Maroc - LE TEMPS - Tous - 09/Jul 18:24

Face à Poutine, le besoin d’OTAN sans ambiguïté

ÉDITORIAL. Redevenue nécessaire pour contrer l’impérialisme russe, l’organisation transatlantique devra agir de façon plus décisive pour mettre un terme à l’agression contre l’UkraineL’horreur a une nouvelle fois frappé les villes ukrainiennes, faisant des dizaines de victimes civiles. Quel est le message d’un missile tiré sur un hôpital pédiatrique, en plein centre de Kiev? Est-ce l’aveu de faiblesse d’une armée russe qui piétine malgré la masse de soldats envoyés quotidiennement au carnage sur un front qui ne bouge presque plus? Ou faut-il y voir un acte de défi supplémentaire du Kremlin à la veille d’une réunion de l’OTAN? Alors que l’Alliance atlantique se réunit pour son 75e anniversaire à Washington, sa raison d’être est dans tous les cas réaffirmée par l’action de Vladimir Poutine. Les velléités expansionnistes d’une Russie néo-impérialiste forgent un front militaire redevenu indispensable à la sécurité du continent. Lire aussi: Le vertige de l’OTAN prise en étau entre Vladimir Poutine et Donald Trump Questionnée à juste titre après la chute du mur de Berlin, la légitimité de l’OTAN n’allait plus de soi dans un monde s’adonnant à la globalisation économique. La main tendue à Moscou, qui sut un temps la saisir, n’était pas parvenue à dissiper l’impression de relent de Guerre froide véhiculée par une organisation dominée par les Etats-Unis. Face à la violence de l’agression subie par l’Ukraine depuis dix ans, ces doutes sont aujourd’hui envolés. Si les Ukrainiens ont su par leur courage déjouer les plans russes, c’est bien la mobilisation des Etats formant l’OTAN aussi bien que de ceux de l’Union européenne qui leur permet aujourd’hui de maintenir la résistance face aux demandes de capitulation dictées par Moscou, dont tout le monde comprend qu’elles ne se limiteront pas au Dniepr. ### Clarification d’intentions Après plus de deux ans de guerre totale, ce soutien n’en est pas moins frustrant pour l’Ukraine. Car il reste insuffisant et ambigu. L’effort militaire, humanitaire et financier des alliés est réel, mais non déterminant. Les armements arrivent au compte-goutte et leur usage est conditionné. De quoi permettre aux forces ukrainiennes de ne pas céder, sans toutefois pouvoir recouvrer le contrôle de leur territoire. On maintient ainsi un équilibre mortifère. Pour combien de temps encore? De même, les portes de l’adhésion à l’organisation transatlantique restent pour l’heure fermées à Kiev, tout en laissant planer l’espoir d’une ouverture prochaine. On comprend, en réalité, que cette carte pourrait faire partie des paramètres d’un futur règlement du conflit, Moscou exigeant la neutralisation de son voisin. Une clarification des intentions de l’OTAN, pour armer de façon décisive son protégé ou pour peser de tout son poids en vue d’une négociation, sera nécessaire. Avec la montée de l’extrême droite en Europe et la perspective d’un retour de Trump aux Etats-Unis, on n’en prend pas le chemin.