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Maroc Maroc - LERAL.NET - Actualité National - Hier 11:58

MOBILISATION DE L’EPARGNE INTERIEURE : UMOA-Titres à pied d’œuvre

La septième édition des « Rencontres du marché des titres publics » s’est tenue du 21 au 22 janvier 2025 à Abidjan, la capitale ivoirienne. Cette année encore, elle a été l’occasion pour les acteurs de constater la résilience du marché dans un contexte difficile, mais aussi de mettre le doigt sur les enjeux et défis du marché local de la dette souveraine au sein de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (UEMOA). Dans sa dynamique d’accompagner les Etats membres de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (UEMOA) pour mobiliser des ressources visant à financer leurs économies, UMOA-Titres, institution sous-régionale, a mobilisé, à Abidjan, les acteurs du secteur financier autour de la thématique générale « Mobilisation de l’épargne intérieur :  quelles exigences pour soutenir le développement du marché financier en zone UMOA ». Ce sont plus de 250 participants qui ont été présents au Novotel Adagio Marcory, sur les bords de la lagune Ebrié, en plus des 1600 en ligne, qui ont pris part du 21 au 22 janvier 2025, aux « Rencontres du marché des titres publics (REMTP 2025) », cadre stratégique d’échanges sur les défis et opportunités du marché régional de la dette souveraine. Le marché a dû faire face aux besoins de financement croissants des émetteurs « et à des tensions de liquidité sur le marché qui », selon Madame Diassé, « se sont traduits par une baisse des taux de couverture des émissions, une baisse de la durée de vie moyenne de la dette émise par nos Etats et des taux de sortie continuellement en hausse. » Prenant la parole à l’ouverture des travaux, Mme Oulimata Ndiaye Diassé, directeur de UMOA-Titres, a d’emblée campé le contexte, non sans souligner la résilience du marché en 2024, « malgré un contexte difficile marqué par des besoins croissant des émetteurs et des tensions de liquidité », dit –elle. Illustrant son propos, elle a indiqué que « les Etats membres ont pu mobiliser 8127 milliards de FCFA en 2024 sur le marché des titres publics, soit une hausse de 13% par rapport à 2023 ». A sa suite, M. Désiré Sèdjro Bossou, Responsable des opérations et de la promotion des titres publics a saisi l’occasion pour  faire le bilan des émissions des États. L’examen de ce bilan a fait ressortir les efforts des investisseurs, tout en soulignant la nécessité d’harmoniser les pratiques pour améliorer le marché. Il apparaît dans la répartition des émissions par Etat, que la Côte d’Ivoire a mobilisé plus de ressources que ses voisins sur le marché des titres publics, avec un encours à hauteur de 54% soit 3 543 milliards de Fcfa au cours du 4ème trimestre 2024. Le Sénégal arrive loin derrière (19%) soit 998 milliards de FCfa dont 616 milliards de FCFA en Bons Assimilables du Trésor (BAT). Globalement, la répartition par instrument affiche une prévalence des titres courts, qui affichent une croissance de 40% (BAT) par rapport à 2023, tandis que les taux de couverture ont certes baissé tout en demeurant au-delà des 100%. Concernant le stock, tous Etats confondus, l’encours global est de 17 900 milliards de FCFA soit une croissance de 23% contre 14 000 milliards de F Cfa en 2023, en revanche le marché secondaire s’illustre à travers un montant total échangé de 3 400 milliards de Fcfa contre 2 000 milliards de Fcfa en 2023. Généralement réparti entre panels de haut niveau, discussions stratégiques et autres master class,  les « Rencontres du marché des titres publics » ont connu pour  l’édition 2025 une innovation dans le  programme, à travers un format inédit de « Conversation pays  », permettant aux émetteurs de titres d’échanger sur des thématiques spécifiques, ainsi qu’une présentation des programmes d’émissions pour 2025.     Le mur des lamentations Le marché régional pourrait devenir la principale source de financement interne des pays de l’UEMOA. Encore faudrait-il lever les nombreux obstacles qui représentent des défis importants. Malgré l’évolution positive du marché, celui-ci se heurte encore à la rareté des ressources, qui renchérit leurs coûts et les remboursements se font sur des maturités plus courtes, suscitant un recours soutenu des BAT (Bons Assimilables du Trésor). Au cours des panels qui ont rythmé la 7ème édition des « Rencontres du marché des titres publics », les acteurs ont souligné la sempiternelle problématique de l’élargissement de la base des investisseurs sur le marché financier régional. Dominée par les banques commerciales, celles-ci en tant qu’acheteurs, détiennent 90% de la dette souveraine sur ce marché. Pour les experts, cette sous-représentation des institutionnels s'expliquerait notamment par un contexte réglementaire sous-régional, qui limiterait le champ d'action de certains acteurs, mais aussi, la structuration des systèmes de retraite, limite l'intérêt pour les marchés financiers, ou une offre plus limitée auprès des banques et SGI (Sociétés de gestion et  d'intermédiation). Les échanges ont abouti à la nécessité de réformes du marché, afin d’y accueillir d’avantages d'assureurs et de fonds de pension qui, au demeurant, permettent notamment de supporter des emprunts à plus long terme (sur 10 ou 20 ans), contrairement à des maturités plus courtes, comme observé actuellement sur le marché. Les responsables de UMOA-Titres souhaitent en tout cas s’inspirer de l’exemple marocain, qui a été présenté par Mme Salwa Saidi, directrice Allocation stratégique comptes tiers, au Groupe Caisse de dépôt et de gestion. Par ailleurs, le marché secondaire non seulement manque de liquidités, mais il n’est pas structuré et, la stratégie d’achat et de conservation des titres jusqu’à maturité dite de « buy and hold » par les banques, représente un goulot. Du coup, les émetteurs se contentent de lever du cash sans s’assurer derrière, d’une bonne animation du marché secondaire, afin de lever à moindre coût sur le marché primaire. Il s’y ajoute les nombreuses contraintes opérationnelles (capacités de prévision et de gestion de la trésorerie publique, préparation et coordination des émissions notamment), qui continuent d’affecter le développement du marché ; on peut citer notamment l’absence de profondeur qui pèse sur l’efficacité des politiques monétaires. Le défi est donc de trouver les moyens d’approfondir le marché et de renforcer sa capacité d’absorption.   11 000 milliards en déshérence   De 2020 à 2022, les ressources financières mobilisées dans l’espace UEMOA s’élèvent à environ 8.000 milliards de Fcfa, soit 2.018 milliards de Fcfa pour l’année 2020, 1.950 milliards pour l’an 2021 et 3.727 milliards de Fcfa en 2022. La croissance du taux de l’épargne dans la contribution du Produit intérieur brut (PIB) qui était en 1998 de 14,4% du PIB, est estimé en 2022 à 20% du PIB. Le potentiel de croissance est donc important si l’on considère qu’entre 2022 et 2024, un pactole de 11 000 milliards (chiffres de la BCEAO) de Fcfa circuleraient entre « le matelas et le sommier ». Le marché des titres publics, conformément à sa mission, a ainsi fort à faire pour mobiliser cette épargne.   Demain, le marché Le développement du marché financier régional n’est pas une option, c’est un impératif car, ainsi que l’a rappelé le président de l’Autorité des marchés financiers (AMF), M. Badanam Patoki, « Nous avons vécu suffisamment de moments difficiles, il y a à peu près deux ans, avec pratiquement une interdiction d’accéder aux marchés financiers internationaux. On comprend alors aisément que si aujourd’hui il y a une évolution, cela signifie qu’il n’est pas impossible que l’on revive les difficultés. D’où une absolue nécessité de travailler au développement de notre marché. » Dans cet échange « sur le gril » qui a été un point d’orgue  de  la 7ème édition des « Rencontres du marché des titres publics (REMTP 2025) », il a été question des orientations du marché pour les années à venir. Concernant les réformes à mener, la relecture des textes de base qui datent de 25 ans est pointée comme une des priorités. Il faut donc, selon M. Patoki, « Faire en sorte que ces textes offrent une meilleure protection des investisseurs sur le marché. » Il s’agit, surtout de favoriser l’implémentation de produits que la règlementation ne permet pas encore, comme les produits dérivés.  Une forte demande du secteur privé sur ces produits serait constatée et un marché serait en cours, et devrait permettre en 2025, de gérer les sécurités. L’ambition est donc de finaliser ce projet, « idéalement » avant la fin de cette année ou au plus tard en début d’année prochaine.   L’impérieuse nécessité   La perspective intègre également la lancinante question fondamentale de l’harmonisation de la fiscalité sur les titres, qui devrait permettre de faire un saut qualitatif. « Une étude relative à cette question a été commanditée, mais elle n’a pas abouti et il faut qu’on reprenne », souligne M. Patoki, qui a également évoqué l’élargissement de la base des investisseurs toutefois en précisant que « un travail doit être fait sur la règlementation des fonds de pension et des assureurs, par exemple. » Entre autres projets structurants, la digitalisation en lien avec la mise en place d’une banque de données, pour une information marché fiable pour les investisseurs, sont un autre challenge qu’il faudra relever car souligne le président de l’AMF, « Même si nous avons avancé avec la bourse en ligne, ça ne suffit pas ». Dans la foulée il annonce également la création en 2025, d’un Fonds de protection des épargnants. Les échanges ont aussi porté sur la question cruciale de l’éducation financière et le renforcement de capacités des acteurs ; à  ce niveau les échanges ont montré, et sur la base des textes, que les cartes professionnelles relatives au contrôle des connaissances qui devaient être délivrées ne l’ont pas été « Nous comptons sur le Conseil des ministres de l’Union afin de mettre en place ce dispositif », a expliqué M. Patoki qui se demande  d’ailleurs s’il faut continuer à travailler en solitaire sur ce sujet, ou en synergie avec la BRVM, qui a un projet d’académie et UMOA titres pour arriver à une certification unique ?  Mis à part toutes ces problématiques, s’ajoutent d’une part, celles liées à la tarification qui devrait rendre le marché plus attractif, et pour laquelle une feuille de route est déjà élaborée, et d’autre part,la notation financière en monnaie locale, qui devrait être mieux prise en compte dans les évaluations de risque crédit. A l’issue des deux journées intenses d’échanges et de discussions, on retiendra que les principales préconisations pour améliorer la collecte de l’épargne, notamment : * Le renforcement et de la culture financière dans les Etats de la zone UEMOA ; * l’accélération de la digitalisation pour faciliter la collecte de 11 000 milliards ; * la diversification des produits pour débloquer les poches de liquidités en vue de réduire le coût de la dette pour les émetteurs ; *la mise en place des réformes et produits idoines au sein des caisses de retraite, de dépôts, des instituts de prévoyance et des compagnies d’assurance. Au-delà de toutes ces réflexions et de toutes ces actions qu’il convient d’engager, le directeur de UMOA-Titres, madame Oulimata Ndiaye Diassé dans sa déclaration de clôture a fixé le challenge en ces termes : « Nous pouvons nous accorder sur l’impérieuse nécessité de travailler de manière concertée entre acteurs de l’écosystème pour atteindre nos objectifs ». L’appel sera certainement entendu.  Lejecos Magazine Source : https://www.lejecos.com/MOBILISATION-DE-L-EPARGNE-...

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