Maroc - LE TEMPS - Tous - 17/Nov 18:20

Les jeux de rôle dans le tourbillon de la vie

CHRONIQUE. Les jeux, c’est la culture véhiculaire des générations que je fréquente à l’université. Je suis largué, mais on me soigne. Initiation d’un sexagénaire, sous forme de bizutage, à «Sub-Initiation Odyssey» sur Roll20La génération de condisciples que je fréquente ne boit pas, ne fume pas, ne lit pas, mais elle joue. Aux jeux de rôle, aux jeux de plateau, aux jeux vidéo. Elle parle jeux, vit jeux, conceptualise jeux, organise jeux, théorise jeux. Cela, je le subodorais, – disons en théorie, car c’est une vieille antienne désormais que la gamification galopante de nos sociétés. Mais il a fallu me rendre à l’évidence: la pénétration culturelle de cet univers est une réalité bien plus massive et bien plus concrète que je ne me l’imaginais. Et ça complique la communication: je ne sais pas de quoi mes condisciples me parlent, ne comprends ni leurs clins d’yeux, ni leurs références. Ils vivent dans un monde parallèle au mien. Je suis largué.Quentin et Matteo m’ont donc pris en pitié. Ils sont d’accord que l’on répète le vocabulaire grec et hébreu; que l’on discute des livres au programme, mais pas question que l’on emprunte la clé de la petite salle des étudiants, lovée dans les combles du bâtiment central d’Uni-Bastions, pour ne faire que cela. Ils veulent m’intégrer dans leur univers. Inaugurer un partage; être les mentors en somme du sexagénaire qu’ils ont en face d’eux. Inverser les rôles. Ils veulent m’initier. A un jeu de rôle. Au début, je résiste, mais ils n’en démordent pas: il va falloir jouer. Et non seulement jouer, mais inventer le scénario du jeu.Voir plus