"La Longe" raconte une mère anéantie par la mort accidentelle de sa fille et recluse dans des conditions mystérieuse. Voilà un livre que...
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En août 2022, celle qui était encore journaliste a crée la surprise avec «Sa préférée», un premier roman sur une enfance maltraitée rapidement traduit dans plusieurs langues. Alors que «La Longe» vient de paraître, l’écrivaine nous livre ses étoiles inspirantesEnfant, dans le village de montagne où elle a grandi, Sarah Jollien-Fardel rêvait d’être majorette. Pour des raisons imparables de fidélité politique et familiale qui la dépassent, ce simple élan était impossible à assouvir dans «le Valais des années 1970». Heureusement, un autre rêve, indélogeable celui-là, commence au même moment à éclore chez la petite fille: celui d’écrire et d’être publiée, un jour.Bien des années plus tard, dans le tourbillon de la rentrée littéraire 2022, Sarah Jollien-Fardel, devenue entre-temps journaliste littéraire et mode, publie son premier roman. Succès public, Sa préférée remporte cette année-là le Prix Fnac et le Goncourt des détenus. Pour ce roman d’émancipation d’une jeune femme élevée à l’ombre d’un père ultra-violent, la romancière fait mouche avec des phrases chocs. Paraît cet hiver La Longe qui se concentre sur le retour à la vie d’une mère qui a brutalement perdu sa fille. Un cheminement de la nuit à la lumière où la lecture occupe une place centrale.Sabine Wespieser, mon éditrice «C’est la rencontre qui a changé ma vie. Le 7 février 2022, j’interviewais l’écrivain autrichien Robert Seethaler sur son roman Dernier mouvement qui venait de paraître aux Editions Sabine Wespieser, à Paris. Sabine Wespieser en personne accompagnait son auteur. A la toute fin de l’interview, Robert Seethaler me demande, de but en blanc: «Est-ce que vous écrivez?» J’étais tellement surprise qu’il me perce à jour que j’ai marmonné un vague oui. Sabine Wespieser me propose de lire le manuscrit de Sa préférée qui avait été refusé par plusieurs maisons d’édition. A partir de là, tout est allé très vite. Le 4 mars, nous signons le contrat et discutons du texte, en avril il part à l’impression et en août, le roman paraît en librairie.»Lire aussi: Sarah Jollien-Fardel: «J’étais révoltée, à l’école, partout»«La relation qui se noue avec une éditrice de cette qualité est particulière. Nous ne sommes pas amies, mais plus que ça, ou autrement. Elle sent les dessous d’un livre, les angoisses, l’intime et l’inconscient qui m’habitent et que personne ne connaît vraiment. Les questionnements lors de l’écriture se partagent difficilement avec son entourage, ne serait-ce que parce qu’il y a d’autres choses plus importantes sur cette terre. Mon éditrice comprend cette lutte avec les mots et le sous-texte. J’admire sa finesse dans la lecture et la compréhension de ce que parfois un auteur ne peut expliquer. Elle s’engage totalement. Le mot compagnonnage qualifie bien notre relation.» Eddy, mon mari «Il est mon premier soutien dans l’écriture. Dès notre rencontre, un soir de décembre 1994, je lui ai dit que mon rêve était d’écrire des livres. Notre amour dure depuis trente ans, avec ses hauts et ses bas, les enfants, etc. On a traversé de grosses tempêtes, on a tenu bon, notre lien n’a fait que se renforcer. Il est mon premier lecteur. Je lis mes textes à voix haute avec lui. On a lu comme cela La Longe cinq fois, deux fois lui, trois fois moi. Il me fait ses retours et j’en tiens compte, la plupart du temps.» Le Valais «A ma grande surprise, j’y suis aujourd’hui extrêmement attachée. Comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai d’abord voulu le fuir. Grandir en montagne dans les années 1970, cela voulait dire ne pas pouvoir aller au cinéma ou prendre des cours de piano ou avoir une quelconque activité autre que celles disponibles dans le village. Il n’y en avait que deux, c’était vite vu: la gymnastique avec les pupillettes pour les filles et la fanfare. Côté fanfare, c’était vite vu aussi: il y avait celle des socialistes en vert, et celle des PDC, en rouge. Mon rêve absolu, enfant, était d’être majorette. Or c’était impossible. Les majorettes défilaient avec la fanfare socialiste et ma famille était PDC. J’ai donc dû me rabattre sur la gym et les pupillettes… Je suis partie pour fuir ces carcans de cow-boys.»«C’est bien plus tard que j’ai été rattrapée non seulement par la beauté des paysages mais plus encore par la force des éléments qui dictent leur loi, la puissance de la montagne qui s’impose à toi. J’ai compris que mon tempérament avait été façonné par les lieux, que les lieux impactent les corps et les esprits. J’ai commencé à ressentir de la tendresse pour le Valais. Je m’y suis sentie vraiment ou enfin à ma place au moment du covid, avec le confinement.»«Mon enfance valaisanne, vécue tout le temps dehors, est une source inépuisable d’écriture. Je me sens protégée et inspirée par le Valais. Quand j’avance dans l’écriture, j’ai besoin de m’isoler. Je monte alors plus haut en montagne, hors saison, quand il n’y a personne ou presque. Je suis convaincue qu’ici, il y a tout ce dont l’humain aurait besoin: la simplicité, le bon sens, la nature et le silence qui aident à l’introspection et au détachement. L’exact opposé des réseaux sociaux que je fuis.» Lire également: Avec «La Longe», un roman sur le retour à la vie après un deuil, Sarah Jollien-Fardel convainc Peter Zumthor, architecte «La cohérence, la rigueur et la simplicité de l’architecte Peter Zumthor m’inspirent et m’émeuvent. J’aime son travail bien sûr mais aussi sa personnalité, son parcours, le fait qu’il ait commencé comme ébéniste avant de devenir architecte. Malgré la reconnaissance internationale procurée par le Prix Pritzker en 2009, il est resté fidèle au village où il a implanté son agence et où il vit, Haldenstein, dans les Grisons. J’ai été aux thermes de Vals qu’il a dessinés en m’arrêtant à la sublime chapelle Saint-Benoît comme on se rend à un pèlerinage.» Dries Van Noten, designer de mode «Je retrouve cette rigueur et cette humilité chez le designer de mode Dries Van Noten. J’ai été journaliste de mode et ce monde a été une part importante de ma vie. Je crois que la beauté nous console. La beauté de la nature, de l’art, de l’architecture, de la littérature mais aussi des étoffes, des coupes et des proportions d’un vêtement. Là encore, le tempérament jusqu’au-boutiste du designer me touche. Sa volonté de rester indépendant et fidèle à sa ville d’Anvers et de ne pas suivre le rythme effréné des défilés pour prendre le temps de s’occuper de son jardin et d’être présent lors de l’éclosion de ses pivoines. Et puis en juin dernier, il a arrêté parce que l’envie n’était plus assez forte. J’admire.» Claire Tabouret, artiste «J’étais en pleine écriture de La Longe, au début de l’été 2024 quand j’ai écouté un podcast avec l’artiste Claire Tabouret. Je ne la connaissais pas. Elle est en pleine lumière actuellement parce qu’elle a été choisie fin décembre pour réaliser les nouveaux vitraux de Notre-Dame de Paris. Avant cela, le collectionneur François Pinault a misé sur elle et fait monter d’un coup sa cote sur le marché de l’art. Elle peint, elle travaille la terre, elle réalise aussi des œuvres monumentales.»«J’ai lu et écouté tout ce que je trouvais sur elle, son parcours et sa ténacité m’impressionnent. Après ses études d’art, elle a fait 28 demandes auprès de résidences pour artistes avant d’être acceptée quelque part. Elle doute en permanence, mais elle a tenu bon. En l’écoutant, je prenais la mesure de la force qu’elle avait dû déployer pour croire en elle, par-delà les refus. J’étais bloquée dans l’écriture de La Longe, écrasée par le doute. Elle a fait un travail autour d’un livre de Jean-Philippe Toussaint, L’Urgence et la patience. J’ai écouté en boucle une vidéo d’une longue conversation entre eux d’eux. Un témoignage qui m’a permis d’avancer dans mon écriture. Depuis, je suis tout ce qu’elle fait.» Lire aussi: Sarah Jollien-Fardel, l’émotion au bout de la plume Paul Auster, Marguerite Duras, Jon Fosse «Je fonctionne beaucoup par obsession. Quand j’aime un auteur ou une autrice, je dois tout lire. Et je suis fidèle. Je me souviens encore du train Pendolino Milan-Genève dans lequel j’ai découvert la Trilogie new-yorkaise de Paul Auster. Sa façon d’écrire, à la fois accessible et sophistiquée, m’a subjuguée. Un nouveau monde littéraire s’ouvrait à moi. A un moment donné, je l’ai moins lu mais j’ai continué à acheter tous ses livres.»«J’ai découvert Marguerite Duras à la fin de mon adolescence, depuis trois ans, je traverse une nouvelle phase aiguë avec cette écrivaine. Je me suis attelée à lire tout Jean Echenoz et Edna O’Brien, deux des auteurs préférés de mon éditrice. Depuis son Prix Nobel en 2019, j’ai plongé dans l’œuvre de Jon Fosse. J’aime ses silences et la profondeur de ses sous-textes.» Mon tapis de yoga «Mon tapis de yoga m’a sauvé la vie. Dans une période où j’avais besoin de me sentir en sécurité, cet espace a représenté une zone protégée. J’ai commencé à pratiquer le yoga de façon régulière en 2016 quelques mois avant de commencer Sa préférée et cela a vraiment rythmé l’écriture. Je n’ai plus jamais cessé depuis. Pour moi qui me dispersais beaucoup, le yoga m’a permis de développer ma concentration au point de pouvoir écrire pendant plus de dix heures de suite. Sur mon tapis, rien d’autre n’existe. C’est un lieu, comme un petit pays, où j’apprends à respirer. Et à expirer surtout.» Parcours Née à Sion en 1971, Sarah Jollien-Fardel a grandi dans un village du district d’Hérens. Devenue journaliste, elle lance un blog en 2007, «Sarah babille», sur la mode «mais pas que» qui se fait vite une place pour son ton et ses qualités d’écriture. Elle travaille pour plusieurs médias en Suisse romande, élève deux garçons avant de se lancer en 2017 dans l’écriture d’un premier roman. «Sa préférée» est publié en 2022, suivi par «La Longe» en 2025.
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