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Maroc Maroc - LERAL.NET - Actualité National - 18/Sep 17:34

L’Atlantique, ce mirage d’espoir, cette illusion du Bonheur

Dans ces moments de tristesse généralisée, la nation s’est réveillée dans l’émoi et la consternation, suite au drame qui s’est produit au large de Mbour, où la jeunesse vient encore une fois d’être touchée de plein fouet par un coup fatal. Ce drame qui rappelle l’holocauste des temps modernes, doit nous interpeller au plus profond et nous emmène à faire un diagnostic sans complaisance, pour trouver les causes premières de ce désarroi, qui pousse la jeunesse à la funeste tentation. Pourquoi boire la ciguë par une entreprise mortifère ? A la recherche de conditions de vie meilleures, des jeunes sont prêts à risquer leurs vies pour une hypothétique rédemption. Les causes de ce fléau peuvent s’expliquer par plusieurs raisons, notamment la raison sociale. L’une des causes principales nous renvoie à la composition de la société sénégalaise. La pression sociale constitue l’un des facteurs premiers, du fait que le projet d’émigration est économique, c’est du moins la représentation que la société sénégalaise en fait. Les stigmates de la colonisation font que l’esprit des autochtones, est marqué par une idéalisation de l’Occident qui, dans leur imaginaire collectif, est synonyme d’Eldorado. Pourtant, une fois en Europe ou en Amérique, la déception prend le dessus sur l’espoir. La précarité doit être le quotidien et la déchéance de la dignité, le tremplin de ces milliers de jeunes, que l’indifférence finit par désigner comme migrant. Notre artefact culturel repose sur un assistanat, par lequel tout enfant a une obligation de réussir par reconnaissance vis-à-vis de ses parents. Cet état de fait est une pression sur une jeunesse impréparée dans un contexte austère et incertain, d’où grandir avec ce fardeau, a des conséquences néfastes sur la psychologie de cette dernière. Les jeunes non outillés pour une entreprise de réalisation (sociale), sont confrontés au regard livide d’une société, qui a évolué de la matérialité vers le matérialisme. Jadis, le Sénégal comme la plupart des sociétés africaines, était marqué par une vie communautaire, où sous le palabre, toutes difficultés trouvaient des solutions par un déploiement collégial et une prise en charge hiérarchisée. Aujourd’hui, nous constatons l’émergence d’une « Société importée » qui ,marquée par la doxographie et le mimétisme culturel, est fortement tournée vers le matériel, dans un exhibitionnisme ostentatoire. Ce nouveau modèle de vie exclusif et marginalisant, sonne le glas avec une jeunesse qui ne retrouve plus sa place dans un schéma social en pleine mutation. Dès l’adolescence, la jeunesse porte un lourd fardeau qui trime sur la conscience et qui impacte sa socialisation et son bien être dans le Clan. La charge imposée donne le sentiment d’inutilité et la contraint à l’aventure extrême, par des prises de risques qui flirtent avec la mort. D’abord, par un exode rural qui rend orphelins les terres et les troupeaux, ensuite telle que la traite négrière, défier l’Atlantique en ôtant à la patrie tout espoir de décoller, car abandonnée par sa jeunesse détentrice de la force et des idées novatrices. Quid de la faillite des politiques publiques dédiées à la Jeunesse ? La Jeunesse a toujours occupé une place de choix dans l’élaboration des politiques publiques au Sénégal. Mais le foisonnement des politiques publiques affectées à la frange jeune, n’a pas pour autant réussi à endiguer un chômage galopant noté ces dernières années. Depuis l’indépendance, les différents gouvernements qui se sont succédé, n’ont pas réussi à prendre en charge d’une manière efficiente, les préoccupations de la part la plus importante d’une population, qui ne cesse de croître. La formation et l’insertion des jeunes se trouvèrent au cœur de la gouvernance publique dès l’aube de l’autonomie dans les années 60. Toutefois, le constat d’inefficacité s’impose, l’Etat n’a jamais réussi à maîtriser ce paradigme de la Jeunesse. De régime en régime, les aspirations liées à celle-ci, n’ont pu être satisfaites : des programmes obsolètes ne tenant pas compte de notre histoire et de nos réalités socio-politico-anthropologiques. Une formation non professionnalisante, qui ne trouve pas une passerelle avec l’emploi. Des formations qui ne stimulent pas notre mémoire collective et notre commun vouloir de vivre ensemble. Une éducation dépourvue de référentiel, qui n’inculque pas la citoyenneté et ne transmet plus la fibre du patriotisme. L’école est devenue un dépotoir de non rêveurs et accentue l’exclusion de la Jeunesse. Au cours des dernières décennies, on note la création de beaucoup de mécanismes pour accompagner l’emploi et la formation des jeunes ANPEJ, DER/FJ, entre autres. Des outils qui peuvent être intéressants si débarrassés de la politique politicienne. En effet, la forte propension de la politique dans la gouvernance publique, est un frein à l’accès à l’emploi des jeunes du fait de l’absence d’équité sociale et de méritocratie. La gabegie, la kakistocratie, la gérontocratie que nous avons connues récemment, montrent à suffisance la rupture d’égalité et amenuise les possibilités de la Jeunesse de trouver une voie. Une nouvelle ère pour requinquer une Jeunesse désarçonnée ? Depuis février 2024, nous assistons à une transition démocratique au Sénégal, qui appelle à rompre d'avec ce qui se faisait avant. La rupture systémique prônée par le ticket Sonko-Diomaye, qui se résume au tryptique Jub-Jubal-Jubanti, a eu l’adhésion de la Jeunesse. Au-delà de la portée sémantique de ce lexème, il apparaît comme une lueur d’espoir dans un contexte difficile, auquel est confrontée la Jeunesse du Sénégal. Cette difficulté s’explique par une géopolitique internationale fortement marquée par des tensions diverses, (la guerre russo-ukrainienne, la question palestinienne), qui ont leurs conséquences sur la marche du monde et des peuples. A cet effet, les nations sont frappées d’austérité et sont de plus en plus freinées dans leur élan de maîtriser les aspirations sociales. En plus de cette situation tendue, s’y ajoute une jeunesse au contact des réseaux sociaux et du monde extérieur. Elle y côtoie des jeunesses avilies, qui se sont affranchies, et comme conséquences, elle a de plus en plus des exigences d’émancipation et une ferme volonté de souveraineté à multiniveaux. Ce sursaut de transformations s’accommode-t-il aux réalités existentielles ? « Philosopher, c’est l’intelligence de ce qui est », disait Montaigne. A l’image du Brahmanisme Hindou, le changement de régime de 2024, s’annonce comme étant l’occasion d’une réincarnation heureuse d’une jeunesse en quête d’une meilleure prise en compte dans le dispositif sociétal. Elle est demandeuse de Justice et d’égalité, à la fois par une inclusion sociale et une équité territoriale, pour le retour d’un rêve sénégalais, dont les fondements sont la probité, la compétence, l’expérience et la méritocratie. Cette nouvelle conscience sénégalaise doit transcender obédiences, cultes et opinions, pour enfin, permettre l’ascension à tous les jeunes désireux de se battre et leur offrir un cadre où le maître mot, reste l’égalité des chances. L’Occident en déclin, la Chine en route de soie, les dragons d’Asie sur orbite à la recherche de nouveaux marchés, l’Afrique a une carte à jouer dans l’échiquier international et reste l’alternative dans un avenir proche. A cet effet, le Sénégal avec la découverte des hydrocarbures, doit compter sur sa jeunesse, qui représente l’atout le plus important au niveau de sa démographie. Pour ce faire, il faut repenser l’éducation, en basant les programmes dès le bas âge, sur des divertissements scientifiques, à l’image du Canada, la programmation informatique par exemple, en réintégrant les devanciers comme Thierno Sileymane Baal, Cheikh Omar Tall, Serigne Touba, Elhadj Malick, Baye Niasse, Archevêque Thiandoum, etc. L’accès à la terre ou une politique de réintégration sociale des jeunes, efficiente, en améliorant le PUDC, Le PUMA, la PROMOVILLES. A travers les outils d’accompagnement précités, mettre en place un incubateur de projets et accompagner les projets les plus porteurs et susceptibles de renforcer le tissu économique national. Comme le Maroc, favoriser une régionalisation des politiques économiques, en tenant en compte pour chaque terroir, de ses atouts. A la jeunesse, participer à l’effort national, en se formant, en entreprenant et en prenant des risques dans des secteurs stratégiques, pour enfin, un Sénégal de prospérité endogène. L’Occident n’étant plus qu’un mirage d’espoir et une illusion de bonheur, l’Afrique quant à elle, reste le terreau fertile pour une émergence effective. Baye Dame Mbengue Diplômé des Sciences Politiques Agent Consulaire

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