Maroc - LE TEMPS - Tous - 27/Sep 09:38

Jean-Noël Cuénod, sur les traces du dernier guillotiné de Genève

L’ancien chroniqueur judiciaire s’est plongé dans le sinistre destin de Maurice Elcy, un «beau voyou» condamné à mort et exécuté sur la place de Neuve. Un thème qui fait écho à sa propre histoire et qui raconte comment l’abolition s’est mise en marche dans notre petite RépubliqueIl a parcouru les 632 kilomètres qui séparent son havre du Périgord de l’entrée de Carouge pour la parution de son nouveau bouquin: Le Dernier Amant de la Veuve. Jean-Noël Cuénod, longtemps journaliste, poète dès l’adolescence, ardent défenseur du bio depuis son installation en Dordogne et beaucoup d’autres choses encore, renoue ici avec ses thèmes de prédilection. L’enquête, le procès, les personnages qui ont façonné l’esprit de cette petite République et la peine de mort. Le tout à travers l’histoire du dernier guillotiné de Genève, Maurice Elcy, coupable d’avoir assassiné et détroussé l’horloger Favre-Chantre. Cette ultime exécution a eu lieu le 24 avril 1862, à la place de Neuve, à l’endroit même où se situe aujourd’hui le buste d’Henry Dunant, le fondateur de la Croix-Rouge. De quoi nourrir la plume alerte de l’auteur qui se délecte d’une multitude de détails passionnants.La justice, c’est un peu une affaire de famille. Le père de Jean-Noël, Maurice Cuénod, à qui cet ouvrage est dédié, a été juge au pénal et au civil de 1951 à 1974. Il a notamment présidé la Cour d’assises du canton. Comme stagiaire, ce père avait aussi côtoyé le célèbre avocat parisien Maurice Garçon et mesuré l’impact dévastateur d’une peine capitale. Mais c’est encore un autre souvenir, transmis de génération en génération, qui a fait office d’«élément déclenchant» pour l’auteur. Son arrière-grand-père maternel, Jean-François Barbier, avait 16 ans environ lorsque son père l’a contraint d’assister à l’exécution de Claude Vary, l’avant-dernier condamné à mort de Genève, «pour lui former le caractère et lui montrer le droit chemin à suivre». Mais la Veuve (surnom donné à la guillotine) et le bourreau avaient très mal fait le travail et la scène avait choqué les 10 000 spectateurs présents, dont le jeune garçon révolté contre cette pratique barbare.Voir plus