Maroc - LE TEMPS - Tous - 28/Aug 18:56

Chez la mouche du vinaigre, l’amour rend vraiment aveugle: en séduisant, elle ne voit plus les menaces

Une fois le processus d’accouplement lancé, la drosophile n’aperçoit plus les prédateurs, révèle une étude. Les humains se comportent similairement, assurent les chercheursLa drosophile ne passe pas seulement son temps à tourner en rond autour des fruits trop mûrs ou des poubelles. Elle cherche aussi à se reproduire, et dans le cas du mâle, avec une telle ardeur qu’elle en vient à ignorer un risque de prédation.L’amour rend aveugle, et la mouche du vinaigre peut littéralement en témoigner, selon l’étude d’une équipe de biologistes britanniques parue dans Nature ce mercredi.Une équipe internationale menée par des chercheurs de l’Université de Birmingham a pour la première fois identifié le réseau de neurones gouvernant cette prise de décision, et le rôle prééminent d’un messager, la dopamine. Lire aussi: Le paradoxe des spermatozoïdes géants de la mouche du vinaigre élucidé ### L’effet de la dopamine «Quand le mâle effectue sa cour et est proche de l’accouplement, on constate très bien que quand on introduit une menace, il ne la voit simplement pas», explique la biologiste Carolina Rezaval, qui a supervisé le projet, dans un communiqué. L’étude montre une augmentation de la dopamine au fur et à mesure du processus de séduction du mâle, qui «agit comme un filtre sensoriel bloquant les distractions et aidant l’animal à se concentrer sur la tâche en cours quand il est près du but». ### Même attitude chez l’humain Dans les premiers instants, la présence d’un prédateur «pousse la mouche à abandonner sa cour, et à échapper au danger», selon Laurie Cazalé-Debat, première autrice de l’étude, citée par l’Université de Birmingham. Mais si la manœuvre de séduction est bien engagée, «l’augmentation de la dopamine bloque des circuits sensoriels clés, réduisant la capacité de la mouche à répondre à la menace et l’amenant à se concentrer sur l’accouplement». Selon Lisa Scheunemann, de la Freie Universität à Berlin, cette attitude se retrouve chez l’humain: «Imaginez que vous escaladiez une montagne et soyez proche du sommet». Même si les conditions météo empirent, «vous pourriez ignorer ce danger car vous êtes proches du but». Lire aussi: La lumière n’attire pas les insectes: ils lui tournent le dos