Maroc - LE TEMPS - Tous - 09/Sep 18:50

Kamala Harris, entre jeu de masques et espoir de changement

La métamorphose du vieux président en étincelante candidate donne le vertige tant elle est réussie. Que dit ce tour de passe-passe sur la démocratie américaine?Ce fut sans aucun doute le plus suivi des feuilletons estivaux: comment un vieux président américain, gâteux et «perdant» annoncé, s’est soudain mué en une étincelante candidate, capable de renverser le baromètre électoral. Et ce sans guère toucher au programme politique de son prédécesseur. On peut donc parler d’une véritable métamorphose du personnage politique: si l’emballage change radicalement, le fond reste identique. La persona, c’est aussi le masque selon l’étymologie latine. Ce triomphe de l’image et du marketing électoral a de quoi donner le vertige. Il est si réussi qu’il parvient presque à se faire oublier, comme on le dit du diable qui se cache toujours dans les détails.Voilà qui soulève des questions à la chaîne. La plus évidente d’abord. Au fond, qui gouverne? Un seul homme suffit-il à tenir les rênes du pouvoir? Rien n’est moins sûr, à voir l’affaiblissement cognitif de Joe Biden, qui ne date pas d’hier. Alors, qui décide vraiment? La question ouvre des gouffres de perplexité, d’autant plus en démocratie. Si le président ne détient pas le pouvoir décisionnel, à quoi peuvent bien servir les gouvernants? Leur utilité est ailleurs. Comme les monarques d’autrefois, mais d’une tout autre manière, leurs visages incarnent, plus encore que des valeurs spécifiques, un élan collectif, une narration gagnante.Voir plus