelle est de faciliter l’accès du continent aux vaccins anti-mpox. Car c’est en circonscrivant le plus possible le pathogène à sa source qu’on parviendra à contenir sa propagation. Il ne s’agit pas de céder à la panique, en particulier dans un pays comme la Suisse, qui dispose de stocks de vaccins et où aucune forme de contrainte de la population n’est envisagée. Mais plutôt de mobiliser les efforts internationaux face à une pathologie dangereuse, dont les victimes sont à l’heure actuelle majoritairement des enfants issus de communautés rurales défavorisées, ainsi que des personnes discriminées comme les travailleurs du sexe et les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes. Si l’appel de l’OMS doit être entendu, il doit donc surtout être compris, afin que des actions pertinentes soient entreprises.