Maroc - LE TEMPS - Tous - 30/Apr 17:56

A Genève, le spectre du favoritisme

ÉDITORIAL. Le directeur des Services industriels de Genève a démissionné, déplorant des attaques injustes à son encontre. Mais la confiance entre une régie publique et les citoyens doit passer avant l’intérêt privéLes Services industriels de Genève (SIG) ont engagé quatre personnes de la famille du directeur général. Et cela ne passe pas. Sous la pression, Christian Brunier a donc pris le chemin de la sortie avec effet immédiat. Pour autant, ce dernier, par la voix du président du conseil d’administration des SIG, Robert Cramer, n’admet aucune erreur. Même pas celle d’avoir trébuché, oublieux du bon sens élémentaire.«Aucune ingérence n’a eu lieu, ces recrutements ont suivi le processus officiel et ces candidatures étaient les plus qualifiées»: ainsi se résume la défense des SIG. Mais à trop regarder les critères procéduriers, la régie publique a manqué de jugeote. Car dans cette affaire, nous ne parlons pas d’un seul et unique poste, ni d’un métier technique qui requerrait un profil ultra-pointu. Non, il s’agit de quatre postes au sein de différents services, tels que la communication ou les relations clients. Difficile de faire croire à la population qu’une telle prévalence familiale était inévitable.Lire aussi: Après des soupçons de népotisme, le directeur des SIG démissionne et la régie publique promet un audit Au nom du bon sens, n’aurait-il pas fallu limiter les embauches familiales liées au directeur? A cette question, Robert Cramer a botté en touche. Si un débat est lancé sur l’opportunité d’exclure d’office certaines candidatures pour cause de proximité avec un employé, alors toutes les institutions publiques doivent participer à la discussion, a-t-il défendu. Il a raison. Ce débat dépasse le terrain des SIG, bien que d’éventuels manquements ailleurs ne les exonèrent pas de leur responsabilité actuelle. Pour preuve: la nomination du père de la conseillère d’Etat Delphine Bachmann à la tête d’un office cantonal et les embauches controversées en ville de Genève ont fâché. Chacun des cas pose la question du raccourci que certains semblent pouvoir emprunter pour obtenir des postes dans l’administration publique. C’est pourtant simple: cette dernière, financée par chacun, doit se montrer égale envers tous. Elle doit surtout être capable d’éviter que ne s’installe un doute sur un possible favoritisme. Lire aussi: Un ex-employé des SIG: «Mon manager m’a dit d’arrêter la sélection et d’engager cette personne» Cette affaire ne remet pas en question l’efficacité des 1700 employés des SIG. Pour rappel, la régie pratique les tarifs d’électricité parmi les plus bas de Suisse. Le signal donné par cette démission s’adresse avant tout aux cadres de la fonction publique: ils sont garants de la confiance des citoyens envers leur Etat.