Maroc - LE TEMPS - Tous - 07/Sep 19:22

Michael Rampa, un peintre qui ne manque pas de pigments

Autodidacte, multiprimé, l’enfant de Château-d’Œx a fait de l’aquarelle un art du lien. Son approche quasi mystique de ses sujets révèle une sensibilité intense et une personnalité attachante. Son travail est actuellement exposé au Beau-Rivage Palace, à Lausanne, et à la Galerie ODILE, à Vevey«Un grand portrait de moi dans le magazine T, vraiment?» C’est la mine un peu déconfite que fait Michael Rampa lorsqu’il réalise l’objet de notre visite dans son atelier d’Ependes (VD), sous le toit plat percé de fenêtres d’une halle industrielle. Le vaste espace baigne dans la lumière matinale de juin. Rayonnant, lui aussi, malgré le malaise, le quadragénaire clarifie d’emblée les raisons du quiproquo: il pensait que nous allions écrire un article sur la grande aquarelle représentant des artisans et producteurs romands qu’il a portraiturés, tous fournisseurs d’Anne-Sophie Pic, pour laquelle il se considère comme «un artisan parmi les autres». Selon lui, les gens intéressants, ce sont ces cinq personnes – maraîcher, céramiste, fromager, producteur d’agrumes, vigneronne – œuvrant pour la célèbre cheffe française qui lui a commandé ce tableau. Malgré cette humilité qui l’honore, c’est pourtant bien à ce peintre et dessinateur originaire de Château-d’Œx (VD) que revient tout le mérite de la toile. Destinée à l’une des salles du restaurant gastronomique entièrement rénové du Beau-Rivage Palace de Lausanne, elle dit beaucoup de la singularité de l’autodidacte qui a fait de l’aquarelle l’un de ses principaux médiums.Ses œuvres ont une signature qui tient à sa dextérité de dessinateur et à son talent de portraitiste: il maîtrise la présence des blancs, tout en se limitant à un choix restreint de couleurs pastel. Sa technique donne un effet argentique photographique aux tableaux composés de végétation foisonnante et d’êtres humains qui ont pour la plupart un air méditatif, jamais d’émotions fortes exprimées. «C’est l’un des tout grands aquarellistes contemporains à l’échelle suisse, bien que la peinture à l’huile le séduise beaucoup. Il sait faire vibrer les pigments, même en travaillant de façon monochrome, analyse Christian Egger, directeur de la Galerie C à Neuchâtel et Paris, qui suit Michael Rampa depuis ses débuts. Ses œuvres sont très énigmatiques: on a toujours l’impression de découvrir des éléments nouveaux. Elles nous donnent envie de remplir les blancs en y projetant ce que l’on veut y voir.»Voir plus