Maroc - LE TEMPS - Tous - 17/Jun 11:34

Placements: les règles d’or à respecter

Quel est le secret pour placer ses fonds avec succès et à long terme? Si vous suivez ces cinq règles simples et contournez les plus grands risques, vous devrez être sur le bon cheminLes règles ne décident pas de notre vie mais elles la simplifient parfois. Pas besoin de tout un recueil de normes. Même les grandes religions de la planète se contentent d’une poignée de préceptes. Si bien que pour quelque chose d’aussi séculier que le placement de fonds, quelques principes fondamentaux devraient parfaitement suffire.Pour s’en tirer sur les marchés des titres et protéger sa fortune contre l’inflation, nul besoin de passer des heures à élaborer des stratégies de placement complexes. De bonnes connaissances de base et l’observation des règles suivantes, simples mais impératives, peuvent aider à obtenir de remarquables succès dans les investissements.Lire aussi: Prévoyance professionnelle: deux paniers pour ses œufs - **Règle 1: Faire preuve d’initiative** Bien des investisseurs hésitent à assumer eux-mêmes leurs placements. Ils évitent le sujet et préfèrent s’en remettre à des experts. D’ailleurs, il n’existe guère de savoir de base sur les placements et la finance parmi nous. «Et cela n’a guère évolué ces dernières années», regrette Erwin Heri, qui enseigne les marchés financiers. Or cela ne requiert pas beaucoup d’efforts de se procurer un savoir de base à l’aide de divers sites financiers. En Suisse, par exemple, sur le site Fintool.ch ou sur les sites financiers de VZ-Vermögenszentrum, Cash.ch ou Nzz.ch. A l’aide de ces premières connaissances, on commence déjà à mettre sur pied un budget. Le budget constitue la base d’un maniement raisonnable de l’argent. Il permet tout simplement de savoir combien on peut investir. - **Règle 2: Définir la stratégie adéquate** L’acquisition des connaissances de base permet de mettre sur pied une stratégie de placement à long terme. Avec l’aide, éventuellement, de conseillers financiers. La définition d’une stratégie qui fixe la pondération des classes d’actifs (actions, obligations, marché monétaire, or, etc.) est un premier pas vers le succès, affirment tous les experts en placements. En fonction, bien sûr, des objectifs de placement à long terme et de l’inclination au risque de l’investisseur. Car il est établi qu’à peu près 80% du rendement d’un portefeuille dépend de la seule stratégie, assure Thomas Pfyl, Head Investment Selection chez Globalance Bank. Investir sans avoir un concept ou un plan n’est pas une option promise au succès. Ceux qui souhaitent miser sur la simplicité peuvent opter pour un seul et unique fonds stratégique ou un ETF (exchange traded fund). De tels fonds investissent avec des pondérations diverses dans des véhicules d’investissement multiples (actions, marché monétaire, obligations, immobilier, or, etc.). «Grâce à cet instrument, les épargnants modestes peuvent investir aussi adroitement que des professionnels», assure Erwin Heri. Auprès de multiples établissements et banques en ligne, de tels investissements sont également accessibles à des prix nettement inférieurs à 100 francs. Avec l’app financière Neon, 5 francs suffisent même. Cela dit, il importe de s’en tenir fermement à la stratégie que l’on a choisie. - **Règle 3: Investir régulièrement** Une fois que la stratégie est fixée, il faut y aller sans attendre. S’évertuer à attendre le «bon moment» pour acheter des actions ou d’autres titres est une démarche régulièrement vouée à l’échec. Lorsqu’on a un peu d’argent de côté, il faut donc en investir une partie tout de suite et le reste par étapes. Et lorsqu’on a déjà investi, il convient de réinvestir régulièrement de nouveaux fonds afin de lisser les coûts de revient. Quant aux revenus des dividendes, ils doivent être réinvestis sans attendre. - **Règle 4: Le passif vaut mieux que l’actif** Les investisseurs surestiment régulièrement les performances d’une gestion active des placements. Seuls 20% des gérants de fortune parviennent à battre systématiquement les indices de marché. La conclusion s’impose: les investisseurs amateurs doivent miser à tout prix sur des produits passifs. Avec des fonds indiciels qui investissent passivement ou des ETF, on s’en tire mieux en cas de doute. - **Règle 5: Examiner les coûts à la loupe** Les placements passifs offrent un autre avantage: dans un contexte de taux bas, les coûts des placements en titres et les frais bancaires ont une importance à ne pas sous-estimer. A long terme, des différences de coûts de 1 ou 2% peuvent rapidement engendrer d’énormes écarts de performance de plusieurs milliers de francs, y compris pour des investissements modestes. Ces cinq règles d’or apparaissent comme les prérequis d’une politique de placements vouée au succès. Cela dit, il y a encore toute sorte de pièges qu’il s’agit d’éviter. Liste non exhaustive ci-dessous. Lire aussi: Prévoyance: de la caisse de pension à la planification financière individuelle - **Erreur numéro 1** La pire erreur est de se laisser séduire par les promesses de rendement faramineux de prestataires douteux. Il faut se montrer circonspect. Des promesses de rendements élevés sont un signal d’alarme évident. Comme l’ont illustré les cas d’actuels escrocs au bitcoin ou, par le passé, de grands tricheurs comme Dieter Behring et Bernard Madoff, les investisseurs ne veillent de loin pas suffisamment à la transparence de leurs investissements en titres. Et il ne faut en aucun cas traiter des investissements par téléphone, avertit la Prévention suisse de la criminalité. > **Des promesses de rendements élevés sont un signal d’alarme évident** - **Erreur numéro 2** N’essayez pas de battre le marché. Tenter d’attendre le «meilleur moment» pour acheter des actions ou d’autres titres est régulièrement voué à l’échec. Le _market timing_ (synchronisation du marché) constitue au contraire un comportement procyclique: on achète quand la bourse a déjà atteint des sommets et l’on vend en mode panique lorsqu’elle est à la baisse. Il est également faux de conserver de l’argent liquide. Quand on a de l’argent de côté, il faut donc en investir une partie tout de suite, le reste par étapes. - **Erreur numéro 3** Viser le gain à court terme. Les placements en titres se prêtent aux investissements à moyen et long terme. Pour spéculer à court terme, il existe des outils plus appropriés comme les cryptomonnaies. Lorsqu’on acquiert des titres, il faut se donner un horizon minimal de plusieurs années. Et cela en particulier si l’on investit surtout dans des actions. - **Erreur numéro 4** Se ruer sur des thèmes «chauds», qui sont justement très en vogue, ne promet guère de succès. Il s’agit là de se montrer très prudent. Car ces produits sont en général proposés quand le thème est déjà épuisé. La règle est donc ici: pas touche! Les stratèges d’investissement proposent encore d’autres conseils utiles. Matthias Wullschleger, Senior Analyst chez Belvédère Asset Management, a remarqué que les investisseurs empochent souvent leurs gains beaucoup trop vite, alors qu’ils insistent trop longtemps sur des positions perdantes. Le mot d’ordre est: laisser les gains s’accumuler et limiter les pertes. Thomas Heller, Chief Investment Officer à la Frankfurter Bankgesellschaft, conseille de ne pas vérifier quotidiennement ses dépôts et de ne pas se montrer trop âpre au gain. Il déconseille par ailleurs de restructurer trop souvent et de changer de stratégie. Pour diversifier, ses placements, l’expert de Globalance Thomas Pfyl juge utile de miser, en plus des actifs réels tels que l’immobilier, les infrastructures et l’or, sur des placements peu corrélés comme la microfinance, les titrisations de risques d’assurance et les stratégies de primes de risque, soit un mix d’obligations à rendement élevé de bonne à très bonne solvabilité ainsi que d’options put sur des indices d’actions. Il importe alors d’adapter la pondération des divers composants en fonction de la situation du marché. Thomas Pfyl souligne: «De tels investissements apportent de la stabilité à un portefeuille parce que leurs rendements sont moins sujets aux fluctuations que ceux des actions et obligations.» * * * ## **Une diversification payante** Pour tout investisseur, quel qu’il soit, il vaut la peine d’investir de manière largement diversifiée par le biais d’un fonds ou directement en actions, en placements à revenu fixe, dans l’immobilier ou l’or. Un coup d’œil sur les statistiques le montre: en répartissant de manière égale sur ces classes d’actifs, un investisseur aurait obtenu tous les cinq ans depuis 1970 un rendement moyen de 4,5 à 6% par an. Mieux encore: il n’y a aucune raison de penser que de tels rendements ne soient pas également possibles à l’avenir. Les investisseurs avec un horizon de placement de dix ans et plus peuvent renoncer à diversifier et miser entièrement sur les actions. Lire aussi: L’avenir financier commence aujourd’hui: ou comment mettre de côté et placer son argent dès le plus jeune âge