Maroc - LE TEMPS - Tous - 29/Sep 17:24

La Suisse est-elle encore une méritocratie?

CHRONIQUE. Alors que la répartition des revenus est stable en Suisse, quand on lui demande, la population indique paradoxalement qu’elle a l’impression que les inégalités augmententDans une société libre, le succès d’autrui devrait, en principe, nous réjouir. Car il ne repose plus, toujours en théorie, comme dans le passé sur des privilèges arbitraires sans lien avec le mérite personnel. Dans les faits, si les privilèges de sang et le copinage sont officiellement bannis dans la plupart des sociétés démocratiques avancées, certains schémas de reproduction sociale sont évidemment toujours à l’œuvre.En fonction de la structure politique d’un pays, la méritocratie – cet idéal d’organisation sociale qui vise à récompenser les individus en fonction de leur mérite et non de leur origine sociale – peut ressembler à une forme enjolivée d’héritocratie, qui voit une élite trouver d’autres façons de bloquer ou ralentir subtilement l’ascenseur social. Or, dans une vraie méritocratie, cette fluidité des statuts sociaux doit être garantie dans les deux sens. Ainsi, il est non seulement souhaitable que les méritants puissent s’extraire d’une situation défavorable, mais aussi que ceux qui bénéficient d’une situation privilégiée, sans mérite, puissent la perdre s’ils font des choix désastreux. Les gagnants d’hier ne doivent pas nécessairement être ceux d’aujourd’hui ou de demain. Dans le cas contraire, au sein d’un système avec une faible mobilité sociale, la méfiance envers le succès de son prochain se diffuse, car il nous semble suspect et décourage, faute de perspective d’en tirer les fruits un jour, l’effort. En parallèle, une épidémie de Schadenfreude – la joie que l’on ressent face au malheur d’autrui – se propage. Enclenchant un cercle vicieux.Voir plus