S'il a le choix entre un Brevet de technicien supérieur (BTS) de qualité et un diplôme théorique posé sur sa table d'embauche, Alhouceine Sylla...
Vous n'êtes pas connecté
Pour un employeur, aujourd'hui, le Brevet de technicien supérieur (BTS) est un article qu'on trouve treize à la douzaine au coin de la rue. Dévalorisé et abondant sur le marché de l'emploi, le BTS ne tape plus à l'œil. Ce qui pousse de plus en plus les étudiants à compléter leurs formations et tenter ainsi d'enrichir le Curriculum vitae (CV). Mais il y a un problème : L'équivalence à l'Université est devenue quasi-impossible. L'Etat ne parvient même plus à caser la horde de bacheliers qu'il a sous la main. A peine 10 000 sur les 82 000 admis ont été orientés dans les universités publiques, cette année. La solution pour ces étudiants reste donc les formations post-BTS dont les grandes écoles et les pseudo-universités privées en ont fait leur vache à lait. Sauf que ce lait n'est pas toujours de bonne qualité. Il a un arrière-goût amer. Bernard G. l'a appris à ses dépens. Diplômé d'une grande école située à Adjamé, il s'est rendu à l'université Félix Houphouet-Boigny en janvier dernier dans l'espoir de faire une équivalence. Réponse de la scolarité : son diplôme d'ingénieur en Audit et contrôle n'est pas reconnu par le Conseil africain et malgache pour l'enseignement supérieur (Cames). « Sur le coup, je n'ai pas compris, explique le garçon. Je venais de faire trois ans dans un établissement où tout paraissait normal et on me dit que le diplôme n'est pas homologué par le Cames et donc, pas valable ».Anarque ? Bernard monte au service de communication de l'université. Même son de cloche. Son diplôme ne peut être utilisé ni pour entrer dans la Fonction publique, ni pour faire une équivalence dans une université publique. La seule chose qui le console aujourd'hui, c'est qu'il n'est pas le seul dans cette affreuse situation. Amidou B. a connu une mésaventure semblable. A ceci près que c'est le ministère de l'Enseignement supérieur, dit-il, qui lui a fourgué une prise en charge. « L'établissement privé est situé à Cocody, 7ème tranche et c'était mentionné sur le document », assène Amidou. La formation post-BTS qu'il suit est un cycle ingénieur en Communication marketing. Après trois ans et une scolarité de 800000 FCfa environ, le bout de carton qu'on lui remet en guise de diplôme le transporte de joie. Jusqu'au jour où, en voulant enseigner dans un établissement de type BTS, selon lui, on l'envoie au ministère de l'Enseignement supérieur pour une autorisation. Amidou est refoulé. Il essaye de faire une équivalence à l'université Félix Houphouet-Boigny mais se fait éconduire sur-le-champ. L'employé de la scolarité qui le reçoit lui rétorque que le diplôme n'est pas homologué par le Cames. «Je croyais à une blague, parce que j'ai reçu ma prise en charge du ministère de l'Enseignement supérieur», explique l'étudiant. Certes, sa colère est retombée aujourd'hui, mais Amidou a l'impression de s'être fait simplement voler. Hélas, chaque année des milliers d'étudiants comme lui ont ce même sentiment qui leur noue la gorge. Après avoir payé parfois des sommes faramineuses pour une formation post-BTS, ils se rendent compte, souvent bien trop tard, que le diplôme qu'ils détiennent n'est que de la camelote. Du toc.A quand la traque des écoles boutiques ? À en croire Bini Kouakou Adjoumani, ex-secrétaire général du Collectif des étudiants des grandes écoles et élèves de l'enseignement professionnel et technique de Côte d'Ivoire (Cegept-CI), ce sont des arbres qui cachent la forêt. « Il y a de nombreux étudiants qui ont vécu ce type de situations. Leurs diplômes ne peuvent leur servir que dans le secteur privé. Ils ne peuvent rêver de la Fonction publique ou à poursuivre leurs études dans une école publique, et même dans certaines écoles privées rigoureuses. C'est vraiment triste et nous avons beaucoup de cas », nous indique-t-il.Dans le box des accusés de cette situation, les responsables des écoles privées. A la barre, l'un des porte-étendards de la corporation, Dr Elete Aka, président honoraire de l'Union patronale de l'enseignement supérieur privé. Interrogé en vue de situer la responsabilité de ses pairs, il plaide non-coupable. « Ce problème concerne les diplômes post-BTS. La première étape est qu'il faut avoir l'autorisation de préparer le diplôme : licence ou master. Après cette phase, une première génération de premiers diplômés doit être formée. Le ministère analyse le dossier, regarde la qualité de l'enseignement et l'employabilité des étudiants sur le marché de l'emploi. Ensuite, un, deux ou trois ans plus tard, l'homologation est délivrée. C'est la démarche normale. Quelque fois les étudiants s'impatientent alors que les écoles ont entamé les démarches. Souvent, tout ne se fait pas automatiquement. C'est par filière que cela se fait. Et la validité est de 5 ans. Il ne faut pas que les étudiants généralisent leurs cas isolés », fait-il noter. S'érigeant en défenseur des siens, Eleté Aka met le cap sur la nouvelle loi de l'Enseignement supérieur qui permettra de trancher le nœud gordien. « A l'avenir, on n'aura plus besoin de faire cette démarche. La nouvelle loi sur l'Enseignement supérieur fera en sorte que l'autorisation de préparer le diplôme offre simultanément l'homologation. Cela va régler définitivement le problème », a-t-il expliqué. Les mésaventures à l'instar de celle de Karim, Dr Elété les considère comme une infime partie visible de l'iceberg. Car, à l'entendre, les écoles privées dans leur grande majorité détiennent les homologations. Poussant le bouchon plus loin, il enjoint ces derniers à s'orienter vers le secteur privé. « Si vous avez une formation post-BTS délivrée par une école privée, cela revient à dire qu'elle a au moins l'agrément d'exercer. Avec ce diplôme, vous pouvez vous vendre au moins sur le marché de l'emploi dans le secteur privé. Et, les écoles privées forment justement pour que partout dans le monde nos diplômés soient compétitifs. Donc il ne faut pas se cantonner au public quant on sait qu'avec une bonne formation, le secteur privé embauche ». Apportant de l'eau au moulin du président de l'Union patronale de l'enseignement supérieur privé, Sylla Alhouceine, président de l'Association des professionnels des ressources humaines de Côte d'Ivoire (Aprhci) fait un tour d'horizon des vérifications effectuées par les entreprises du secteur privé lors des recrutements. « Lorsqu'un profil nous intéresse, nous vérifions que le diplôme qu'il brandit a effectivement été délivré par l'école au sein de laquelle il dit avoir été formé. S'il s'agit d'une école privée, nous nous assurons qu'elle est reconnue par l'Etat. La question de l'homologation du diplôme par le Cames et le ministère n'est pas prise en compte à notre niveau ». Et le président des professionnels des ressources humaines d'expliquer qu'au-delà de ses vérifications, la matière première la plus importante demeure le savoir-faire de l'individu d'autant que le diplôme n'est qu'une présomption de connaissance. Au ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, la bataille pour l'assainissement de ce milieu a débuté depuis plus d'une dizaine d'années. Selon un proche collaborateur du ministre, les universités privées et les grandes écoles absorbent un nombre considérable d'étudiants, après le BTS. L'agrément est donc la seule chose sur laquelle l'Etat insiste pour que ces établissements exercent. L'homologation des diplômes n'est que secondaire. Mais, note notre informateur, la construction d'universités publiques va résoudre le problème au fur et à mesure.Jonathan Largaton
S'il a le choix entre un Brevet de technicien supérieur (BTS) de qualité et un diplôme théorique posé sur sa table d'embauche, Alhouceine Sylla...
Y a-t-il de plus en plus de diplômes non homologués en Côte d'Ivoire, selon vous ?Avec le nombre croissant d'établissements, il est clair que...
Parmi les sujets phares abordés dans le Rapport annuel de la Cour des comptes figure une analyse approfondie du système de régulation et de...
Parmi les sujets phares abordés dans le Rapport annuel de la Cour des comptes figure une analyse approfondie du système de régulation et de...
Nouvelle mobilisation contre la réforme de l'enseignement qualifiant test-api ven 20/12/2024 - 14:14 Apparait C'est sur...
Dans un article de "Sud Quotidien" publié ce jour, la problématique du coût élevé des écoles privées au Sénégal, est mise en lumière par des...
Où, quand et comment se déroulera la soutenance des rapports du Brevet de technicien supérieur (BTS) session de décembre 2024 ? Le ministère de...
Par Dieynaba TANDIANG Les étudiants de l’Université Assane Seck ne sont pas prêts à trouver un compromis avec le Ministre de l’Enseignement...
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique rappelle que les inscriptions et réinscriptions pour l’année...
INFO LE FIGARO - 32 anciens étudiants ont porté plainte pour «faux et usage de faux», «escroquerie», «recel» et «blanchiment» à...