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Ils ont la trentaine et sont issus de la HEM, de la Manufacture et de la HEAD. Ensemble, ils imaginent l’opéra Dernière expédition au pays des merveilles, présenté à la Comédie de Genève en janvier 2025. Plongée au cœur de cette expérience d’émulation créativeUne bande de jeunes à eux seuls. Kim Crofts, metteuse en scène, Benjamin Delpouve, pianiste-chef de chant, Inês Flores-Brasil, chanteuse-lyrique, Lou Golaz, comédienne et Nicolas Roulive, compositeur, se sont déplacés pour cette interview chorale. Le collectif compte également Jérémie Lebreton (metteur en scène), Giulietta Mottini (librettiste), Beatriz Raimundo (violoncelliste), Joséphine Bertou (photographe) et Alexandra Marinescu, qui en est la coordinatrice artistique. Au QG du label Bongo Joe, aux Halles de l’Île à Genève, ils racontent cette aventure commencée il y a une année. Ce projet intitulé OperaLab porté par plusieurs institutions (HEAD, Manufacture, HEM, l’Institut littéraire suisse de la Haute école des arts de Berne, le Flux Laboratory, le GTG et la Comédie de Genève) offre à des alumni de ces écoles une résidence d’une année et demie pour créer un opéra de A à Z en partant d’une feuille blanche. « On a passé beaucoup de temps à discuter de la manière dont nous voulions travailler ensemble. Cette carte blanche vise aussi à inventer notre méthodologie », commence Kim Crofts. Dans ces premières rencontres, chaque membre du collectif pointe ses références. Émerge alors un thème, celui d’Alice au Pays des merveilles de Lewis Carroll. « Il n’a pas fait l’unanimité, explique la comédienne Lou Golaz, mais ce n’est pas parce que nous sommes un collectif que nous devons être d’accord sur tout. La problématique, c’est de réussir à faire en sorte que nos identités artistiques dialoguent et se confrontent. La contradiction est importante. » Les projets de costumes de Dernière expédition au pays des merveilles qui proposera une mise en abîme en forme de satire du milieu de l’opéra et particulièrement de la production d’opéra. — © OperaLab Le personnage d’Alice présente l’avantage de générer un imaginaire collectif, une manière pour tous les membres d’entrer ensemble à la même vitesse dans le sujet. La crainte qui traverse les participants est de tomber sur une matière trop codifiée : « Est-ce possible d’inventer de nouvelles histoires ? Ne finissons-nous pas par reproduire malgré nous toujours le même type de spectacle ? Nous nous sommes posé ce genre de questions », poursuit la comédienne. Le conte initiatique de Lewis Carroll sert de point de départ mais il a été soumis à des variations : « Le monde d’Alice au pays des merveilles se rejoue en permanence, tout comme les fictions qui existent et se maintiennent par la répétition de leur propre histoire, explique Kim Crofts. Le texte original est également une satire de la société victorienne et nous avons poussé la mise en abîme en cherchant dans notre création à en faire une satire du milieu de l’opéra et particulièrement de la production d’opéra. » Une des esquisses du décor de l’opéra en cours de création, aux mains de l’équipe d’OperaLab, inspiré par Alice au pays des merveilles. — © OperaLab Car le collectif Operalab cherche à interroger le processus de création et réfléchit à comment renouveler le genre lyrique. Ces réflexions infusent à tous les niveaux : « En tant que compositeur, je suis forcément confronté à la problématique de la réinvention du langage musical, analyse Nicolas Roulive. Lorsqu’on apprend les techniques de composition, la tentation est forte de chercher la nouveauté, de trouver des techniques étendues, mais on se heurte à la réalité de ce que peut être une partition pour des chanteurs qui doivent pouvoir la mémoriser. » « La vocalité est une dimension esthétique très puissante de l’opéra, renchérit Inês, chanteuse du projet. L’aspect performatif hors du commun attire l’attention, étonne le public. » Lou Golaz complète : « On a cherché les fêlures et les cassures de cette vocalité, qui n’est pas seulement une technicité au service d’un propos. » La future partition explore ainsi d’autres techniques vocales, notamment celles du screaming (voix criarde et agressive) et du growl (voix gutturale et caverneuse) associées au heavy metal. Notamment pour le personnage de la reine : « Afin de sonoriser son caractère névrosé, on travaille avec Inês sur la transition entre des notes chantées et la cassure, pour ouvrir l’univers sonore de ce personnage vers un ailleurs. » Pour ce projet, pas d’instruments en fosse mais en fond de scène : un quatuor à cordes, un quatuor vocal, une flûte, un saxophone, des percussions et deux claviers électroniques. « Il y aura aussi un traitement de la voix en direct grâce à un assistant électronique », précise Nicolas Roulive. « En tant que metteure en scène, je trouve super de pouvoir être en discussion étroite avec Nicolas, ajoute Kim Crofts. On rêve ensemble. Il y a une grande porosité entre ses idées musicales et mes idées scéniques. Comme une sorte de miroir, l’opéra qui compte deux actes aura aussi deux metteurs en scène, un par acte. « C’est une manière de confronter encore davantage nos contradictions ». La curiosité ainsi aiguisée, il faudra attendre janvier 2025 pour pénétrer le pays des merveilles du collectif OperaLab … Titulaire d’un master de soliste de la Haute École de Musique de Genève et d’un master d’anthropologie de l’université Lyon Lumière, Juliette de Banes Gardonne fait une carrière de mezzo-soprano qui l’a conduite sur plusieurs scènes suisses et françaises. Elle a fondé l’Ensemble Démesure et est aujourd’hui responsable de la rubrique musicale au Temps. «Dernière expédition au pays des merveilles » à la Comédie de Genèvedu 22 au 25 janvier 2025
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