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C'est un peu comme ça que je vois la vie au travers du spectre de ce que j'ai vécu, de ce que vous pourriez appeler des épreuves (Fenêtre 1) "Je suis amoureux de la vie": né sans bras gauche, l'artiste français Lucky Love, au casting de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques de Paris mercredi, a été danseur, acteur, mannequin, avant de se concentrer sur la musique, adoubé par la star Lana Del Rey. "Qu'est-ce qui ne va pas avec mon corps ? Ne suis-je pas suffisant ?", a-t-il chanté, en anglais, entouré de danseurs valides et en situation de handicap, interprétant "My ability" ("Ma capacité"), tout un symbole pour lui et les para-athlètes. "Qui vous donne le droit de fixer les règles ? Qu'est-ce qui ne va pas chez vous ?", a également entonné le chanteur aux faux airs de Freddie Mercury, lunettes noires et tenue blanche, avant de tomber la veste et finir le morceau torse nu. Le premier album du trentenaire, prévu à l'automne, s'appellera "I don't care if it burns" ("Je m'en fous si ça brûle"). Comme une carte de visite ou une profession de foi. "C'est un peu comme ça que je vois la vie au travers du spectre de ce que j'ai vécu, de ce que vous pourriez appeler des épreuves", analyse-t-il pour l'AFP. "J'ai un amour pour le vivant qui est monstrueux et tant pis si ça brûle". Pour filer la métaphore sportive, son parcours ressemble à un 110 mètres haies, où les obstacles franchis sont innombrables. Il y a ce bras gauche absent qui a valu au natif du nord de la France moqueries et harcèlement à l'école, les paradis artificiels qui l'ont plongé en enfer pendant un temps ou sa séropositivité qu'il évoque dans ses chansons. "Je pense qu'être en vie, ce n'est pas toujours la joie mais c'est toujours incroyable. Il faut s'en rappeler. C'est à ça que sert cet album", philosophe-t-il. Comme une envie de revanche sur les coups du sort, Lucky Love - Luc Bruyère pour l'état civil - a eu mille vies entre la danse, le mannequinat, le théâtre (la pièce "Elephant man", avec les stars françaises JoeyStarr et Béatrice Dalle), le cinéma (le film français "La Vie d'Adèle" d'Abdellatif Kechiche), sans oublier des performances sur les planches de Madame Arthur. A tel point qu'il a fallu choisir, pour ne pas se disperser. "Maintenant, c'est clair: la musique me permet enfin de réunir tout ce que je sais faire, à savoir autant de jouer dans mes clips que d'écrire mes chansons, danser dans mes clips, danser sur scène". Comme un clin d'oeil, le chanteur a été programmé il y a quelques jours à Rock en Seine, festival aux portes de Paris, au lendemain du passage de Lana Del Rey, tombée sous son charme, comme en témoignent les réseaux sociaux de la mégastar américaine. "Ma grande veine est que Lucky Love est devenu Lucky Love grâce à une grande artiste qui s'appelle Lana Del Rey qui a beaucoup aimé ma musique et qui m'a beaucoup aidé puisqu'elle a promu ma musique", savoure-t-il. Avec un bel effet boule de neige, puisque d'autres stars internationales, de la pop ou des écrans, comme le chanteur Sam Smith ou l'actrice Jennifer Coolidge, ont emboîté le pas de la musicienne pour vanter ses mérites sur les réseaux. "Du coup, aux Etats-Unis, je me sens vraiment célébré. Paris est devenu ma maison parce que c'est ici que j'ai commencé à rêver. Je pense que Los Angeles deviendra ma maison puisque c'est là-bas que je veux continuer à rêver". L.A. accueillera les Jeux olympiques et paralympiques en 2028, mais c'est déjà une réalité pour le chanteur qui y a enregistré son futur album. "Rien de tel que la ville du rêve: on est allé faire l'album là-bas aussi parce que je voulais travailler avec des équipes américaines. J'ai toujours eu des grandes envies de pop et je pense que Los Angeles permet ça". Pour revenir à son actualité, Lucky Love mesure évidemment l'importance de la médiatisation des Jeux paralympiques de Paris pour changer le regard sur le handicap. "Mon rêve, c'est qu'un jour il n'y ait plus de catégories et qu'on puisse juste se faire face, qu'on puisse juste vivre ensemble parce qu'on forme un grand machin qui s'appelle l'humanité".
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