Maroc - LE TEMPS - Tous - 23/Sep 16:54

De Nagasaki à Gaza, une même banalisation de la destruction

CHRONIQUE. Cet été, l’ambassadeur d’Israël n’a pas été convié aux commémorations du largage de la bombe sur le Japon en 1945. Une décision lourde de sens, qui invite à relire Kenzaburô Oé et son appel à entendre, hier comme aujourd’hui, la voix des survivantsLa nouvelle n’a guère laissé de traces dans la torpeur estivale, mais elle n’en est pas moins lourde de signification. Début août, le maire de Nagasaki refusait d’inviter l’ambassadeur d’Israël, comme cela s’était fait jusqu’alors, à la commémoration annuelle du terrible bombardement qui détruisit sa ville, le 9 août 1945. Officiellement, la décision n’avait rien de politique. Prudent, le maire s’est retranché derrière un motif d’ordre public. La présence d’un représentant de l’Etat hébreu risquerait fort d’attirer une vague de protestations peu compatibles avec le message de paix communiqué par la cérémonie.En réalité, le drame de Gaza suscite depuis de nombreux mois la colère des pacifistes japonais, et notamment celle des hibakusha, ces survivants de l’holocauste atomique, qui sont toujours moins nombreux pour témoigner. La menace nucléaire brandie par des ministres israéliens y est sans doute pour quelque chose. Le maire de Nagasaki a donc choisi de respecter leur indignation, contrairement à son collègue d’Hiroshima, qui a maintenu l’invitation.Voir plus