Maroc - LE TEMPS - Tous - 23/Jun 13:47

La grande trêve

EDITO. Les vacances d’été poussent certaines personnes à multiplier les activités et les voyages, oubliant jusqu’à l’essence même du motVacans. En latin, participe présent du verbe vacare, qui signifie «être vide, inoccupé, oisif». Voilà pour l’origine étymologique de «vacances». Il est intéressant de s’en rappeler. Car à l’aube de l’été, ce mot est sur toutes les lèvres, donnant parfois lieu à d’étourdissantes listes de projets. Demandez «tu fais quoi cet été?» et vous les verrez se dérouler. Séjour familial dans une maison de maître en Provence + balades dans les champs de lavande + escapade à Arles. Tour du Laos à moto + stage de yoga + cours de cuisine locale. Voyage dans quatre pays sur les traces des Habsbourg. Tournée des Cyclades en bateau, leçons de plongée incluses. Road-trip en Californie à 12 étapes. Etc., etc.Vacans, disions-nous. Une racine qu’un nombre croissant de vacanciers, justement, semblent avoir oblitérée. A l’ère de la société des loisirs, le temps libre se doit d’être occupé. Rempli de voyages, bourré de découvertes et d’expériences en mouvement, souvent concentrées sur les mêmes endroits de la Terre. Tout cela a bien sûr un coût écologique et humain, en témoignent certains ravages liés au surtourisme.A l’évidence, ce numéro ne résoudra pas un problème si complexe. Mais, à notre humble échelle, nous vous invitons à penser vos vacances différemment. En restant en Suisse, comme le font déjà de nombreux nationaux. Mais, surtout, en parcourant notre pays de façon plus précise, plus anglée comme diraient les journalistes. En visitant, par exemple, la maison de Carl Gustav Jung sur les bords du lac de Zurich, ou le château de Lenzbourg en Argovie, ou encore en partant à la recherche des marmottes de Saas-Fee. Une approche très spécifique qui implique (idéalement) de choisir ses plaisirs, et non de les cumuler. Pour porter sur le monde un regard plus affûté. Et faire de la place au vide.