Maroc - LE TEMPS - Tous - 28/Oct 15:05

Etat de droit et démocratie: un dialogue devenu impossible?

CHRONIQUE. Le malaise démocratique français se mesure aussi au tollé suscité par les propos du ministre Bruno Retailleau: «L’Etat de droit, ça n’est ni intangible ni sacré.» Le peuple, source de la démocratie, a-t-il plus de légitimité que les juges? La réponse tout en nuances d’Olivier MeuwlyA peine nommé ministre de l’Intérieur de la République française, Bruno Retailleau s’est distingué en posant froidement sur la table de l’opinion publique la question de la nature de l’Etat de droit dans nos ordres démocratiques modernes. L’Etat de droit, si souvent psalmodié par les partisans de nos démocraties libérales, ne jouirait-il d’aucune intangibilité, comme l’a hasardé le ministre fraîchement intronisé? Scandale immédiat, surtout de la part d’un ministre chargé de la force publique. Immédiatement épinglé par ses adversaires, il s’est empressé de faire machine arrière, protestant de sa foi démocratique: aucune démocratie n’est pensable sans Etat de droit, a-t-il garanti.La question que Bruno Retailleau a posée par sa hâtive affirmation est néanmoins essentielle et renvoie à une autre affirmation, proférée voici dix ans par l’ancienne conseillère d’Etat vaudoise Cesla Amarelle, qui interrogeait elle aussi les fondements de notre ordre politique. La socialiste suggérait que le peuple, qu’elle se refusait de déifier dans une souveraineté soi-disant «intangible», n’était qu’un organe de l’Etat. Se faisant écho à dix ans de distance, ces deux théories, bien que différentes, induiraient-elles une incompatibilité, contrairement à ce qui aurait été longtemps colporté, entre la démocratie et un Etat dit «de droit»?Voir plus