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Maroc Maroc - JOURNAL DU MALI - A la Une - 13/Sep 12:59

Inondations : Faut-il craindre le pire ?

  Alors que le nombre des victimes des inondations augmente, les alertes aux risques de nouveaux sinistres continuent d’être lancées. Dans un communiqué en date du 3 septembre, le ministère de la Sécurité et de la protection civile avertit de l’inquiétante hausse du niveau du fleuve Niger. Dans sa note, le ministre informe sur les risques de débordement des eaux et les inondations que cela pourrait provoquer. Des vagues aux conséquences désastreuses qu’il faut dès à présent penser à gérer. Le 23 août 2024, lors du Conseil des ministres extraordinaire, les autorités ont adopté le Plan d’organisation des secours qui comporte certaines mesures et décidé de déclarer l’état de catastrophe au plan national suite aux inondations. Un fait inédit qui confirme l’ampleur de la situation, avec instruction au ministre de l’Économie et des finances de mobiliser 4 milliards de francs CFA pour faire face aux conséquences, renforcer le stock national de sécurité alimentaire et apporter l’assistance aux ménages touchés. La situation hydrologique le long du fleuve Niger et du Bani est alarmante. Désormais, la côte d’alerte est atteinte à Beleny Keny (San). Elle est dépassée de 2 centimètres à Bamako et de 4 centimètres à Sofara (Mopti). Les risques d’inondation restent donc très élevés sur la majeure partie du pays à cause de la poursuite des manifestations pluvio-orageuses, selon les prévisions des services météorologiques. Activé par le ministère de la Sécurité et de la protection civile par décision en date du 30 mai 2024 pour la période du 1er juin au 30 octobre 2024, le Centre de coordination et de gestion des crises (CECOGEC), logé au ministère de la Protection civile, multiplie les communiqués. À la date du 5 septembre 2024, on enregistrait 254 cas d’inondations survenus à Bamako et dans toutes les régions depuis le début de l’hivernage, 6 cas de vents violents, 7 cas de foudre, 9 331 cas d’effondrements et 12 117 maisons à risque d’effondrement ou endommagées. Etat de catastrophe Face à cette situation exceptionnelle, et avec la déclaration d’état de catastrophe au plan national, les autorités ont adopté un Plan d’organisation des secours qui comporte différentes mesures. Parmi elles, la poursuite de la sensibilisation sur les risques d’inondation, le curage des collecteurs et caniveaux et le recensement des constructions obstruant les voies d’écoulement des eaux en vue de leur libération. Si ces mesures paraissent bien utiles, leur mise en œuvre semble bien compliquée en cette période. Plusieurs ménages, dans le District de Bamako et dans plusieurs régions du Mali, sont désormais en alerte. Les populations sont même « invitées à la vigilance et à l’évacuation des zones riveraines » des cours d’eau en raison des risques très élevés d’inondation dans une majeure partie du pays. Quand au curage des caniveaux, les opérations apparaissent comme un éternel recommencement tant les normes et règles en la matière sont loin d’être respectées. Entre le mois d’août et celui de septembre, les autorités ont dû procéder à des « opérations coups de poing » pour libérer des caniveaux fermés par des boutiques au bord de la route. Concernant la libération des emprises du fleuve, la tâche s’annonce colossale et quelque peu illusoire. L’absence de Plan d’aménagement pour la capitale est à cet effet un préalable indispensable sans lequel il sera difficile de prévenir d’autres catastrophes. Indexé, en plus des effets du changement climatique, le comportement humain rend souvent les populations sinistrées  doublement victimes de la situation. Propriétaires ou locataires de maisons construites au mépris des règles, elles ont quelquefois tout perdu dans les inondations. Relogées dans des écoles en attendant une accalmie, elles redoutent l’approche de la rentrée, ne sachant plus où aller. Outre les aides d’urgence, ces victimes ont besoin de bien plus pour garder espoir. Des moyens en deçà de la demande À la date du 22 août 2024, les autorités « ont apporté l’assistance nécessaire aux sinistrés à travers la fourniture de vivres et non vivres, la distribution de 128 595 800 francs CFA de cash et le relogement de 903 ménages dans des écoles ». Des réponses tout de même insuffisantes face à l’ampleur des dégâts. Conscientes de cette situation, les autorités ont fait appel à la solidarité nationale et internationale. Du 28 août au 2 septembre, il y a eu 29 cas d’inondations, 9 effondrements, 1 cas d’électrocution par la foudre, 4 7 77 personnes sinistrées, dont 1 261 hommes, 1 333 femmes et 2 184 enfants, 20 pertes en vies humaines (Bamako 8, Koulikoro 9, Ségou 1, Kita 2) et 8 blessés. Les besoins pour cette période étaient de 25 tonnes de riz, 25 tonnes de mil et 1 625 litres d’huile, sans compter les besoins en non vivres. Pour la même période, le ministre en charge de l’Assainissement et de l’environnement informait que pour l’aménagement des collecteurs financé par le Budget national et certains projets, le taux d’avancement était d’environ 60%. En ce qui concerne le curage des caniveaux, pour les 213 km à curer, il fallait noter un taux d’avancement de 20%. Des efforts louables, mais qui semblent dérisoires face à l’ampleur de la tâche. Habituellement confrontées à la problématique d’évacuation des eaux de pluie, la capitale et plusieurs localités du pays sont dépassées par les défis de l’heure. Pour y faire face, les autorités ont décidé d’encadrer l’intervention des acteurs humanitaires, qui sont nombreux sur le terrain. Selon le ministère de la Santé et de l’action humanitaire, 18 000 ménages ont besoin d’une assistance d’urgence et 3 milliards de francs CFA doivent être mobilisés par le département pour faire face aux conséquences de la catastrophe. Le ministère a donc sollicité le concours des partenaires pour contribuer à réduire l’impact des dégâts et circonscrire les conséquences d’une situation inquiétante. Dans « ce nouveau contexte d’extrême urgence », la ministre a souhaité non seulement « plus de solidarité et d’engagement », mais également une coordination des actions pour plus d’efficience. Le ministère, qui en outre été impacté à travers ses services, dont la Pharmacie populaire du Mali, redoute les conséquences que pourraient avoir ces inondations sur le système sanitaire et la situation déjà vulnérable de plusieurs personnes. Risques sanitaires En alerte depuis plusieurs semaines, les populations victimes d’inondations se préoccupent en outre de l’après sinistre. Une période délicate qui pourrait être propice à la prolifération de certaines pathologies, comme les maladies diarrhéiques ou encore le paludisme ou d’autres maladies liées à la prolifération des moustiques. Compte tenu de la fragilité du système sanitaire, cette période est attendue avec appréhension par les acteurs. « L’après inondation nous préoccupe » et « ce n’est pas négligé », soutient Markatié Daou, Président du comité de crise des ressortissants de Bla. Une grande partie du mur du Centre de santé de référence (CSREF) de cette localité a cédé, explique M. Daou.  Une situation qui pourrait avoir plusieurs conséquences. Cette structure, censée accueillir les malades référés par les Centres de santé communautaires (CSCOM), ne pouvant plus les accueillir, ces deniers seront pris en charge avec les moyens des CSCOM, qui à défaut les orienteront vers Koutiala ou Ségou, toutes deux distantes de Bla d’environ 80 km. Et l’état des routes en cette période de fortes pluies ne favorise pas le transport. Il s’agit donc de « faire en sorte de reconstruire le centre et de remplacer les médicaments perdus ».   La crise sanitaire est donc une menace supplémentaire qui plane sur les personnes sinistrées. Une crise généralisée qui semble avoir été anticipée avec la déclaration de l’état de catastrophe au niveau national. Selon le dernier communiqué du Centre de gestion des crises, seules 2 régions n’ont pas été touchées lors des derniers incidents. Dioïla, Ségou, Bandiagara, Sofara, Tombouctou, Kita, Kayes, la liste des localités touchées n’est pas exhaustive. Outre les effondrements de maisons ou de latrines, avec leurs risques sanitaires, leurs populations sont confrontées à une menace sur la campagne agricole, avec des pertes de superficies. Des dégâts qui constituent un risque pour la sécurité alimentaire et un facteur aggravant la vulnérabilité de personnes déjà confrontées à des situations précaires. Fatoumata Maguiraga

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