Maroc - LE TEMPS - Tous - 10/Jul 16:46

En quête d’un second souffle, la Chine doit se réinventer

ÉDITORIAL. L’économie chinoise n’est toujours pas remise de la crise du covid. Le Parti communiste va se réunir pour trouver de nouvelles recettes de croissance. C’est toutefois son modèle de gouvernance qui est en questionL’an dernier, les Chinois formaient le groupe de migrants en plus forte croissance à se presser à la frontière des Etats-Unis depuis le Mexique en quête d’une nouvelle vie. Ainsi, 50 000 d’entre eux ont suivi ces nouvelles routes de l’évasion passant par l’Amérique centrale. Ils quittent un pays en proie à la déflation, la baisse des salaires, une hausse du chômage et l’instabilité sociale. Le conte de fées de la globalisation incarné par le «miracle» économique chinois du début du siècle semble bel et bien faire partie du passé.Les autorités chinoises ayant fixé un objectif de croissance à 5% pour 2024, cette panne peut sembler toute relative. Elle pourrait aussi devenir la nouvelle norme pour la deuxième économie mondiale, qui souffre d’un modèle à bout de souffle peinant à se réinventer. La semaine prochaine, le Parti communiste se réunira en plenum pour formuler les recettes d’une relance qui se fait attendre. Cela devrait se traduire par un pas supplémentaire vers une reprise en main de l’économie par l’Etat. Obsédé par le contrôle absolu du pouvoir, Xi Jinping a renoncé à toute nouvelle forme de libéralisation du pays. Mais la consommation, qui devait prendre le relais des exportations comme nouveau moteur de la croissance, ne se décrète pas.Lire aussi: Malgré les promesses de rebond économique, les Chinois changent leurs habitudes de consommation La Chine n’est certes pas seule à connaître une anémie économique. Mais contrairement à l’Europe, elle est engagée dans un cycle plus inquiétant, celui du déclin démographique et d’un vieillissement brutal de sa population dans un pays-continent encore en voie de développement. Son pilotage autoritaire, longtemps vanté, y compris par les ténors du capitalisme, est un autre handicap. La meilleure preuve en est sa gestion de la pandémie de covid, qui s’est traduite par un auto-enfermement de près de trois ans aux effets désastreux et dont le pays ne s’est toujours pas remis. La lueur d’espoir réside dans ses entreprises. Dans plusieurs domaines, elles sont aujourd’hui à la pointe, comme le montre l’exemple des voitures électriques. La Chine pourrait devenir un champion des technologies utilisant l’intelligence artificielle comme l’ambitionne le groupe Alibaba, son marché intérieur étant le plus grand réservoir de données du monde. Pour se développer, ces sociétés doivent toutefois gagner des parts de marché hors de leurs frontières. Dans un contexte mondial de surenchère protectionniste – dont la Chine est largement coresponsable –, le pari n’est pas gagné.