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Contre l’apartheid planétaire L’essayiste bahrainie Harsha Walia propose une redéfinition de la frontière qui n’est pas une limite géographique mais le cœur d’un système de domination. Des frontières fermées et militarisées, un discours sur une soi-disant « crise migratoire », des discours de haine à l’encontre des personnes migrantes criminalisées…, pour Harsha Walia, ce ne sont pas des dérives illibérales. C’est le cœur même d’un système économique et politique fondé sur la domination. Pour l’essayiste et militante pour les droits des femmes, des migrants et des autochtones, née à Bahrain et installée au Canada, la frontière est un instrument de domination, au cœur du processus de formation de l’État et de son système idéologique, fondé sur la hiérarchisation des races, des classes sociales et des genres, ainsi que sur l’exploitation des humains et de l’environnement. Et, ajoute l’autrice de Démanteler les frontières (Lux, 2015) : « Un système politique et économique qui considère la terre comme une marchandise, les peuples autochtones comme un fardeau, la race comme un principe d’organisation sociale, les soins prodigués par les femmes comme un travail sans valeur, les travailleurs comme une ressource exploitable, les réfugiés climatiques comme des excédents et la planète tout entière comme une zone à sacrifier doit être démantelé. » Dans cet essai incisif, qui s’appuie sur des exemples pris dans le monde entier, la cofondatrice de l’ONG No one is illegal revient sur le vocabulaire largement employé dans les pays du Nord pour réduire la mobilité à une « crise migratoire » et montre comment la criminalisation de la migration, le maintien des personnes migrantes dans des situations d’extrême précarité et les discours réactionnaires forment un système cohérent et profondément injuste et destructeur. La frontière, une méthode Le propos s’articule en quatre parties, abondamment illustrées par l’étude des pays d’Amérique du Nord, d’Europe, du Golfe et de l’Australie et de leurs politiques migratoires. Il s’appuie aussi sur les témoignages, et les travaux de journalistes et de politologues. La première partie revient sur les concepts de « crise frontalière » et d’« invasion de migrants ». Il s’agit d’un prétexte aux « pratiques répressives de détention et d’expulsions » perpétrées par des États qui se prétendent démocratiques. Il s’agit surtout d’un retournement de la situation : « Ces formules désignent les migrants et les réfugiés comme étant la cause d’une crise imaginée à la frontière, alors qu’en réalité, la migration de masse n’est rien d’autre que le résultat des crises réelles provoquées par le capitalisme, la conquête et les changements climatiques ». Les véritables responsables sont ainsi exonérés, tandis que les victimes sont incriminées. Le discours présentant les États-Unis comme une « nation d’immigrants » est un mythe pour masquer la violence des conquêtes, des expropriations et des quotas ethniques. L’autrice insiste sur les fondements racistes et coloniaux des politiques impérialistes, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Afrique. Traite des esclaves d’Afrique, accords de libre-échange, politiques d’ajustement structurel, mais aussi guerres soi-disant préventives comme en Afghanistan… sur le temps long, les moyens de déstabiliser les économies et de détruire les environnements se sont succédés, contraignant les concernés au départ. En ce sens, la question des frontières est tout sauf une affaire de politique intérieure. Or, note Harsha Walia, la Convention des Nations Unies ne retient pas les causes économiques ni climatiques pour l’obtention du statut de réfugié… La deuxième partie se penche sur la criminalisation des migrants, qui crée un marché lucratif pour l’industrie de la sécurité et de la surveillance. Ainsi, les frontières ne marquent plus une limite territoriale mais deviennent mouvantes, à travers quatre dispositifs : l’exclusion additionne les effets de lois qui mettent les gens en situation d’illégalité, et du racisme qui construit « la figure de l’immigrant illégal » ; la dispersion territoriale se fonde sur la surveillance omniprésente qui crée la peur et pousse au départ les personnes sans papiers ; l’inclusion-marchandisation exploite la situation précaire des migrants et réfugiés pour les exploiter ; enfin le « contrôle du discours » distingue de façon arbitraires entre migrants et réfugiés. Harsha Walia décortique les mécanismes de dissuasion, d’entrave à la circulation, à la demande d’asile là où les gens le souhaitent, parfois au nom d’une soi-disant « protection des migrants », au nom bien sûr d’un ordre raciste. Elle dénonce la sous-traitance du contrôle de la migration à des pays comme le Maroc. « La sous-traitance du contrôle migratoire à des pays tiers revêt de plus en plus la forme d’une intervention impériale, révélant, au-delà du lien de cause à effet entre impérialisme et migration, comment l’externalisation du contrôle de la migration est elle-même devenue une méthode d’impérialisme contemporain. » Dans la troisième partie, c’est la portée sociale de cette politique qui est analysée avec « la subordination juridique du statut migratoire à l’emploi » faisant des travailleurs migrants « un bassin de main-d’œuvre captive et servile » dont la « force de travail est d’abord capturée par la frontière, puis contrôlée et exploitée par l’employeur ». Ce dernier a en effet intérêt à maintenir en situation de précarité les travailleurs afin de briser toute organisation et toute revendication de classe. D’où les programmes de migration circulaire, saisonnière ou temporaire. D’où le régime de la kafala dans le Golfe. Autant de systèmes de surveillance stricte et de « ségrégation légale » de travailleurs privés de tous droits et de toute sécurité sociale, et même, dans un Canada qui se félicite de son « multiculturalisme », expulsés lorsqu’ils tombent malade. Bref, « des dispositifs de servitude cautionnés par l’État », et dont les femmes sont les premières victimes. Enfin la dernière partie analyse les soubassements idéologiques de ce système, avec la montée des extrêmes droites aux États-Unis, en Israël, en Inde, aux Philippines ou au Brésil qui, à coup de populisme, défendent un contrôle social de plus en plus militarisé. Harsha Walia explique les leviers d’essentialisation par le libéralisme de la « différence culturelle », qui nourrit le racisme. Elle analyse la mise en fiction de la politique de la peur et de la haine et conclut : « Nous ne pouvons laisser l’État et les élites devenir les arbitres de la migration et, ce faisant, la qualifier de crise tout en se posant en victimes des migrants. » Un brillant appel à reconsidérer le monde comme « un chez-soi comme horizon commun ». Kenza Sefrioui Frontières et domination ; migrations capitalisme et nationalisme Harsha Walia, traduit de l’anglais par Julien Besse Lux, 408 p., 23 € / 300 DH Harsha Walia, traduit de l’anglais par Julien BesseArticle Auteur: Kenza Sefrioui
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