Maroc - LE TEMPS - Tous - 04/Sep 18:47

Ernest Pignon-Ernest, habiter poétiquement le monde

La figure de l’étranger, du créateur incompris, mal-aimé, exilé dans son propre pays et persécuté, incarnée par le poète, irrigue toute son œuvre. Les portraits poignants de l'artiste sont exposés à l’Espace Vuitton Venezia pendant toute la durée de la 60e Biennale de VeniseVisage déchiré d’Artaud, comme sculpté par les épreuves et la douleur. Yeux tristes et embués de Desnos. Regard fier et intense de Pasolini… Nombre des poètes qui ont jalonné et inspiré l’œuvre d’Ernest Pignon-Ernest – dont Rimbaud, Neruda, Nerval, Genet, Glissant, Stephen Alexis – et qu’il a dessinés, sont là, sur les murs de l’Espace Vuitton Venezia, l’illuminant de leur présence magnétique. C’est comme si leur visage disait tout de leur destin, des aspirations, des drames et des tensions de l’époque qu’ils ont traversés.L’artiste admire ces poètes «porteurs de paroles, de colères, de révoltes, d’utopies et d’imaginaires», qui «ont voulu, coûte que coûte, à la suite d’Hölderlin, habiter poétiquement le monde». Un immense tirage numérique de Pasolini assassiné-Si je reviens, que l’artiste a apposé en 2015 à Naples dans une usine désaffectée du quartier Scampia, est accroché à l’extrémité de la salle d’exposition. L’auteur de Théorème, Mamma Roma et Accattone, assassiné en 1975 à Ostie, porte et présente son propre cadavre, en fixant le spectateur droit dans les yeux, d’un regard intense et soutenu.Voir plus